Qatar

en arabe Qaṭar

Nom officiel : État du Qatar

Carton de situation - Qatar
Drapeau du Qatar
Drapeau du Qatar

État d'Asie occidentale, le Qatar forme une presqu'île située dans la péninsule d'Arabie, sur le golfe Persique ; il est bordé au sud-ouest par l'Arabie saoudite et au sud-est par les Émirats arabes unis.
Le Qatar est membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (O.P.E.P.).

  • Superficie : 11 400 km2
  • Nombre d'habitants : 2 695 122 (2022)
  • Nom des habitants : Qatariens, Qataris ou Qatariotes
  • Capitale : Doha
  • Langue : arabe
  • Monnaie : riyal du Qatar
  • Chef de l'État : Tamim ibn Hamad al-Thani (émir)
  • Chef du gouvernement : Muhammad ibn Abdul Rahman al-Thani
  • Nature de l'État : monarchie
  • Constitution :
    • Adoption : 20 avril 2003
    • Entrée en vigueur : 9 juin 2005
  • Entre son adoption, le 20 avril 2003, et son entrée en vigueur, le 9 juin 2005, la Constitution a été promulguée par l'émir le 8 juin 2004.
Pour en savoir plus : institutions du Qatar

STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE

  • Population : 2 695 122 hab. (2022)
  • Densité : 200 hab./km2
  • Part de la population urbaine (2023) : 99 %
  • Structure de la population par âge (2023) :
    ● moins de 15 ans : 16 %
    ● 15-65 ans : 82 %
    ● plus de 65 ans : 2 %
  • Taux de natalité (2023) : 9 ‰
  • Taux de mortalité (2023) : 1 ‰
  • Taux de mortalité infantile (2023) : 5 ‰
  • Espérance de vie (2023) :
    ● hommes : 81 ans
    ● femmes : 83 ans

Les habitants sont en majorité arabophones (Qatariens, Égyptiens et Palestiniens). La capitale, Doha, concentre 31 % de la population de ce petit pays en grande partie désertique. La majeure partie de la population active est immigrée, notamment en provenance de l'Inde, du Népal et des Philippines. La population tend à s'accroître en raison d'un taux de mortalité extrêmement bas, de 1 ‰, et d'un taux de natalité de l'ordre de 10 ‰.

STATISTIQUES : ÉCONOMIE

  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2022) : 227 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2022) : 70 120 dollars
  • PNB/hab. PPA (2022) : 110 050 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,855
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 4,2 %
  • Taux annuel d'inflation (2022) : 5,0 %
  • Structure de la population active (2021) :
    ● agriculture : 1,2 %
    ● mines et industries : 54,0 %
    ● services : 44,8 %
  • Structure du PIB (2022) :
    ● agriculture : 0,3 %
    ● mines et industries : 65,4 %
    ● services : 34,3 %
  • Taux de chômage (2022) : 0,1 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2020) : 14 318 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2022) : 130 964 millions de dollars
  • Importations de biens (2022) : 33 519 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2020) : 22 000 individus
  • Dépenses militaires (2022) : 7,0 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 37
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 71,7 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 3,5 %
  • Dépenses publiques d'éducation (2020) : 3,2 % du PIB

Détenant les 3es réserves mondiales prouvées de gaz naturel, le Qatar présente une situation économique et financière solide . La fin de l'embargo imposé par l'Arabie saoudite de 2017 à 2020, la sortie de la crise due au Covid (qui permet notamment la tenue de la Coupe du monde de football en 2022), les réformes structurelles et les investissements dans le gaz liquéfié créent une situation favorable à la croissance (estimée à 2,4 % en 2023).

GÉOGRAPHIE

1. Le cadre naturel

À la différence des autres petits États voisins (le Bahreïn, les Émirats arabes unis), le Qatar a une individualité géographique précise. C’est une péninsule calcaire de direction nord-sud, atteignant 80 m d’altitude, correspondant à un dôme anticlinal qui fait partie des plis de couverture de l’est de la plate-forme arabique.

2. La population

Bâti sur un désert de pierres, le petit État du Qatar s'est peuplé à partir du xviiie s. grâce à la sédentarisation progressive de tribus bédouines nomades. Jusqu’à la découverte du pétrole, la vie se concentrait dans le petit port de Doha, sur la côte est de la péninsule, centre de pêche perlière, environné de palmeraies partiellement abandonnées. L’intérieur était à peu près vide. Quelques puits, sans doute alimentés par des nappes profondes en provenance de l’Arabie centrale, y localisaient des tours de refuge abritant les bergers semi-nomades de la côte contre les Bédouins, qui leur disputaient le pays.

Musulmans sunnites, les Qatariens sont aussi wahhabites (adeptes d'un islam très conservateur), comme leurs voisins d'Arabie saoudite. Ils constituent une toute petite minorité au sein de la population totale de la péninsule. Les travailleurs immigrés (Indiens, Pakistanais, autres ressortissants d'Asie, Arabes) représentent, en effet, 70 % des habitants de l'émirat et 80 % de sa population active.

La capitale, Doha, concentre 40 % de la population du pays. L'émirat a connu une forte croissance démographique après 1945, grâce à une natalité très élevée et, surtout, grâce à l'arrivée de nombreux immigrants, attirés par les possibilités de travail offertes par une production pétrolière en plein essor. Les Indiens représentent la première communauté étrangère, avec plus de 500 000 ressortissants, soit le quart de la population totale du pays. Le taux de natalité reste, de nos jours, important (17 ‰), avec un indice de fécondité de 2,4 enfants par femme. Des politiques volontaristes dans les domaines de la santé et de l'éducation ont amélioré ses conditions de vie.

3. L'épuisement de la manne pétrolière

L'économie du Qatar est fondée sur l'exploitation de ses abondantes ressources en hydrocarbures, notamment, en pétrole, découvert en 1939 et exploité dès 1949. Le plus ancien gisement est celui de Dukhan, sur la côte ouest ; il est relié par oléoduc au port d'Umm Said, sur la côte est. Le Qatar possède d'autres gisements sous-marins moins importants, comme Maydam Mahzam et Idd al-Chargi. Cependant, les réserves pétrolières (environ 500 millions de tonnes) sont en voie d'épuisement. Le Qatar mise donc, désormais, sur sa richesse en gaz naturel. Avec un potentiel de près de 11 000 milliards de m3, il possède les troisièmes réserves mondiales prouvées, et le « gisement du Nord », mis en exploitation en 1991, est l'un des plus vastes réservoirs de gaz naturel du monde.

4. Une économie en voie de diversification

Le Qatar a découvert, avec la crise des années 1980, les dangers d'une trop grande dépendance vis-à-vis de la manne pétrolière. Il a donc tenté, dès 1989, de diversifier son économie en développant, notamment, son secteur industriel (raffinage pétrolier, pétrochimie, liquéfaction du gaz naturel, engrais, cimenterie, sidérurgie). L'agriculture (légumes, céréales, aviculture, produits laitiers) a fait de nets progrès, même si elle ne fournit que 1 % du produit intérieur brut (PIB). L'absence de ressources en eau est partiellement compensée par la construction d'usines de dessalement de l'eau de mer. La guerre du Golfe, en 1991, a eu des conséquences limitées sur l'activité économique et, même si le Qatar a dû s'endetter pour permettre le démarrage de l'exploitation du gaz naturel, il reste l'un des pays les plus riches du monde.

Le Qatar tend à s'affirmer comme une puissance régionale et, fort de ses capacités d'investissement, à jouer un rôle économique et politique influent à l'international. La chaîne de télévision al-Jazira connaît une large audience internationale.

Le Qatar a été désigné pour organiser la Coupe du monde de football en 2022. Compte tenu du climat torride en été, la saison (été ou hiver), voire même l'année (2021 ou 2022), se sont pas encore fixées. Le Qatar s'est engagé sur la livraison de 12 stades, dont 9 nouveaux, pour un investissement total et record de 200 milliards de dollars.

5. Le site du Qatar classé à l'Unesco

Le Qatar possède un site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco : le site archéologique de la ville fortifiée côtière d’al-Zubarah.

HISTOIRE

Au début du xxe siècle, le Qatar est lié à la Grande-Bretagne par un traité signé en 1868, et renouvelé en 1916.

1. Un émirat indépendant

En mai 1970, le cheikh Khalifa ibn Hamad al-Thani (membre de la famille qui gouverne le territoire depuis 1868) forme le premier gouvernement de l'État du Qatar, et devient Premier ministre. En septembre 1971, l'émirat annonce qu'il renonce à faire partie de la Fédération des Émirats arabes unis, proclame son indépendance, signe un nouveau traité avec la Grande-Bretagne, et devient membre de la Ligue arabe et de l'ONU.

Avec le soutien de la famille royale, le cheikh Khalifa dépose le souverain régnant et accède au trône (22 février 1972). Le nouvel émir annonce plusieurs mesures de modernisation. En 1974, le Qatar prend le contrôle total des sociétés pétrolières implantées sur son territoire. Le cheikh Khalifa, qui cumule les fonctions de chef de l'État et de Premier ministre, s'engage dans une expérience « parlementaire » limitée, en créant, en 1972, un Conseil consultatif dont tous les membres sont choisis par l'émir.

En mai 1977, Hamad ibn Khalifa al-Thani, fils aîné de l'émir, est désigné comme prince héritier et promu ministre de la Défense. En mars 1981, le Qatar participe à la fondation du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avant de conclure, en février 1982, un accord de sécurité avec l'Arabie saoudite.

1.1. Incidents frontaliers et stabilité intérieure

L'émirat entretient des relations plus chaotiques avec ses voisins immédiats. En avril 1986, les Qatariens débarquent sur l'île artificielle de Facht al-Dibal, qui appartient à Bahreïn, et capturent 29 techniciens étrangers occupés à construire un poste de garde-côtes. Le conflit s'aggrave en 1992 à propos des îles de Hawar, dont les deux émirats se disputent la souveraineté. La même année, en septembre, un incident frontalier avec l'Arabie saoudite provoque la mort de deux soldats qatariens. Le Qatar suspend alors l'accord de 1965 sur la délimitation des frontières entre les deux pays, qui ne se réconcilient qu'en décembre.

À l'intérieur de l'émirat, la vie politique reste stable, à peine troublée, en 1992, par une pétition de notables qui réclament plus de démocratie. Cette stabilité se maintient malgré la mise à l'écart, en juin 1995, de l'émir Khalifa, détrôné par le prince héritier Hamad, qui promulgue quelques réformes économiques et sociales. En mars 1999, les premières élections au suffrage universel, annoncées par l'émir deux ans auparavant, ont permis de désigner les 29 membres d'un Conseil municipal consultatif unique pour toute la péninsule. En avril 2003, pour la première fois, une femme est élue à cette même assemblée.

En mars 2001, le litige qui oppose Bahreïn et le Qatar est définitivement réglé par la Cour internationale de justice. C'est en 1991 que le Qatar avait porté le conflit devant cette haute instance juridique, mais Bahreïn, préférant une médiation de son protecteur l'Arabie saoudite, avait refusé jusqu'à maintenant de reconnaître les compétences de celle-ci dans ce différend. La souveraineté du Qatar est reconnue sur la zone d'al-Zubara et sur les hauts-fonds de Facht al-Dibal, tandis qu'à Bahreïn reviennent notamment les îles Hawar. Cet accord pacifique intervient alors que le Qatar – comme Bahreïn – s'est engagé dans la voie de la démocratisation.

À la suite de l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution en 2003 (entrée en vigueur en 2005), l'émirat devient une monarchie constitutionnelle. Un conseil consultatif de 45 membres, dont 30 seront élus au suffrage universel, l'autre tiers étant désigné par l'émir, devait voir le jour en 2007 mais les élections ont été reportées à une date ultérieure. La création en 1996 de la chaîne télévisée par satellite Aljazeera qui s'est considérablement développée depuis, lançant une version anglophone en 2006, témoigne également de la volonté d'ouverture de l'émirat.

2. Une politique extérieure autonome

Comme les autres membres du CCG, l'émirat soutient l'Iraq face à l'Iran entre 1980 et 1988, ce qui ne l'empêche pas de mener une politique étrangère indépendante. En 1989, un contentieux l'oppose à l'Iran, qui revendique un tiers de son gisement de gaz naturel, le « gisement du Nord ». Le conflit est résolu en 1992 par la signature d'accords de coopération économique entre les deux États.

Parallèlement, le Qatar renoue avec l'Égypte en 1987, et établit, en 1988, des relations diplomatiques avec la Chine et l'URSS. En 1990, il dénonce l'invasion irakienne au Koweït, mais reprend contact avec l'Iraq dès 1993. En 1994, il entame avec Israël des négociations économiques qui n'aboutiront pas, le Qatar condamnant dès 1997 la politique israélienne de colonisation des territoires occupés.

Ses liens avec les États-Unis sont particulièrement étroits depuis 1992, mais ses relations avec l'Union européenne se développent également progressivement. Les relations avec la France s'intensifient à partir du milieu des années 1990 : coopération militaire depuis 1994, intensification des échanges commerciaux et investissements qatariens, dont des achats de prestige tels que celui du Saint Germain FC. L’organisation de compétitions sportives (Jeux asiatiques de 2006, chantiers en vue de la Coupe du monde de football de 2022) fait également partie de cette « diplomatie du chéquier ».

2.1. Un rôle de médiateur

Après avoir présidé l'Organisation de la conférence islamique (OCI) en 2000-2003, le Qatar se distingue surtout par une politique extérieure particulièrement active et originale. Il offre notamment ses bons offices lors de la crise qui menace le Liban en mai 2008. C'est ainsi sous son égide qu'est signé l'accord de Doha, le 21 mai, qui fin à ce conflit armé entre factions libanaises. Par ailleurs, il propose sa médiation en Somalie pour l'ouverture de négociations entre le gouvernement fédéral de transition et le mouvement des tribunaux islamiques, ainsi qu'au Soudan en vue du règlement du conflit au Darfour, accueillant à partir de l'automne 2008 des pourparlers entre le gouvernement soudanais et la rébellion conduite par le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) et l'Armée de libération du Soudan (ALS).

Enfin, s'il défend le mouvement Hamas lors de l'intervention israélienne à Gaza en décembre 2008 (que soutiennent également la Syrie et l'Iran, avec lesquels il entretient de bonnes relations), le Qatar maintient des contacts avec Israël et plaide, sans succès cependant, pour un aplanissement des différends entre États arabes sur le conflit israélo-palestinien à l'occasion du sommet de la Ligue arabe réuni à Doha en mars 2009.

2.2. Le soutien aux « révolutions arabes »

Le Qatar est en première ligne parmi les pays arabes qui apportent leur soutien aux nouveaux régimes instaurés en Tunisie, en Libye et en Égypte dans le sillage des « printemps arabes », tandis qu’il appuie la rébellion syrienne.

Fort de sa puissance financière, il resserre ses liens économiques avec Tunis, où la présence de l’émir est particulièrement remarquée en janvier 2012 lors du premier anniversaire de la « révolution tunisienne », mais dont l’influence supposée est également contestée par certains opposants. Plusieurs accords de coopération sont signés par les deux pays à cette occasion.

L’émirat contribue activement à l’intervention internationale en Libye contre le régime de Muammar Kadhafi en mars-octobre 2011, avant d’être accusé toutefois d’y jouer un rôle assez trouble en soutenant, depuis la chute de ce dernier, les franges islamistes les plus radicales.

Il adopte également une position ouvertement hostile au régime de Bachar al-Asad et fournirait – avec l’Arabie saoudite – des armes aux mouvements insurrectionnels syriens, comme il l’avait déjà fait au profit des rebelles libyens : un appui qui profiterait aux groupes les plus radicaux comme le Front al-Nosra fondé par des djihadistes venus d’Iraq. Le Qatar ne reconnaît cependant qu’un soutien aux représentants « modérés » de la rébellion en Syrie. C’est notamment sous sa pression que l’opposition syrienne, invitée à surmonter ses divisions, parvient à créer une nouvelle Coalition nationale en novembre 2012 à l'issue d'une réunion organisée à Doha.

En Égypte, l'émirat devient le principal allié des Frères musulmans qui accèdent au pouvoir en 2012. Ses investissements augmentent fortement tandis que l’émir est reçu en août par le président nouvellement élu Mohamed Morsi. Aussi est-ce avec embarras que le Qatar accueille la destitution du chef de l’État en juillet 2013, alors que l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis apportent leur appui politique et financier au nouveau gouvernement égyptien d’Abdel Fattah al-Sissi. Les relations entre Doha – où se réfugient des Frères musulmans désormais pourchassés –, et Le Caire ne tardent pas à se détériorer. La chaîne Al Jazeera, accusée de partialité, est également inquiétée.

2.3. Un activisme de plus en plus critiqué

Le 25 juin 2013, inaugurant une transition en douceur – les élections annoncées pour 2013 ayant été de nouveau reportées – l’émir Hamad abdique en faveur de son fils, le jeune prince héritier (âgé de 33 ans), Tamim ibn Hamad al-Thani. Le Premier ministre (depuis 2007) et ministre des Affaires étrangères (depuis 1992), Hamad ibn Jassim ibn Jabr al-Thani, est alors remplacé par Abdullah ibn Nasser ibn Khalifa al-Thani qui conserve également la direction du ministère de l’Intérieur. Khaled ibn Mohamed al-Attiyah est chargé des Affaires étrangères.

Une politique extérieure plus consensuelle semble alors se dessiner. Accusé d’avoir abandonné sa neutralité par son soutien aux Frères musulmans et groupes islamistes liés à ces derniers, le Qatar est ouvertement critiqué par ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe (CCG), au premier rang desquels l’Arabie saoudite. En mars 2014, cette dernière, ainsi que les Émirats arabes unis et Bahreïn, rappellent leurs ambassadeurs ; une crise qui n’est aplanie qu’en novembre, juste avant la réunion du CCG organisée par Doha en décembre. Ce 35e sommet se clôt par plusieurs déclarations d’intention pour faire face à l’environnement régional très instable, notamment en Syrie et en Iraq avec la montée de l’« État islamique ». Les six États membres condamnent toute forme de terrorisme et d’extrémisme, s’engageant officiellement à assécher leurs sources de financement. La création d’une structure militaire commune est également annoncée.

Le CCG apporte également son soutien au nouveau pouvoir égyptien. Ainsi, sous la pression et avec la médiation de l’Arabie saoudite, le Qatar, après avoir expulsé des dirigeants de la confrérie, renoue le dialogue avec le Caire.

Mais ce compromis vole en éclat en juin 2017 : accusé de jouer un double jeu en continuant de soutenir le terrorisme à travers ses fondations et de protéger les Frères musulmans mais aussi d’envisager une normalisation des relations avec l’Iran, l’émirat est sévèrement sanctionné, principalement par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, imités notamment par l’Égypte, mais ni par le Koweït ni par Oman. Les relations diplomatiques sont ainsi rompues et les frontières fermées, tandis qu’un blocus commercial met en difficulté l’approvisionnement alimentaire de l’émirat.

Parmi les mesures exigées pour y mettre fin figurent notamment l’arrêt de tout contact avec les « organisations terroristes » (désignant aussi bien les Frères musulmans, le Hezbollah que l’« État islamique » et d’autres groupe liés à al-Qaida), la fermeture de la chaîne Al Jazeera ainsi que la réduction de ses relations avec l’Iran et la Turquie (avec laquelle il est lié depuis 2014 par un accord de défense). Sommé ainsi de rentrer dans le rang au mépris de sa souveraineté, le Qatar rejette l’ultimatum saoudien et reçoit le soutien d’Ankara et l’appui de Téhéran.