G. U.

Le plan Allègre

L'enveloppe de 4,7 milliards de francs pour les lycées présentée par M. Allègre s'articule autour de deux axes : un emprunt de 4 milliards sur quatre ans consenti à taux zéro aux conseils régionaux, le budget devant financer des mesures complémentaires, comme le renforcement de la présence des adultes dans les lycées. Accueilli avec prudence dans les Régions, ce plan ne saurait occulter un débat de fond sur la reforme des lycées et la conception de l'enseignement sur laquelle ils reposent, nécessitant une refonte des programmes et des manuels scolaires.

La gauche plurielle à l'épreuve

Après un état de grâce persistant depuis son accession au pouvoir en juin 1997, le temps des épreuves a-t-il sonne pour la gauche « plurielle » ? La perspective des européennes de juin 1999 semble en effet réveiller les querelles fratricides entre les cinq composantes de la majorité plurielle, dont la cohésion pourrait ne pas résister aux ambitions concurrentes au sein du gouvernement dominé parles socialistes.

Après un an et demi de pouvoir, la majorité « plurielle » ne semble pas encore en ressentir l'usure. Constituée à la hâte dans la foulée de la dissolution de l'Assemblée nationale d'avril 1997, l'alliance du PS, du PC, des Verts, du Mouvement des citoyens (MDC) et du Parti des radicaux de gauche (PRG) s'est adaptée à la réalité d'un pouvoir qui lui a appris à faire preuve de pragmatisme pour surmonter ses différends. Grâce à des indices économiques rassurants et à une cohabitation plutôt harmonieuse, la majorité plurielle bénéficie d'une cote de popularité au beau fixe et d'un état de grâce persistant depuis juin 1997. Tandis que la droite, déchirée par les régionales de mars 1998, est engagée dans un laborieux processus de recomposition au sein de l'Alliance, la gauche rénovée au pouvoir a préservé sa cohésion ; la discipline gouvernementale a prévalu, malgré les crises parlementaires relayant les mouvements sociaux, des chômeurs aux lycéens en passant par les sans-papiers.

Dégagé de la pression électorale jusqu'à 2001, le gouvernement de Lionel Jospin peut envisager l'avenir avec d'autant plus de confiance qu'il a désormais un allié de poids en Allemagne, où le social-démocrate Gerhard Schröder est devenu chancelier en septembre. Des nuages s'annoncent pourtant. Si, après 1981, la gauche puise sa force non plus dans l'union mais dans la pluralité, celle-ci montre ses limites alors qu'approche l'échéance des élections européennes de juin 1999. Désireuses de faire valoir leur poids dans la majorité tout en répondant aux attentes de leur base, ses composantes minoritaires intensifient les pressions sur le gouvernement, multipliant les critiques à l'adresse d'un PS accusé d'hégémonisme. La campagne des européennes n'est pas encore lancée, mais la bataille est ouverte au sein de la gauche plurielle dont certains éléments espèrent un nouvel équilibre des forces. Le projet de budget de 1999 donne ainsi l'occasion au PC de dénoncer les tentations libérales de M. Jospin, suspecté de vouloir recentrer sa politique en mettant en œuvre une « stratégie présidentielle » pour prendre une option sur l'Élysée en 2002.

Le fiasco du PACS, rejeté une première fois le 9 octobre par la droite faute de mobilisation socialiste, trahirait d'ailleurs le peu de cas que fait le PS de ses alliés de gauche. Galvanisés par la coalition entre les sociaux-démocrates et les « Grünen » en Allemagne, les Verts ne manqueront pas de faire entendre leur voix, en contestant au passage la validité du traditionnel axe PS-PC. Une concurrence pas forcément très saine pour la gauche plurielle.

G. U.

Le PACS ou les limites de la solidarité

Le 9 octobre, le projet de loi socialiste visant à créer un Pacte civil de solidarité (PACS) est rejetée par les députés de l'opposition... faute de combattants socialistes. Ces derniers ne s'étaient pas déplacés en nombre pour défendre un texte controversé qui, entre autres, reconnaît des droits aux couples homosexuels, à côté des couples hétérosexuels, mariés ou concubins, et dont ils redoutent l'impact sur l'électorat. Un PACS a été de nouveau examiné au début du mois de novembre à l'Assemblée, mais ce faux pas alimente des soupçons durables ; sans révéler de fracture réelle dans la majorité plurielle, il traduit les limites de la solidarité entre le PS et ses alliés de gauche, qui y voient le signe d'une « politique timorée », tentée par une ouverture au centre.

La cohabitation, coexistence pacifique ou veillée d'armes ?

La cohabitation entre l'Élysée et Matignon, à l'œuvre depuis juin 1997, se déroule de façon plutôt harmonieuse, maigre quelques faux pas. Mais les pressions des états-majors politiques de part et d'autres, et les grandes échéances électorales, même lointaines, pourraient bien provoquer des turbulences dans cet exercice partagé du pouvoir.