Arabie saoudite
en arabe ‘Arabiyya al-Sa‘udiyya
Nom officiel : royaume d'Arabie saoudite
État d'Asie occidentale baigné à l'ouest par la mer Rouge et à l'est par le golfe Persique, l'Arabie saoudite est limitée au nord par la Jordanie, l'Iraq et le Koweït, à l'est par le Qatar, au sud-est par les Émirats arabes unis et le sultanat d'Oman, au sud par le Yémen.
L'Arabie saoudite est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
- Superficie : 2 150 000 km2
- Nombre d'habitants : 36 408 820 (2022)
- Nom des habitants : Saoudiens
- Capitale : Riyad
- Langue : arabe
- Monnaie : riyal saoudien
- Chef de l'État : Salman ibn Abd al-Aziz al-Saud (roi)
- Chef du gouvernement : Muhammad ibn Salman ibn Abd al-Aziz al-Saud
- Nature de l'État : monarchie
- Constitution :
- Entrée en vigueur : 1er mars 1992
- Le système politique est défini par des décrets royaux.
STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE
- Population : 36 408 820 hab. (2022)
- Densité : 14 hab./km2
- Part de la population urbaine (2023) : 85 %
- Structure de la population par âge (2023) :
● moins de 15 ans : 26 %
● 15-65 ans : 71 %
● plus de 65 ans : 3 % - Taux de natalité (2023) : 17 ‰
- Taux de mortalité (2023) : 3 ‰
- Taux de mortalité infantile (2023) : 6 ‰
- Espérance de vie (2023) :
● hommes : 77 ans
● femmes : 80 ans
Peu dense, la population, musulmane, s'est sédentarisée, avec une urbanisation rapidement croissante, notamment à Riyad, la capitale, Djedda, grand port sur la mer Rouge, La Mecque, ville de pèlerinage, Médine et Dammam. L'industrie du pétrole a recours à une importante main-d'œuvre immigrée. La population des moins de 15 ans représente près du quart de la population totale et le taux de mortalité est particulièrement bas (3 ‰).
STATISTIQUES : ÉCONOMIE
- GÉNÉRALITÉS
- PNB (2022) : 1 119 milliards de dollars
- PNB/hab. (2022) : 27 680 dollars
- PNB/hab. PPA (2022) : 59 870 dollars internationaux
- IDH (2021) : 0,875
- Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 8,7 %
- Taux annuel d'inflation (2022) : 2,5 %
- Structure de la population active (2021) :
● agriculture : 2,7 %
● mines et industries : 20,0 %
● services : 77,3 % - Structure du PIB (2022) :
● agriculture : 2,4 %
● mines et industries : 53,2 %
● services : 44,4 % - Taux de chômage (2022) : 5,6 %
- Tourisme
- Recettes touristiques (2020) : 5 960 millions de dollars
- Commerce extérieur
- Exportations de biens (2022) : 411 214 millions de dollars
- Importations de biens (2022) : 175 921 millions de dollars
- Défense
- Forces armées (2020) : 282 000 individus
- Dépenses militaires (2022) : 7,4 % du PIB
- Niveau de vie
- Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 8
- Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 72,6 %
- Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,4 %
- Dépenses publiques d'éducation (2020) : 7,8 % du PIB
.Engagé depuis 2016 dans un programme de réformes baptisé « Vision 2030 » qui vise à favoriser le développement des secteurs non pétroliers et des activités privées, le pays reste dépendant du pétrole et de la fluctuation de ses cours. . Après la récession de 2020 etla forte reprise de 2021–2022 accompagnée d'une hausse du prix du baril — un recul (- 1,1%) est attendu en 2023. L'apaisement des tensions avec l'Iran (avec un possible règlement du conflit au Yémen) est recherché depuis 2023.
GÉOGRAPHIE
Vaste (près de quatre fois la superficie de la France), mais en majeure partie désertique, le pays doit son importance politique et économique au pétrole. L'Arabie saoudite, membre influent de l'OPEP, est le premier producteur et surtout exportateur de pétrole, dont elle détient environ le quart des réserves mondiales. Le pétrole a attiré de nombreux immigrés, sans bouleverser pourtant une structure sociale encore quasi féodale, dans ce berceau de l'islam (villes saintes de Médine et de La Mecque). Ses revenus ont financé le développement du raffinage, mais aussi celui, onéreux, de cultures (blé) dans un milieu naturel hostile.
État issu des tribus nomades de l'Arabie centrale, où la propagande religieuse rigoriste avait trouvé un terrain propice, et largement appuyé à l'origine sur les milices militairo-religieuses des ikhwan (« frères ») recrutées dans leurs rangs, l'État saoudien, par sa conquête du Hedjaz, remplit le rôle de gardien des lieux saints et d'organisateur du pèlerinage de La Mecque.
1. L'économie
État pétrolier par excellence, l'Arabie saoudite est le premier pays producteur de pétrole, devant la Russie et les États-Unis, et le deuxième exportateur. Son sous-sol recèle plus du quart des réserves mondiales prouvées (267 milliards de barils). Le pays est né six ans seulement avant la découverte de pétrole sur son territoire. Les taxes du pèlerinage de La Mecque, supprimées en 1952, rapportaient, jusqu'au début de l'exploitation pétrolière, en 1944, le plus clair des ressources du pays, resté extrêmement archaïque. Les découvertes pétrolières dans le Hasa (près du golfe Persique), avec la croissance assez régulière de la production (66 Mt en 1960, 190 en 1970, 500 en 1980), ont alors apporté une richesse considérable. La compagnie Aramco (Arabian American Oil Company), responsable de la découverte et de l'exploitation, passée depuis 1980 sous le contrôle total de l'État saoudien, demeure la principale société opératrice. Les recettes pétrolières continuent de représenter près de 90 % des ressources budgétaires.
L'essentiel du pétrole produit est exporté par voie de mer à partir des ports saoudiens de Ras Tannura et de Djuayma, situés dans le Golfe. En 1981, un oléoduc a été mis en service entre Dammam, sur le golfe Persique, et le port industriel de Yanbu, sur la mer Rouge. Long de 1 200 km, sa capacité est de 4,8 millions. Parallèlement, le royaume a modernisé son appareil de production afin de porter sa capacité d'extraction à 10 millions de barils par jour. Au cours des années 1980, deux cités industrielles et portuaires ont vu le jour, al-Djubayl, près de Dammam, sur la côte est, et Yanbu, au nord de Djedda, sur la mer Rouge.
Outre le pétrole, le sous-sol du royaume saoudien recèle du gaz naturel (les réserves connues, estimées à 5 790 milliards de m3, ne représentent que 4 % des réserves mondiales) ainsi que d'importantes quantités de minerais de cuivre, d'or et de bauxite – en particulier dans les montagnes du Sud-Ouest – que le gouvernement entreprend de valoriser.
Alors que la surface cultivable est inférieure à 2 % de la superficie nationale, l'Arabie saoudite était devenue un grand exportateur de blé à la fin du siècle dernier. Cet effort avait permis de sédentariser les tribus bédouines et d'assurer au royaume un minimum d'autosuffisance alimentaire. Mais cette agriculture intensive absorbait, à elle seule, 90 % des ressources hydrauliques du pays, dont l'essentiel provient de nappes fossiles non renouvelables. Elle a contribué ainsi à assécher les réserves aquifères d'un État où le manque d'eau est chronique du fait de l'aridité du climat. En vingt ans, les ressources d'eau douces se sont réduites de plus d'un tiers. La production de blé est en baisse rapide. Pour compenser les risques de pénurie en céréales, le pays achète des terres arables en Afrique (Mali, Éthiopie, Soudan) et aux Philippines. L'Arabie saoudite conserve quelques fermes géantes, comme celle d'Al Safi, au nord de Riyad, qui produit le tiers des produits laitiers consommés dans le pays.
Un pôle de développement, symbolisé par le chemin de fer qui unit à Riyad les agglomérations pétrolières littorales de Dammam et Dhahran, s'est constitué dans le·Hasa. Il équilibre aujourd'hui en population et en potentiel industriel celui du Hedjaz, où Djedda est cependant devenue un grand centre industriel polyvalent. En effet, l'industrialisation progresse aujourd'hui rapidement.
2. La population
Le dernier recensement remonte à 1992 et ses données sont sujettes à caution. Les autorités saoudiennes ont souvent eu tendance, en effet, à surestimer le nombre des ressortissants du royaume, avant tout pour démontrer que la population de l'Arabie saoudite est numériquement plus importante que celle du Yémen, le grand voisin turbulent du sud de la péninsule. Le taux de croissance démographique y est néanmoins très élevé, de l'ordre de 3 % par an, et les étrangers représenteraient le tiers de la population totale. Cet État, issu des tribus nomades de l'Arabie centrale, unifiées par Abd al-Aziz ibn Saud, est aujourd'hui un pays de citadins sédentaires. Ainsi, si près de 80 % des sujets pouvaient être considérés comme nomades à la fondation du royaume (1932), leur proportion est aujourd'hui inférieure à 5 %. Du fait de son climat aride et de sa pauvreté, du moins jusqu'à l'époque pétrolière, le territoire de l'actuelle Arabie saoudite est resté relativement à l'écart des migrations, à l'exception toutefois des zones côtières, tant sur les rives du Golfe que sur celles de la mer Rouge. Cela explique l'ascendance indienne ou baloutche de certains Saoudiens de la côte orientale, tandis que, dans le Hedjaz, nombreux sont ceux dont le visage révèle des origines asiatiques ou africaines, tant il est vrai que de nombreux pèlerins venus d'au-delà des mers à La Mecque n'en sont jamais repartis. Enfin, une importante minorité ethnique d'origine africaine est composée des descendants d'esclaves ou d'anciens esclaves africains, l'esclavage n'ayant été officiellement aboli qu'en 1963.
Depuis la conquête du Hedjaz par Abd al-Aziz ibn Saud, le royaume abrite La Mecque et Médine, les deux premiers lieux saints de l'islam, religion officielle du pays. La forme dominante de l'islam y est le wahhabisme (du nom de Muhammad ibn Abd al-Wahhab), dont la doctrine particulièrement austère et rigoriste se rattache au hanbalisme, l'une des quatre grandes écoles juridiques de l'islam sunnite. La minorité chiite, qui représente environ 10 % de la population, est presque entièrement concentrée dans la province orientale du royaume (le Hasa). Considérés comme des païens par les wahhabites de stricte obédience, les chiites saoudiens ont longtemps été persécutés par les autorités et empêchés d'accomplir les rites de leur confession par la police religieuse (les mutawwa). Actuellement, les aspects les plus flagrants de cette discrimination ont disparu, mais les chiites saoudiens sont encore souvent traités en sujet de seconde zone par les autorités.
Plus des trois quarts des habitants du royaume vivent aujourd'hui en zone urbaine. L'essor économique a transformé Riyad, qui n'était encore qu'un petit village au début du xxe s., en une métropole moderne, tandis que le port de Djedda, escale bien connue des navigateurs depuis des siècles a désormais acquis le statut de capitale commerciale de l'Arabie saoudite.
La manne pétrolière et l'industrialisation du royaume à partir des années 1950 a provoqué l'afflux d'immigrés en provenance du monde arabe et des pays asiatiques. Faute d'une population autochtone suffisamment nombreuse et qualifiée, l'Arabie saoudite n'était guère capable d'assumer seule sa politique de développement (d'autant que le travail manuel est déconsidéré dans la tradition bédouine). Dans les années 1970 et 1980, grâce à l'immigration, la population active a crû chaque année de 5 à 6 %. Mais les difficultés économiques consécutives au retournement du marché pétrolier ont mis la « saoudisation » des emplois à l'ordre du jour, ce qui n'empêche pas l'économie saoudienne de demeurer très dépendante de la main-d'œuvre étrangère.
HISTOIRE
1. Les origines
L'histoire de l'Arabie jusqu'à la création de l'Arabie moderne (1932) est traitée à l'article Arabie.
La construction territoriale exprimée par l'Arabie saoudite est inséparable du mouvement religieux wahhabite, secte rigoriste et extrémiste de l'islam, proscrivant le luxe sous toutes ses formes et prêchant le retour à la pureté primitive de l'islam, qui donna dès la fin du xviiie siècle à la tribu saoudienne, fraction des Anazas, l'impulsion qui conduisit à l'édification du premier Empire saoudien. Celui-ci soumit un moment la péninsule arabique sous Saud le Grand, émir du Nadjd et imam des Wahhabites (de 1803 à 1814), avant d'être détruit par Méhémet-Ali agissant au nom des Ottomans. Ces derniers prirent Riyad, ultime point d'appui de la secte, en 1882.
Pour en savoir plus, voir l'article Wahhabites.
2. La création de l'Arabie saoudite
2.1. Le gouvernement autoritaire d'Abd al-Aziz III ibn Saud (1932-1953)
Abd al-Aziz III ibn Saud, émir du Nadjd et imam des Wahhabites depuis 1902, élargit sa principauté par la conquête successive du Hasa sur les Turcs en 1913, d'Hail en 1921, de La Mecque en 1924, de Djedda en 1925, de l'Asir en 1926. Proclamé roi du Hedjaz en 1926, il devient, en 1932, roi de l'Arabie saoudite, formée des pays précités. Il lui donne pour capitale Riyad, qu'il avait reconquise dès 1902. Il formule des revendications territoriales à l'égard de la Transjordanie (Aqaba, Maan, Pétra) et du Yémen (Wadi Aqim), mais renonce à de nouvelles annexions de territoire du côté du Yémen et se réconcilie, en 1948, avec le roi Abdullah de Transjordanie, malgré l'hostilité traditionnelle qui l'oppose à la dynastie hachémite. Il conclut une alliance avec l'Égypte à la suite de l'entrevue de Yanbu, le 22 juillet 1945, et adhère à la Ligue arabe.
Le gouvernement d'Ibn Saud est patriarcal et théocratique dans le Nadjd, mais le Hedjaz est gouverné par un vice-roi, Faysal (ou Fayçal), fils du roi, assisté de conseils consultatifs. Cependant, peu de temps avant sa mort, le souverain institue un Conseil des ministres dont le statut est fixé en mars 1954. Abd al-Aziz meurt en 1953 et son fils Saud ibn Abd al-Aziz lui succède.
2.2. Saud ibn Abd al-Aziz (1953-1958) et Faysal (1958-1964)
Le fait saillant en Arabie saoudite, après la Seconde Guerre mondiale, est l'exploitation par des sociétés américaines des gisements pétroliers et miniers et le développement de l'influence et de l'aide financière américaines. C'est pourquoi Saud s'efforce de maintenir des relations amicales avec les États-Unis et les puissances européennes, tout en souscrivant aux théories du panarabisme antioccidental, pour conserver, malgré le colonel Nasser, son rôle de leader du monde arabe.
Mais l'absence d'un système financier et monétaire régulier, et les dépenses du roi Saud ont occasionné la dégradation de l'économie saoudite. Le 22 mars 1958, Saud doit abandonner la réalité du pouvoir à son frère, Faysal, alors président du Conseil, et accepter la promulgation d'un nouveau statut du Conseil des ministres, statut qui interdit à ses membres tout cumul de fonctions gouvernementales ou privées et augmente ses attributions en enlevant au roi l'initiative des dépenses (4 mai 1958).
Faysal met alors en application un régime d'austérité et de déflation, destiné à rétablir l'équilibre de la balance des comptes et à permettre la mise en œuvre d'un programme de construction d'hôpitaux, d'écoles, d'aérodromes, de routes (6 000 km), de lignes téléphoniques. Une telle politique mécontente la famille royale, ainsi que la bourgeoisie commerçante, qui n'hésite pas à expatrier ses capitaux à l'étranger. Le roi profite de cette situation pour renvoyer son frère Faysal et pour reprendre la direction du gouvernement (22 décembre 1960). Il entre en conflit aigu avec l'Égypte en prenant parti pour l'imam Muhammad al-Badr contre les républicains révoltés du Yémen, qui bénéficient de l'appui de Nasser. Celui-ci accueille alors tous les adversaires de Saud, dont son propre frère, le prince Talal.
La puissance de l'opposition, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, amène Saud à rappeler Faysal à la tête du gouvernement (17 octobre 1962). Faysal rompt ses relations diplomatiques avec l'Égypte (6 novembre 1962) et renforce son soutien aux royalistes du Yémen, tout en entreprenant une politique de développement et de modernisation (abolition de l'esclavage en 1963).
3. Faysal Ier (1964-1975)
Investi des pleins pouvoirs en mars 1964 par le roi, Faysal succède à Saud le 2 novembre suivant, quand le souverain est déposé à son profit. En juin 1967, Faysal Ier se joint aux autres États en guerre contre Israël, mais sans faire participer ses troupes. Contraint par l'agitation ouvrière d'interdire les exportations de pétrole, il adopte une attitude favorable à la reprise de ces dernières dès le 13 juin et signe avec Nasser, lors de la conférence de Khartoum (29 août-1er septembre 1967), l'accord qui prévoit la cessation de leur intervention au Yémen du Nord.
L'Arabie saoudite, déçue de ce que le retrait des troupes égyptiennes n'entraîne pas la chute des républicains au Yémen et inquiète de l'emprise de Nasser sur le monde arabe, refuse de participer au sommet arabe prévu pour janvier 1968. Mais elle maintient cependant (jusqu'à l'approbation du plan Rogers en 1970) son soutien financier aux États arabes contre Israël. Pour affermir sa position pétrolière, elle crée, avec le Koweït et la Libye, un organisme interarabe des pétroles (janvier 1968) et s'entend (novembre 1968) avec l'Iran afin de soustraire la région du Golfe aux influences étrangères après le retrait des Britanniques.
En juillet 1969, un complot tendant à renverser le roi Faysal échoue. Mais la politique pro-occidentale du souverain réveille les tensions avec la République populaire du Yémen du Sud, et de violents engagements ont lieu le long de la frontière du Nord-Est (novembre 1969) ; elle fait aussi naître de graves mésententes avec la Syrie (mai 1970). Faysal accepte cependant de reconnaître la République arabe du Yémen créée en 1962 (22 juillet 1970), ainsi que le sultanat d'Oman (décembre 1971). Lors du quatrième conflit israélo-arabe, l'Arabie saoudite se range aux côtés de l'Égypte et de la Syrie (octobre 1973), sans participer aux combats.
À la surprise de Washington, le roi Faysal se joint à l'embargo pétrolier contre les États-Unis, le 23 octobre, en raison de leur soutien à Israël. L'embargo est levé le 18 mars 1974.
L'afflux des pétrodollars après le quadruplement des cours du pétrole en 1974 donne à la diplomatie saoudienne un regain d'influence. Au début du conflit libanais (→ guerre du Liban), l'Arabie saoudite entame une médiation qui aboutit à la conférence de Riyad (octobre 1976). Une autre médiation saoudienne parvient à désamorcer la crise frontalière qui oppose la Syrie à la Jordanie en décembre 1980.
Le royaume pratique la « diplomatie du pétrodollar » pour contrer l'influence soviétique au Moyen-Orient. Ainsi, l'Arabie saoudite a joué un rôle essentiel dans le retournement d'alliance intervenu dans la Corne de l'Afrique, à partir de 1977, lorsque la Somalie rompt avec Moscou pour se rapprocher de Washington. Riyad avait de même aidé financièrement l'Égypte après l'expulsion par Anouar el-Sadate des conseillers militaires soviétiques en 1972.
Pour en savoir plus, voir l'article guerres israélo-arabes.
4. Khalid (1975-1982)
Le 25 mars 1975, le roi Faysal est assassiné par l'un de ses neveux, le prince Fahd ibn Musaid. Khalid, cinquième fils d'Abd al-Aziz ibn Saud et frère du défunt, est proclamé roi. Un autre de ses frères, le prince Fahd, devient prince héritier et vice-Premier ministre. De fait, la santé fragile du nouveau souverain fait du prince Fahd l'homme fort du royaume.
Le début des années 1980 est marqué par de nouveaux périls pour le régime. Le 20 novembre 1979, qui correspond au 1er Muharram 1400, premier jour du xve siècle dans le calendrier islamique, près de 200 fanatiques sunnites s'emparent de la Grande Mosquée de La Mecque, le premier lieu saint de l'islam. Les insurgés, puissamment armés, dénoncent la corruption du régime. Au même moment, dans la province du Hasa, les chiites, sensibles aux appels de l'ayatollah Khomeyni, manifestent contre la discrimination dont ils sont l'objet. Le siège de la Grande Mosquée dure deux semaines, au cours desquelles la monarchie au pouvoir à Riyad a vacillé sur ses fondations.
Malgré leur appui à l'Égypte en 1972, les accords de Camp David (septembre 1978), signés entre ce pays et Israël, et le traité de paix israélo-égyptien (26 mars 1979) vont trop loin pour les Saoudiens. Sans se joindre au « front du refus » qui regroupe l'Iraq, la Syrie, la Libye, l'Algérie, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Yémen du Sud, l'Arabie saoudite participe, en mars 1979, au sommet de Bagdad qui condamne l'Égypte et l'exclut de la Ligue arabe.
Moins d'un an plus tard, le 22 septembre 1980, l'Iraq lance une offensive contre l'Iran, marquant le début d'une guerre de huit ans (→ guerre Iran-Iraq). Inquiète des visées iraniennes depuis la révolution islamique, l'Arabie saoudite soutient diplomatiquement et financièrement l'Iraq. Cependant, lors de la constitution en mai 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui rassemble les six monarchies de la péninsule arabique, l'Iraq est tenu à l'écart.
L'Arabie saoudite tente de reprendre l'initiative dans le dossier du Proche-Orient. En août 1981, le prince Fahd propose un plan de règlement en huit points du conflit israélo-arabe, fondé pour la première fois sur une reconnaissance implicite d'Israël. L'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate, en octobre 1981, par des militaires islamistes et son remplacement par Hosni Moubarak ouvre la voie à un rapprochement progressif de l'Arabie saoudite avec l'Égypte. Les deux pays partagent une orientation « modérée » et pro-occidentale au sein du monde arabe, ainsi qu'une vive méfiance envers la République islamique d'Iran.
5. Fahd et la « régence » d'Abd Allah (1982-2005)
5.1. Islamisation renforcée
Lorsque le roi Khalid meurt d'une crise cardiaque, le 13 juin 1982, son frère Fahd lui succède aussitôt, et nomme son demi-frère Abd Allah ibn Abd al-Aziz prince héritier et vice-Premier ministre tandis que le prince Sultan, ministre de la Défense, devient second vice-Premier ministre.
Fahd accède au trône alors que le cours du baril de pétrole est à son zénith, mais cette même année, le retournement du marché mondial du pétrole commence à poser au royaume des problèmes économiques qui ne tardent pas à se traduire par un mécontentement social et politique. L'appel aux forces occidentales lancé par le roi Fahd à la suite de l'invasion irakienne du Koweït (→ guerre du Golfe, 2 août 1990) sert de catalyseur à ce mécontentement. Malgré les efforts d'intégration des pays du CCG en matière de défense, le roi Fahd est conscient de la vulnérabilité du royaume à une attaque irakienne. Mais la présence de 400 000 militaires non musulmans sur le sol saoudien suscite dans les milieux religieux conservateurs une puissante contestation, qui s'exprime ouvertement une fois la guerre terminée (février 1991). En mai 1991, 400 ulémas adressent au roi une pétition demandant une application plus stricte de la charia, le départ des forces étrangères du royaume et l'islamisation de la politique étrangère saoudienne. Les autorités répondent sur deux fronts : les meneurs sont arrêtés ou perdent leur emploi s'ils ne se repentent pas publiquement, mais, dans le même temps, le roi renforce les pouvoirs de la police religieuse, les mutawwa, et la charia est appliquée avec une rigueur accrue.
5.2. Évolution constitutionnelle
Affaibli par la maladie, contesté par l'establishment religieux sur lequel s'appuie pourtant son pouvoir, le roi Fahd n'est plus que l'ombre de l'énergique prince héritier qu'il fut sous le règne de Khalid. Pourtant, en mars 1992, il surprend les observateurs en promulguant trois lois fondamentales, ce qui constitue une première dans ce pays où les souverains ont répété l'un après l'autre que le Coran tenait lieu de Constitution. Le premier texte aborde l'État et définit notamment les conditions de la succession : concernant jusqu'alors les seuls fils d'Abd al-Aziz ibn Saud, le fondateur du royaume, celle-ci est ouverte pour la première fois à ses petits-fils. Le deuxième texte institue un Conseil consultatif (Madjlis al-chura). Promis en 1926 par Ibn Saud, et à nouveau en 1962 par Faysal, ce Conseil, dont les membres sont nommés par Fahd, voit effectivement le jour en 1993. Enfin, le troisième texte concerne les assemblées régionales.
Atteint d'une embolie cérébrale en novembre 1995, le roi Fahd publie le 1er janvier 1996 un décret confiant temporairement la régence du royaume à Abd Allah. Depuis cette période, le prince Abd Allah ibn Abd al-Aziz assume de plus en plus nettement aux yeux du pays et de l'étranger la réalité du pouvoir.
5.3. Le royaume saoudien confronté au développement de l'islamisme radical
Depuis la fin de la guerre du Golfe (février 1991), le régime wahhabite est confronté au développement de l'opposition islamiste et d'organisations islamistes radicales telles al-Qaida, dirigée par Oussama Ben Laden, qui dénoncent notamment le maintien de la présence militaire américaine dans le royaume. En 1995, un premier attentat vise un immeuble abritant des conseillers américains de la garde nationale ; en 1996, 19 soldats perdent la vie lors d'un attentat à Dhahran
L'arrivée de George Walker Bush au pouvoir début 2001 entraîne un relâchement des liens qui unissent les deux pays. La monarchie et la population saoudiennes sont exaspérées par l'attitude de l'Administration américaine face à la dégradation de la situation au Proche-Orient, ainsi que par son « acharnement » contre l'Iraq, dix ans après la guerre du Golfe.
C'est dans ce contexte difficile qu'interviennent les attentats du 11 septembre 2001. La participation de quinze Saoudiens aux attentats déclenche une vague d'accusation contre le royaume soupçonné d'être le foyer principal de l'exportation du terrorisme islamique. Sous la pression des États-Unis, Riyad rompt ses relations avec les talibans et promet de sévir contre le blanchiment d'argent, tout en condamnant l'intervention en Afghanistan et en faisant savoir que les bases américaines installées sur son territoire ne sauraient être utilisées dans le conflit.
Par ailleurs, l'Arabie saoudite cherche d'autres appuis et s'affirme par une diplomatie active comme une puissance régionale. Elle lance une politique de rapprochement avec l'Iran (signature d'un traité de sécurité en 2001), après vingt années de tensions avec ce pays. Face à l'interruption du processus de paix au Proche-Orient, le prince Abd Allah reprend l'initiative en proposant en février 2002 à Israël une normalisation de ses relations avec l'ensemble du monde arabe contre le retrait des territoires occupés depuis 1967.
À l'intérieur, une série d'attentats visant principalement des Occidentaux (mai et novembre 2003) et des cibles saoudiennes (mai 2004) vient rappeler à la monarchie saoudienne qu'elle est toujours, en dépit de la lutte sans merci menée contre les djihadistes islamistes, la cible de ces derniers. De surcroît, le début de l'année 2003 est marqué par une accélération de la vie politique – le « printemps de Riyad » –, un mouvement de réforme constitué d'intellectuels islamistes et libéraux, sunnites et chiites, appelant à une ouverture du système politique et réclamant la tenue d'élections, une monarchie constitutionnelle, un État de droit, une justice indépendante. Annoncée en 2004, les premières élections municipales ont lieu au début de l'année 2005. Et si les femmes et les forces armées et de sécurité sont exclues du vote, ce premier exercice électoral témoigne de la volonté du prince Abd Allah d'entamer des réformes à pas très mesurés.
6. Abd Allah (2005-2014)
6.1. Un esprit de réforme
À la mort du roi Fahd, le 1er août 2005, le prince Abd Allah, aux commandes de l'État depuis 1995, prend sa succession, tandis que son demi-frère, Sultan ibn al-Aziz (1928-2011), ministre de la Défense depuis 1963, accède aux fonctions de prince héritier. Dès son accession officielle au trône, le roi Abd Allah s'efforce d'insuffler un esprit de réforme.
Sur le plan économique, plusieurs mesures illustrent la volonté de l’État pétrolier de poursuivre sa diversification et son intégration sur les marchés mondiaux à l’instar d’autres monarchies du Golfe : adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2005 ; accès à la technologie nucléaire à des fins civiles – décision prise lors du sommet du CCG en décembre 2006 – qui conduit à la signature d’un accord avec la France en février 2011 ; lancement au nord de Djedda de la King Abdullah Economic City (KAEC, 2005-2006), un gigantesque pôle urbain et technologique avec appel aux investissements étrangers.
L’objectif affiché d’accélérer l’intégration économique de la région par l’introduction d’une monnaie unique est cependant contrarié en 2010 – et le projet finalement reporté – en raison des réticences de ses partenaires, en particulier les Émirats arabes unis, du retrait d’Oman et de la crise de la zone euro.
Les « printemps arabes » de 2011 prennent l’Arabie saoudite de court. Afin d’en éviter la contagion alors qu’une timide contestation s’exprime dans le royaume parmi les femmes et la minorité chiite notamment, le gouvernement puise tout d’abord largement dans ses recettes pour lutter contre la crise du logement et le chômage qui frappe en premier lieu les jeunes. Puis le roi fait une importante concession en accordant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes (25 septembre) aux élections municipales de 2015. Le régime reste cependant inflexible à l’égard des opposants sous couvert de la lutte contre le terrorisme islamiste dont les cellules essuient parallèlement de sérieux revers depuis 2007. Pourchassés dans le royaume, les combattants saoudiens d’al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA, fondé en 2009) se replient au Yémen.
6.2. Contenir la menace iranienne
L’Arabie saoudite a pour priorité de contenir la sphère d’influence chiite de l’Iran. À Bahreïn, elle prête main forte au régime en apportant son appui militaire dans la répression de l’opposition chiite lors de la révolte de mars 2011. Au Yémen, au bord de la guerre civile, elle s’associe à l’offre de médiation du CCG en vue d’une transition malgré sa grande méfiance face à la précarité de la situation. Dans la nouvelle configuration politique née après le retrait du président Saleh (février 2012), c’est avant tout la mobilisation des forces houthistes de confession zaydite, accusées d’être liées à l’Iran, qui l’inquiète et dont elle exige le retrait.
En Syrie et en Iraq, Riyad doit contrer l’alliance étroite entre Téhéran, Bagdad et Damas, tandis qu’au Liban, où le Hezbollah s’est imposé comme une puissance politique et militaire engagée par ailleurs en Syrie au côté des forces gouvernementales, le royaume soutient le Courant du futur de Saad Hariri, tout en prônant l’apaisement en vue de tenir le Liban à l’écart du conflit syrien.
6.3. L'orthodoxie islamique sunnite contre les idéologies « déviantes »
Mais, dans le même temps, l’Arabie saoudite veut éviter aussi bien l’affirmation, dans le sillage des révolutions arabes, de la mouvance des Frères musulmans susceptible de concurrencer son rôle dirigeant politique et religieux, que la propagation sur son territoire d’un islamisme sunnite plus radical encore qu’elle soutient en Syrie mais qui pourrait à terme la déstabiliser.
Alors que l’image du royaume et de l’islam wahhabite qu’il incarne (originellement et bien davantage que le Qatar, moins rigoriste) s’est fortement détériorée à mesure que s’est développé le salafisme djihadiste – dont une partie des financements est fortement suspectée d’être surtout d’origine saoudienne et/ou qatarie –, le roi affiche sa détermination à lutter contre des idéologies, qualifiées de « déviantes », qui trouvent un certain écho au sein de la jeunesse saoudienne voire auprès de quelques religieux dont la monarchie veut se démarquer. Destinée en premier lieu à empêcher les Saoudiens de s’engager dans des organisations extrémistes et de répondre à des appels illégitimes au « djihad », une nouvelle législation antiterroriste entre ainsi en vigueur en février 2014. Un décret royal punit de 3 à 20 ans de prison ceux qui combattraient à l’étranger et adhéreraient à des groupes radicaux. Un ensemble d’organisations parmi lesquelles les Frères musulmans, le front al-Nosra et l’« État islamique » (EI), outre le Hezbollah libanais, sont désignées comme terroristes.
Mais par sa définition très vague et large du « terrorisme », cette législation criminalise également tout discours « athéiste » ou « mettant en question les principes islamiques sur lesquels l’État est fondé » et, finalement, toute forme de dissidence hostile au royaume ou qui porterait atteinte à son unité et à sa stabilité. Après la condamnation de deux responsables de l’Association saoudienne pour les droits politiques et civils (dissoute) en 2013, d’autres militants des droits de l’homme sont ainsi inquiétés ou poursuivis.
Ce durcissement intervient alors que Riyad apporte son soutien, avec le Koweït et les EAU, à la destitution par les militaires de Mohamed Morsi et des Frères musulmans en Égypte (juillet 2013), soutenus jusque-là par le Qatar.
L’Arabie saoudite doit par ailleurs corriger sa position en fonction de l’évolution politique en Syrie et en Iraq. Si elle continue de souhaiter la chute de Bachar al-Asad et de soutenir certaines factions au sein de l’insurrection syrienne, elle se rallie à la « coalition » forgée par les États-Unis en septembre 2014 pour combattre l’EI qu’elle fait condamner par le grand mufti d’Arabie saoudite. Elle entend également ressouder le camp des monarchies du Golfe face aux risques de déstabilisation en freinant par la même occasion les ambitions internationales du Qatar et en contrant l’appui de ce dernier aux Frères musulmans. Dans cette perspective, le 35e sommet du Conseil de coopération du Golfe, réuni à Doha en décembre, affiche une unité retrouvée.
C’est dans ce contexte régional très instable que reste posée la question de la succession dynastique après la mort des princes Sultan et Nayef en 2011 et 2012 et le choix porté sur leur frère Salman (âgé de 78 ans et de santé fragile) : en mars 2014, Muqrin, demi-frère du roi et deuxième vice-président du Conseil des ministres est choisi comme vice-prince héritier. Le 23 janvier 2015, à la mort d’Abd Allah, Salman devient roi et Muqrin est déclaré prince héritier, avant d’être remplacé en avril par le puissant ministre de l’Intérieur (depuis 2012), Mohammed ben Nayef.
7. Salman (2015-)
7.1. Les tensions avec l’Iran
Le règne de Salman débute sur fond de tensions persistantes avec l’Iran chiite, qui ne font que s’aggraver à partir du mois de mars avec l’intervention militaire au Yémen d’une coalition d’États arabes et musulmans conduite par l’Arabie saoudite. Destiné à contrer l’offensive des forces houthistes du Nord, alliées aux troupes restées fidèles à l’ancien président Saleh et accusées d’être soutenues par Téhéran, contre le gouvernement de Mansour Hadi issu de la « révolution » de 2011, cet engagement aérien puis terrestre – qui bénéficie du soutien politique et logistique des États-Unis – tend à prendre l’allure d’une nouvelle guerre par procuration entre les deux puissances régionales rivales.
Concernant la guerre civile en Syrie, où le roi entend aussi, en priorité, s’opposer à l’influence iranienne, et face à la menace représentée par l’« État islamique », il affiche sa volonté de trouver une solution politique (en réunissant à Riyad une partie de l’opposition syrienne « modérée ») et son souci de contrer les soupçons de double jeu du royaume dans ce conflit. La création d’une nouvelle coalition de pays musulmans contre le terrorisme est ainsi annoncée en décembre 2015.
Parallèlement, l’inflexibilité du régime se traduit par une accélération des exécutions capitales, dont celle, en janvier 2016, d’une figure de proue de l’opposition chiite parmi 47 personnes condamnées pour terrorisme. Cette décision ne fait que détériorer les relations avec l’Iran et conduit à la rupture par Riyad de ses relations diplomatiques avec Téhéran le 3 janvier 2016.
Les relations ne s’améliorent guère par la suite malgré les concessions accordées à l’Iran à l’occasion de l’accord adopté au sein de l’OPEP en novembre sur une baisse de la production de pétrole en vue de contrer la chute du prix du baril.
D’autant que l’Arabie saoudite semble confortée par le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, qui affiche son hostilité au compromis atteint depuis 2015 avec le régime iranien et réserve à Ryad son premier déplacement international.
7.2. La crise au sein du Conseil de coopération du Golfe
Dans la foulée de cette visite (mai 2017), les tensions avec le Qatar, accusé officiellement de soutenir le terrorisme et les Frères musulmans, mais aussi de prôner un rapprochement avec l’Iran, sont brusquement ravivées au sein du CCG. Contenues en 2014, elles conduisent cette fois à la rupture diplomatique et à un blocus commercial décidés principalement par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis en juin.
7.3. Une nouvelle stratégie économique
La baisse du prix du pétrole a fortement fragilisé les finances du royaume qui présentent un déficit depuis 2014 obligeant Ryad à adopter depuis juin 2016 un plan de transformation nationale baptisé Arabie Saoudite. Vision 2030 visant à moderniser et diversifier l’économie et encourager ainsi la croissance des secteurs non pétroliers. Parmi ses objectifs figure notamment la création de quelque 450 000 emplois dans le secteur privé appelé à participer au financement des différents programmes à hauteur de 40 % et avec lequel l’État doit multiplier les partenariats. L’un des principaux instigateurs de cette réorientation est Mohammed ben Salman – ministre de la Défense et en première ligne dans la décision d’intervenir militairement au Yémen –, qui est désigné comme prince héritier en juin 2017 au détriment de son cousin Mohammed ben Nayef relevé de ses fonctions.
Les réformes économiques annoncées vont de pair avec une libéralisation relative à l’égard des femmes (autorisées notamment à conduire, une mesure applicable à partir de juin 2018, et à créer une entreprise sans solliciter le consentement d'un tuteur masculin) et avec une opération anti-corruption sans précédent visant plus de 300 personnes et entraînant l’arrestation de plusieurs hommes d’affaires et dignitaires de haut rang. Cette remise en ordre s’accompagne d’un remaniement au sein du gouvernement, dont le limogeage du ministre de la Garde nationale, un rival potentiel du prince héritier.