embaumement

Louqsor, peinture de la tombe de Senedjem
Louqsor, peinture de la tombe de Senedjem

Action d'embaumer un cadavre ; procédé par lequel on embaume les cadavres.

Le mot dans l’histoire

L'embaumement (d'un mot usité au xiiie s. : embalsement) perd en partie au xvie s., avec l'orthographe et la consonance que depuis nous lui connaissons, la justesse de son sens étymologique. On trouve, en effet, une allusion directe dans « embalsement » au balsamier, variété de peuplier dont les glandes à forte sécrétion des feuilles, ainsi que les bourgeons, servent à l'obtention de substances balsamiques. Ce sont de telles substances qui, au même titre que l'essence de tolu ou de chénopodium, introduites dans un corps, servaient à empêcher sa putréfaction interne.

Les techniques d’embaumement

Dans les civilisations anciennes, l'embaumement était obtenu surtout par l'emploi de goudrons (phénols) et de substances balsamiques. Dès lors qu'il est embaumé, de cadavre putrescible qu'il était, le corps devient momie ; car l'embaumement est un procédé artificiel de conservation devant être situé à l'intérieur d'un processus beaucoup plus vaste, la momification, qui comprend, outre la préservation des corps en milieu naturel très sec (Pérou précolombien) ou de glace, toutes les différentes techniques pratiquées dans le monde ayant, par dessiccation (c’est-à-dire par déshydratation), fumage, enrobement, etc., le même but préservateur.

Aujourd'hui, les progrès de la chimie ont permis de perfectionner ses techniques. L'embaumement ne peut être effectué qu'après l'autorisation administrative, et les substances utilisées sont réglementées. On a donc généralement recours au chlorure de zinc dilué au cinquième dans de l'alcool, à divers acétates, etc. Les antiseptiques introduits dans le corps à embaumer détruisent les germes des micro-organismes ou, tout au moins, s'opposent à leur développement. La conservation des cadavres destinés aux recherches anatomiques est assurée par un liquide à base d'acide phénique que l'on injecte par l'artère fémorale ou la carotide.

L’embaumement dans l’Égypte ancienne

Les anciens Égyptiens, dont la croyance était que l'âme demeurait auprès du corps tant qu'il conservait sa forme, ont pratiqué l'embaumement, qui tint, en tant que pratique généralisée, une place considérable dans l'histoire de leur civilisation. Anubis, Dieu des Morts et conducteur des âmes, était considéré comme l'inventeur de la momification, qu'il pratiqua pour la première fois sur le corps d'Osiris. L’embaumement égyptien, technique remarquable, se décomposait en quatre grandes opérations successives. Il s'agissait tout d'abord de vider toutes les cavités du corps, soit en pratiquant une extraction chirurgicale des viscères, soit en parvenant à la dissolution interne de ceux-ci grâce à l'emploi d'un liquide caustique. Venait ensuite l'élimination, après un premier lavage, de la graisse et des mucosités en soumettant la dépouille mortelle, durant 70 jours environ, à l'action du carbonate de soude. L'opération suivante consistait à pratiquer la dessiccation du corps, tantôt à l'air, tantôt dans une étuve. Au cours de cette dessiccation, le cadavre pouvait, ou bien être verni et empli de substances balsamiques et antiseptiques, ou bien être plongé dans un bain de bitume chaud ou de cire fondue, qui le pénétrait de toutes parts. En dernier lieu, de nombreuses bandelettes, enduites de gomme et appliquées sur toutes les régions du corps, fermaient l'accès à l'air et à l'humidité. Les momies retrouvées dans les nécropoles de la Haute-Égypte remontent à plus de 3 000 ans.

L’embaument dans l’histoire et à travers les continents

D'autres peuples de l'Antiquité ont recouru à l'embaumement. Cet honneur était réservé, chez les Hébreux, aux personnes du plus haut rang, mais on ne se proposait d'arrêter la putréfaction que durant la période de deuil. Les Grecs, qui brûlaient les corps des morts, pratiquaient aussi, avant l'incinération, une sorte d'embaumement.

La découverte de momies incas témoignent également de procédés d’embaumement en Amérique précolombienne. La momification du corps requérait les plus grands soins. On retirait d'abord les viscères par une incision abdominale puis on coulait par la bouche du mort un mélange de baume de tolu, de baume du Pérou et d'essence de chonopadium. Des gousses de taro, qui servent encore au tannage, étaient introduites dans le corps par incision abdominale. Le cadavre était alors desséché dans des étuves ou au soleil, avant d'être mis dans la position fœtale et revêtu des habits royaux.

Louqsor, peinture de la tombe de Senedjem
Louqsor, peinture de la tombe de Senedjem
  • 1300 avant J.-C. Apogée des techniques d'embaumement des momies en Égypte.