La ville de Lai Chau se niche au fond de la vallée de la Da, entourée par d'impressionnantes montagnes où vivent très isolées des tribus hmong. Dans cette vallée, la culture du pavot est la principale ressource des populations paysannes. La récolte est exportée vers la Chine et la Thaïlande par des contrebandiers à la solde des trafiquants d'opium. Aujourd'hui, ces activités sont menacées par un projet de barrage qui prévoit d'engloutir la vallée et la ville de Lai Chau par les eaux de retenue. Le poste frontalier de Lao Cai a été fermé à la circulation de 1979 à 1993 à cause du conflit qui a opposé le Viêt Nam à la Chine populaire. Depuis sa réouverture, ce poste est une étape importante sur le trajet qui relie Hanoi à Kumming, la capitale de la province du Yunnan.
La fête du Têt
Plus de dix millions de Vietnamiens vivent entassés dans les villes et villages de la vallée du Song Kôi, le cœur de la nation. Ce delta et cette vallée avaient déjà retenu les premiers habitants du pays qui ont tiré parti de la fertilité des terres alluviales. La fête du Têt, fête du nouvel an lunaire, est l'occasion de grandioses célébrations dans toute la vallée du fleuve. Tombant à l'époque de l'année où les paysans replantent les cultures, cette fête est célébrée avec ferveur et enthousiasme. Dans tout le nord du pays, les gens s'arrêtent de travailler et les écoles ferment.
Pour la population paysanne, la fin du Têt marque le début d'un cycle immuable de dur labeur pour faire jaillir du sol le riz nourricier indispensable à son existence. Il lui faudra retourner la boue des champs à l'aide d'une charrue tirée par un buffle aux larges cornes. Après le labourage viendra le repiquage à la main des plants de riz auquel succédera le temps de la récolte, de l'empilage et du séchage des grains sur les places de village et le long des routes ; enfin, celui du décorticage des grains précédera la vente sur le marché. Il en est ainsi depuis des siècles, quel que soit le régime politique en place.
Le berceau de l'oncle Hô
La maison de la famille de Hô Chi Minh se trouve dans le village de Kim Liên, situé à 14 km au sud-ouest de Vinh, petite ville portuaire édifié sur un estuaire à mi-chemin de Hanoi et de Huê, capitale de la province de Nghee An. Le père de la nation est né en 1890 dans cette région réputée pour son climat malsain. Il est resté dans son village natal une partie de son enfance. Là, il est connu sous sa véritable identité de Nguyen Sinh Cung. Hô Chi Minh est un nom de guerre qu'il a conservé après les longues années de clandestinité et qui signifie en vietnamien : « Celui qui éclaire ».
Les provinces du Centre, comme celles de Nghee An et de Ha Trinh, subissent le pire climat que connaisse le Viêt Nam. De terribles typhons suivis d'inondations dévastatrices les ravagent chaque année. Les terres boisées des hauteurs recouvrent 80 % de leur superficie, formant un habitat favorable à l'existence de grands mammifères comme les tigres, les léopards, les éléphants et les rhinocéros. Le littoral est en revanche plus hospitalier. À une vingtaine de kilomètres de Vinh, la plage de Cua Lo est une superbe étendue de sable. Les flâneurs matinaux ont le plaisir d'assister au départ des bateaux de pêche ; toutes voiles dehors, ceux-ci quittent l'estuaire qui les abrite.
Située sur le fameux 17e parallèle, la rivière Ben Haï a été choisie par les négociateurs de la conférence de paix tenue à Genève en 1954 comme ligne de démarcation entre le Nord et le Sud. De part et d'autre de cette frontière, les négociateurs avaient instauré une zone démilitarisée de 4 km qui n'était franchissable que par la route no 1 reliant Hanoi à Hô Chi Minh-Ville (alors Saigon) et par le célèbre pont cantilever en acier.
Huê, capitale impériale des Nguyen
La « route mandarine » traverse aujourd'hui le district de Quang Tri, le plus sinistré par la guerre. Pour se rendre de Dong Ha à Huê, il faut emprunter une portion de cette artère jadis très fréquentée par les artistes et les nobles que la cour impériale attirait. Pendant la guerre d'Indochine, les soldats français basés à cet endroit avaient baptisé cette portion de route « la rue sans joie », en souvenir d'un film muet de Pabst. En ce lieu de passage stratégique isolant le Sud du Nord, la pugnacité des combattants viêt-minh était grande.