Comment s'explique cet effritement de la principale chaîne française ? Par le score décevant de nouvelles émissions d'abord, comme « L'or à la pelle » ou « L'appel de la couette » ; par la trop grande abondance de certains types de programme, ensuite, comme le football (TF 1 envisage ainsi de limiter les retransmissions de Coupes d'Europe) ; enfin, par le vieillissement de certaines émissions telles « Dorothée » ou certains sitcoms et par la désaffection croissante du public pour ce qui, il y a encore deux ou trois ans, était au sommet : le reality show, c'est-à-dire le témoignage à l'écran des gens ordinaires, auxquels peuvent s'identifier les téléspectateurs. À cet égard, l'émission (si souvent critiquée pour ses excès démagogiques) « Témoin no 1 », présentée par Jacques Pradel, risque fort, à terme, de disparaître de la grille. De nouveaux concepts apparaissent et qui tournent autour du « sens », de ce qui permet au public de « réfléchir et prendre du recul » : ainsi l'émission de Paul Amar, « Le monde de Léa », est une des bonnes surprises de l'année venant de TF 1. Certains mettent également en cause le rôle trop décisif pris par la régie publicitaire au sein de la direction de la chaîne. En clair, la pub déterminerait trop fortement la politique des programmes. Soucieuse de toucher prioritairement la « ménagère de moins de cinquante ans », celle qui détermine la consommation et les achats de la famille, la régie publicitaire aurait imposé des programmes par trop dirigés vers cette cible, oubliant les autres, vieux, jeunes, célibataires, etc.

La télé est une affaire trop sérieuse pour la laisser exclusivement aux « gens de la réclame »...

Radios

La révolution Europe 1

En juillet, une enquête Médiamétrie révélait qu'Europe 1 se trouvait en chute libre, devancée non seulement par ses consœurs généralistes mais aussi par France Info et NRJ (malgré la perte d'un point, RTL demeurait en tête avec 16,5 % de l'audience devant France Inter, 11,5 %, et NRJ, 11,1 %, qui réalisait une nouvelle percée, gagnant près de un point en un an alors que France Info passait de 9,9 % à 10,5 %). Avec seulement 8,5 % d'audience cumulée pour le deuxième trimestre 1996, la station enregistrait une véritable hémorragie d'auditeurs. Afin d'endiguer cette dégringolade, la direction a opté pour un recentrage autour de l'actualité, recentrage dirigé par Jérôme Bellay, qui, auparavant, exerçait ses talents sur France Info et LCI. Son pari est celui de l'information avec des tranches étendues matin, midi et soir, des tranches articulées autour de journaux courts de 8 à 10 minutes suivis de développements destinés aux auditeurs désireux d'en savoir plus.

L'actualité a donc été étoffée d'entretiens, d'interviews et d'interventions d'auditeurs avec quatre temps forts. De 9 h à 10 h 30, Yves Calvi, venu de LCI, éclaire les événements grâce à des invités, puis Isabelle Giodarno, présentatrice du « Journal du cinéma » sur Canal +, s'adresse à « un public plutôt féminin sur des sujets de société et de consommation ». Les après-midi sont livrés à Frédéric Mitterrand, qui raconte « les légendes du siècle », alors que Michel Field, fort de la réussite de « Générations », continue son dialogue avec les auditeurs. On note également le retour de Jean-Pierre Elkabbach pour une interview politique matinale. En quête d'une nouvelle identité, Europe 1 a perdu dans la tourmente quelques noms qui symbolisaient la station : François Jouffa, Maryse, Jean Roucas, du côté des animateurs, et Olivier de Rincquesen, Jean-François Rabilloud et François Seznec, chez les journalistes.

Changements importants également, mais en douceur, sur France Inter avec une grille de rentrée comportant quinze nouvelles émissions du lundi au vendredi et seize nouveautés pour le week-end. Quelques noms ont disparu (Philippe Dana, Gérard Lefort, Sylvain Augier), mais les auditeurs ont retrouvé la voix de Pierre Bouteiller, tandis que Claude Viller, José Arthur ou Daniel Mermet demeurent fidèles au poste. Du côté de l'information, seuls quelques aménagements ont marqué cette rentrée.