oratorio
(italien oratorio, du latin ecclésiastique oratorium, oratoire)
Genre musical dramatique, généralement sacré, non représenté, pour soli, chœur et instruments.
À l'origine, l'oratorio était destiné aux exercices spirituels de la Congregazione dell'oratorio à Rome (d'où son nom). Carissimi, au xviie s., est le maître du genre, en langue latine (Jephte). L'Italie influencera d'autres pays, notamment l'Autriche, où les compositeurs s'attachent au texte relatant la Passion, et la France, par l'intermédiaire de M. A. Charpentier. En Allemagne, l'oratorio traite soit de la Passion (Telemann), soit de sujets bibliques.
Au xviiie s., l'oratorio, très à la mode, change de langage et devient une œuvre de concert. Händel, en Angleterre, lui applique les principes de l'art lyrique et illustre magistralement le genre (le Messie). A. Scarlatti, Legrenzi ou Lotti réalisent des chefs-d'œuvre en langue vulgaire. Le xixe s. naissant est marqué par la domination artistique de la Création et des Saisons de J. Haydn, avant que la période romantique ne soit représentée par Berlioz, dont le tempérament s'assagit avec l'Enfance du Christ. Mais l'oratorio, qui par ailleurs gardait un esprit théâtral, s'élargit en une grande fresque paraliturgique avec Liszt (Christus).
Au début du xxe s., une ère nouvelle s'ouvre quand l'oratorio d'esprit religieux tel que le concevait C. Franck (les Béatitudes) intéresse un compositeur protestant comme A. Honegger (le Roi David, Jeanne d'Arc au bûcher). Avec un langage différent, Messiaen continuera cet effort vers la ferveur. Puis les nationalismes s'exprimeront à travers l'oratorio avec Dvořák, Schönberg (Moïse et Aaron), Dallapiccola, Stravinski (Œdipus Rex), Penderecki, Krenek, Cl. Champagne.