altération
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin alteratio (de alter, « autre ») ; en grec alloiôsis.
Philosophie Antique
Changement qualitatif, par acquisition ou perte d'une qualité non essentielle.
Est altéré ce qui est ou a été rendu autre. Un accident sera, pour un individu sensible, ce qui l'altère sans remettre en cause son existence ni son essence. Pour Aristote, l'altération est l'une des six espèces du mouvement, avec la génération, la corruption, l'accroissement, l'amoindrissement et le changement selon le lieu(1), et n'en implique donc aucune autre : dans la plupart de nos affections nous sommes en effet altérés sans avoir part à aucun autre mouvement. Aristote rapporte l'altération au mouvement selon la qualité(2). Subie, elle est une « passion » (pathos) : soucieux d'y soustraire le sujet, substance ou forme, Aristote professe qu'elle n'existe que « dans ce qui peut être dit pâtir par soi sous l'action des sensibles. [...] Le fait d'être altéré et l'altération se produisent dans les choses sensibles et dans la partie sensitive de l'âme, mais nulle part ailleurs, sauf par accident »(3). Contre les physiciens présocratiques, Aristote n'admet donc pas que la sensation soit pure altération, car elle implique l'activité de l'âme.
Chrysippe au contraire n'hésitera pas à définir la « représentation » (phantasia) comme une altération dans l'âme(4), cherchant à rendre compte ainsi, mieux que Zénon qui la définissait comme impression, de la multiplicité des perceptions.
Frédérique Ildefonse
Notes bibliographiques
→ accident, affection, autre, devenir, mouvement, passion, phantasia, qualité