Itinéraire vietnamien
Après avoir vécu près d'un quart de siècle dans sa chrysalide communiste, le Viêt Nam s'ouvre au monde. Situé au cœur de l'Asie du Sud-Est, au milieu de pays en plein essor économique, il s'engage avec prudence sur la voie du « capitalisme populaire ».
Une décennie d'ouverture a révélé aux premiers visiteurs étrangers les richesses de son sous-sol et les beautés d'une culture ancestrale méconnue.
Terre d'expérimentation sociale originale et terre de spiritualité bouddhiste et animiste, le Viêt Nam mérite de devenir une prochaine destination du grand tourisme international. Le pays aux deux deltas s'étire du nord au sud sur 1 650 km, offrant près de 3 260 km de côtes du golfe du Tonkin à la mer de Chine. Trois journées de train séparent Hanoi de Hô Chi Minh-Ville, vétusté de la voie ferrée oblige ! Mais qui se plaindra d'avancer à petite vitesse à travers la multitude de paysages où rizières, montagnes et forêts ne cessent de se refléter dans les eaux de majestueux fleuves nés de la fonte des neiges de l'Himalaya.
Hanoi, ville millénaire
Hanoi est la fille bien-aimée du Sông Hông, ce fleuve que nous connaissons sous le nom de fleuve Rouge. Née dans la nuit des temps entre deux bras d'un delta très fertile, elle occupe un des sites du Vieux Monde le plus anciennement fréquenté par les hommes. D'innombrables vestiges portent sur ses berges les traces d'une présence humaine antérieure au néolithique.
Durant plusieurs siècles, la capitale du Viêt Nam s'est nommée Thang Long, « le dragon qui prend son envol ». Ce nom lui a été donné en 1010 par le fondateur de la dynastie des Ly, l'empereur Ly Thai Tô. N'avait-il pas vu en songe un dragon prenant son élan sur le site de Hanoi et dessinant au cours de son survol les futures limites de la cité ? C'est ainsi que, à l'emplacement de la vieille citadelle de Day La, Ly Thai Tô fit ériger la capitale de son empire.
Hanoi ne perdra son statut de capitale qu'en 1802, au profit de Huê, lors de la réunification de l'empire opérée par la dynastie des Nguyen, originaire du Sud. Mais sous l'occupation des Français elle le recouvrera en 1887. Un demi-siècle plus tard, cette fonction de capitale du Viêt Nam sera confirmée : le président Hô Chi Minh l'ayant choisie pour proclamer, depuis une tribune montée sur la place Ba Dinh, l'indépendance du pays un certain 2 septembre 1945.
À partir de cette date, la fille chérie du fleuve va connaître un cycle quasi ininterrompu de souffrances au cours des deux guerres de libération que les Vietnamiens auront à mener pendant trente années. Elle sera notamment en 1972 la cible des bombardiers américains B52 durant douze jours. Or quel n'est pas l'étonnement des visiteurs étrangers de découvrir que la ville a pansé toutes ses plaies de guerre. Rares sont les endroits où subsistent des traces de ces cruels bombardements.
Des lacs et des légendes
L'ancienne capitale impériale est une place forte qui a été plusieurs fois détruite et reconstruite au cours de son histoire, que ce soit après le passage des armées chinoises, des hordes mongoles ou des canonnières françaises. C'est pourquoi elle offre aujourd'hui à ceux qui la visitent pour la première fois des quartiers très divers et contrastés.
À côté des lacs s'étirent les spacieuses villas néo-classiques de l'époque coloniale, bâties au début du xxe siècle, le long de larges avenues bordées d'arbres presque centenaires. En opposition à ces perspectives rectilignes des urbanistes français, la vieille ville vietnamienne s'enroule sur elle-même autour du quartier des affaires de Hoam Kiem dans un écheveau serré de ruelles populeuses. Le quartier de Hoam Kiem doit son nom au plan d'eau qu'il borde dit « le lac de l'épée restituée ». Selon une légende chère aux habitants de Hanoi, une tortue serait sortie du lac pour remettre au roi Lê Loi l'épée magique avec laquelle il a combattu et vaincu les Ming qui occupaient au début du xve siècle le delta du Song Kôi. À la suite de ses victoires, le roi libérateur se fera proclamer empereur sous le nom de Lê Thai Tô, instaurant ainsi la dynastie des Lê.