pop music
(américain pop music, abréviation de popular music, musique populaire)
Ensemble des musiques anglo-américaines à l'origine, apparues au début des années 1960 et dérivées du rock and roll, du blues, du folksong et de la musique country, puis enrichies d'influences diverses (musique classique, électronique, indienne, etc.). [On dit aussi musique pop ou, familièrement, le ou la pop.]
POP | ||
Gospel | Traditions blanches | |
1950 | ||
| Rock and roll | |
1960 | ||
Phil Spector | Rock/Pop 60 | |
1970 | ||
Pop 70' | ||
1980 | ||
Pop 80' | ||
1990 | ||
Pop 90 |
Dans son sens le plus général, « la » pop a été définie par l'apparition du 45 tours, dont la forme matérielle impliquait la courte durée des chansons (trois minutes en moyenne), destinées à occuper quelques jours seulement les hauteurs des hit-parades. Universellement diffusée par le moyen du disque, relayé par la radio, par la télévision puis par la vidéo avec l'apparition du clip, elle se confond ainsi avec la duplication infinie des productions culturelles modernes, et leur démocratisation. Dans cette optique, les performances en public des artistes importeront moins que leur enregistrement, la chanson pop s'affirmant d'abord comme une expertise dans la production technique des œuvres (d'où le rôle déterminant des producteurs et des ingénieurs du son). Avec l'essor de la civilisation de l'image en général, l'apparence de ces artistes finira par compter au moins autant que la qualité de leurs œuvres enregistrées, la pop star incarnant physiquement, et plus seulement musicalement, la mode du moment.
La genèse américaine
En tant que genre musical, la pop a des racines multiples, qui vont du gospel à la soul en passant par le folk anglo-irlandais et la country. Les choses se nouent quand la chanson sentimentale d'avant-guerre, dans le genre Cole Porter et George Gershwin, fusionne avec l'intensité et la spontanéité de la musique noire afro-américaine. Cette fusion s'opère dans les années 1950 avec le rock and roll, premier exemple de pop music, quand un jeune sudiste blanc nommé Elvis Presley, nourri de gospel et de chants protestants traditionnels, réadapte la musique noire pour la communiquer à un public blanc. Peu après, les artistes noirs commencent à habiller les lignes de rhythm and blues avec des violons comme le font les Drifters, en 1959, sur la chanson There Goes My Baby.
Ce sont incontestablement les artistes de la maison de disques de rhythm and blues Tamla Motown qui ont réalisé la fusion entre musiques populaires noires et blanches. Des groupes comme Martha And The Vandellas, avec Dancing in the Street (1964), The Temptations, avec My Girl (1965), ou un artiste comme Marvin Gaye, avec How Sweet It Is to Be Loved by You (1963) en sont des exemples parmi beaucoup d'autres. Le producteur Phil Spector poussera le genre à son maximum. Il inventera pour ses groupes de filles (« Girls groups » : les Crystals, les Ronettes) un son urbain, construit entièrement en studio, avec des chansons aux harmonies imparables, soutenues par un rythme puissant. Bref, une synthèse idéale entre la mélodie de tradition européenne et la pulsation de base de la musique afro-américaine.
La touche anglaise
En Europe, la pop prend sa forme définitive avec l'explosion anglaise des années 1960. Avec les Kinks et quelques autres, les Beatles seront au centre de ce phénomène. En même temps que leur image de « gentils garçons », toujours jeunes, souriants et pleins d'humour, ils vont donner à la pop ses lettres de noblesse. La mélodie, nette, bien construite, accessible à tous, en est le pivot central. Autour, on ajoute des voix aériennes, avec, souvent, une voix solo qui s'appuie sur des chœurs ou sur des voix en contrepoint. L'instrument de base est la guitare, qui distille des notes sucrées et des guirlandes d'arpèges. Petit à petit (Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band, 1967), on ajoutera des instrumentations plus sophistiquées en même temps que les textes deviendront plus ambitieux. Mais, à la base, la chanson pop, c'est une mélodie agréable, un rythme entraînant mais pas trop, des paroles plus drôles ou poétiques que contestataires. L'album des Beatles Rubber Soul (1965) peut être considéré comme le summum de l'art pop, avec des chansons telles que Nowhere Man, Drive My Car, The Word, Michelle ou Norwegian Wood. Tout y est : la grâce mélodique, les guitares détendues, la batterie subtile, les textes amusants, mais sans grande prétention (si l'on excepte peut-être Nowhere Man).
Aux États-Unis, les Beach Boys relèvent le défi des Fab Four et conçoivent, en 1965, le fantastique Pet Sounds, dont l'auteur principal, Brian Wilson, dira, sans fausse modestie, que c'est « le premier album qui communiquait à la jeunesse du monde de la musique et pas seulement du rock and roll sur trois accords ».
On opposera bientôt la pop, légère mais bien ciselée, non rebelle, au rock, pur et dur, violent, spontané, contestataire, refusant (en théorie) la récupération par les maisons de disques.
Les autres pays aussi
Dans les années 1970, la pop devient universelle. Le groupe suédois Abba connaît alors un succès mondial avec sa « powerhouse pop », un mélange harmonique impeccable et des mélodies « tout-terrain ». Les Bee Gees , groupe anglo-australien, impriment pour leur part une nouvelle direction à la pop en introduisant derrière leurs harmonies vocales de néo-castrats une rythmique frénétique qui va bientôt s'appeler le disco. Leur BO du film la Fièvre du samedi soir (Saturday Night Fever) se vendra à plus de 30 millions d'exemplaires.
En France, la pop, en tant que telle, ne sera bien souvent qu'une adaptation locale des succès anglais, à la Ronnie Bird. On ne saurait omettre, cependant, la dimension pop de l'œuvre de Serge Gainsbourg, avec des chansons comme Qui est in, qui est out ? ou Docteur Jekyll et Mister Hide (1966), toutes deux étant écrites justement à Londres, ou certains éléments de l'album Melody Nelson (1971). On peut aussi citer des artistes comme Françoise Hardy, Laurent Voulzy, Étienne Daho ou le groupe Niagara, dont les belles compositions témoignent de l'existence d'une pop française de qualité.
La fin de siècle
Au cours des années 1980, la new wave, aussi froide et intellectuelle qu'elle se veuille, ne sera jamais bien loin des canons pop. Pendant ce temps, aux États-Unis, un « roi » est né : Michael Jackson, dont les deux albums Off the Wall (1979) et Thriller (1982), produits par son incomparable mentor, Quincy Jones (né en 1933), lancent l'une des carrières les plus étincelantes de la fin du xxe s. « Roi [autoproclamé] de la pop », le chanteur ex-membre des Jackson Five, également danseur hors pair, est celui qui donne le sens le plus accompli à la révolution du clip.
En Europe, le réveil auquel on assiste dans les années 1990 avec la « brit pop » est le signe du retour des jeunes musiciens anglais à la tradition inaugurée dans les années 1960. Des groupes comme Blur ou Pulp ressortent toutes les leçons apprises au cours de trois décennies.