Massif central
Ensemble de hautes terres du centre et du sud de la France couvrant environ 80 000 km2, culminant à 1 885 m au puy de Sancy, mais d'une altitude moyenne de 714 m.
Le Massif central correspond à la majeure partie de l'Auvergne et du Limousin, mais englobe aussi des parties de Midi-Pyrénées, du Languedoc-Roussillon, de Rhône-Alpes, de la Bourgogne. Couvrant plus du septième de la superficie de la France, le Massif central compte, avec environ 3,7 millions d'habitants, moins du quinzième de sa population.
La formation du Massif central
Le Massif central est le reste d'une ancienne chaîne de montagnes, qui s'est formée lors de l'orogenèse hercynienne à la fin du paléozoïque (ère primaire), entre – 450 et – 290 millions d'années. Les structures tectoniques et les transformations minéralogiques observées sont les témoins de la convergence entre deux continents : la Laurussie et le Gondwana.
Cette chaîne, dite varisque, fut ensuite érodée au mésozoïque (ère secondaire) et transformée en une pénéplaine. En bordure et dans certains bassins, des mers y déposèrent des sédiments. Ce massif aplani fut ensuite rajeuni, relevé et fracturé au tertiaire par le contrecoup de l'orogenèse alpine (plissement alpin), qui l'a basculé vers le nord-ouest. Celle-ci redressa surtout les bordures orientales (mont Lozère : 1 700 m), qui dominent nettement la plaine du Rhône, et méridionales, tandis que vers le nord et l'ouest s'étendent des plateaux étagés, de moins en moins élevés, plongeant insensiblement vers le Bassin parisien et l'Aquitaine. Cette surrection engendra également la formation des bassins d'effondrement du Forez, du Puy, de la Limagne. Le bombement du Massif central provoqua des fractures et une remontée du manteau supérieur, ce qui engendra un volcanisme important avec de larges stratovolcans comme le Cantal (le plus grand volcan d'Europe), le massif des monts Dore, le Cézallier, la chaîne des Puys.
Le matériel cristallin (granite, granulite : surtout à l'E. et au N.) et métamorphique (gneiss, micaschiste : surtout dans le S.-O. et le centre) domine largement. Le relief est tributaire de cycles d'érosion (pénéplaine posthercynienne remaniée ensuite plus ou moins largement à maintes reprises), de failles, de la résistance inégale des roches en fonction de leur composition chimique.
Quatre grandes régions
Les bordures orientales et méridionales
La bordure orientale, relevée et fracturée, est formée d'une succession de massifs, séparés par les dépressions orientées N.-E.-S.-O., plus ou moins larges au N. (le bassin houiller d'Autun, la Dheune-Bourbince et le Charolais, la Brévenne, le bassin houiller de Jarez). Du nord au sud se succèdent sur 300 km des petits massifs cristallins : le Morvan (bloc basculé vers le N. et entouré de dépressions périphériques sédimentaires), les monts du Mâconnais, le Beaujolais, les monts du Lyonnais, le Vivarais volcanique, les Cévennes proprement dites (du Tanargue à l'Aigoual), la montagne de la Séranne (rebord du causse du Larzac), les monts de l'Escandorgue, de l'Espinouse, du Pardailhan, la Montagne Noire.
La région nord-est et centrale
La région nord-est et centrale est celle qui a subi les bouleversements les plus importants au tertiaire, qui ont rajeuni ainsi les reliefs. Trois types de paysages se juxtaposent. Réparties sur 30 millions d'années, de l'oligocène au quaternaire, les éruptions (les plus longues en Limagne, les plus récentes dans les monts Dôme et le Vivarais) ont donné les plus hauts sommets : le massif du Cantal, le volcan de loin le plus considérable, le Cézallier (un plateau en coupole), les monts Dore, le puy de Sancy (le plus haut sommet du Massif central, à 1 885 m), la chaîne des Puys et les monts Dôme, autour du puy de Dôme, le Velay, l'Aubrac et le Devès (des plateaux réguliers et dissymétriques), le mont Mézenc et le Meygal. Des hauts plateaux cristallins, blocs faillés dissymétriques du socle (monts de la Madeleine, du Livradois, de la Margeride), dominent les bassins d'effondrement à substrat sédimentaire, qui sont marneux et fertiles (les Limagnes, bassin du Puy, Aurillac) ou sableux et plus pauvres (Roanne, Forez, Ambert).
La région nord-ouest
La région nord-ouest descend en gradins vers l'ouest (plateau de Millevaches, Limousin, Marche, etc.). Ses plateaux cristallins étagés, arrondis par l'érosion et arénitisés, sont entaillés par de profondes vallées qui rompent la monotonie du paysage.
La partie méridionale
La partie méridionale du Massif central se compose d'une vaste région de plateaux calcaires (Causses), encadrée par des massifs cristallins élevés (Ségala, monts de Lacaune, Cévennes). L'Aigoual, le mont Lozère et le Mercoire sont des massifs faillés, dissymétriques. Les Causses, plateaux compacts séparés par des gorges profondes et formant voûte, se divisent en petites unités : causse Noir, causse Méjean, causse du Larzac, Causses du Quercy. Ce sont des pays secs, pauvres, couverts de maigres pâturages, où abondent les phénomènes karstiques (gouffres, dolines). Le bassin sédimentaire des Rougiers rouergats est gréseux. Les bombements (Ségalas rouergats, Albigeois) sont relativement monotones et coupés de gorges (réseaux de la Dordogne, du Lot, du Tarn).
Le climat
L'ensemble a un climat assez rude, qui subit l'influence de l'altitude : les hivers sont froids et longs (100 à 150 jours de gelées selon les régions, échelonnés jusqu'au cœur du printemps). Les étés sont courts et les précipitations abondantes. Mais ce climat subit des influences diverses. Deux variétés climatiques principales s'observent : océanique, plus doux et humide à l'O., dans le Limousin et en Auvergne, frais sur les plateaux limousins élevés, il est au contraire à tendance semi-continentale, chaud et sec, surtout accentuée dans les bassins, au S.-E., dans les Cévennes. Les influences méditerranéennes pénètrent peu, sauf dans le S.-E. Le Massif central est un château d'eau, c'est en effet l'aire de dispersion des grands fleuves français et de leurs principaux affluents (Seine, Loire, Allier, Dordogne, Tarn, Lot, Gard, Ardèche, Cher, Creuse, Vienne...).
La végétation
Couvert surtout de chênes (et, plus haut, de hêtres à l'O., de sapins au N.-E., de pins au S.-E.) avant les défrichements, le Massif central était devenu la tête chauve de la France (10 % de bois) au xixe s. De vastes reboisements ont été opérés, surtout dans la Montagne limousine, les massifs de l'E. et du S.-E. La disparition presque complète de la lande occidentale de bruyère bonifiée au xixe s. a été compensée par l'extension des friches récentes (massifs du centre-est et du S.).
La population
Le Massif central n'a jamais eu d'unité humaine. Les nombreuses provinces qui le composaient débordaient souvent sur les avant-pays, et il est aujourd'hui partagé, en fait, entre six Régions administratives, mais deux Régions seulement, l'Auvergne et le Limousin, lui appartiennent complètement. Formé en majeure partie de plateaux aux sols pauvres, battus par le vent, le Massif central a toujours été un réservoir de main-d'œuvre pour les régions voisines, et cet exode des travailleurs explique que des départements comme la Lozère soient aujourd'hui des déserts.
L'urbanisation est dense, mais modeste, à l'exception de Saint-Étienne, de Clermont-Ferrand, de Limoges, où l'industrie est présente.
Les activités économiques
La pauvreté d'une économie de subsistance (seigle, mouton, sauf en Limagne [blé, vigne], bovins nombreux seulement sur les plus hauts massifs) a provoqué une émigration temporaire et un artisanat rural répandus surtout en Limousin et à l'E. À un surpeuplement massif à des niveaux divers (l'Auvergne fut longtemps une des provinces les plus densément peuplées de France) a succédé depuis le xixe s. un dépeuplement par un énorme exode rural, vidant les campagnes et ayant entraîné l'extensification de l'économie et la prépondérance de l'élevage (surtout bovins ; moutons au S.), sauf en Limagne.
L'agriculture
L'agriculture reste encore l'activité principale. Pratiquée sur des petites exploitations, cette agriculture est surtout vivrière. Sauf dans les Limagnes et sur le versant oriental, où des cultures intensives sont pratiquées (vigne, betterave, blé), les cultures traditionnelles du Massif central (blé, pomme de terre) déclinent partout au profit de l'élevage bovin, mieux adapté aux conditions naturelles : les pays du Limousin et du Morvan sont surtout des producteurs de viande, alors que les monts d'Auvergne, les monts Dore et l'Aubrac se sont orientés vers la production de lait et de fromage. L'élevage des porcs, lié à la culture de la pomme de terre, garde son importance, tandis que celui des ovins, pratiqué surtout dans les Causses (fromageries de roquefort), décline.
L'industrie en Auvergne
L'industrie, issue d'un artisanat particulièrement important (dentelles du Puy, tapisseries d'Aubusson, coutellerie de Thiers), ne s'est guère développée ou centralisée: industries métallurgiques, liées aux anciens bassins houillers du Creusot, de Saint-Étienne et de Decazeville, industries textiles (Roanne, Saint-Étienne), industrie du caoutchouc à Clermont-Ferrand, la seule importante sur le plan national.
L'énergie hydroélectrique ne manque pas (installations de la haute Vézère, de la Cère, de la Truyère, de la haute Loire) et a favorisé quelques industries, comme l'usine d'aluminium de Péchiney vers Issoire. Mais le développement économique du Massif central est encore entravé par les difficultés de communications séculaires, aussi bien à l'intérieur même de la région qu'avec les régions voisines.
La route a permis, sinon d'ouvrir le pays à la vie économique nationale, tout au moins de rompre l'isolement des campagnes. Les autoroutes Lyon – Saint-Étienne – Clermont-Ferrand (A 72) ainsi que Paris – Montpellier, l'Arverne (A 71), permettent de désenclaver l'Auvergne.
Le tourisme
Le tourisme et le thermalisme se sont développés, localement et de façon saisonnière (stations thermales d'Auvergne et de Vichy, montagnes volcaniques). Avec la création du parc national des Cévennes et des parcs naturels régionaux des Causses du Quercy, des Grands Causses, du Haut-Languedoc, du Livradois-Forez, de Millevaches en Limousin, des Monts d'Ardèche, du Morvan, du Pilat, des Volcans d'Auvergne, le Massif central s'est spécialisé dans le tourisme vert et les classes découvertes, avec l'ouverture de nombreux gîtes d'étape et de centres d'accueil pour les familles et les groupes.
Le développement
Un groupement d'intérêt public (G.I.P.) a été créé en 2009 par six régions, dans le but d'accueillir de nouvelles populations (pour contrecarrer le vieillissement et la diminution de la population), créer de la richesse industrielle, agricole et forestière et améliorer l'accès au massif.