En raison des excédents européens, la chute des cours du porc a atteint, en octobre 1993, le plus bas niveau historique depuis douze ans. Les manifestants de Saint-Brieuc et de Guingamp ont rappelé que la Bretagne fournit 52,3 % de la production porcine française et 14 % de la production de la CEE.
Les écoles en breton Diwan (« le germe »), qui concernent dans la région 24 établissements et 1 099 enfants, sont mises en règlement judiciaire. Elles attendent de l'État la mise en place de contrats d'association.
Centre
Malgré ses vitraux dignes de Chartres, son tympan du Jugement dernier et sa grande nef sans transept, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges ressemblait à un joyau perdu au milieu du Berry. L'injustice est réparée. L'édifice est inscrit, depuis le 4 septembre, au patrimoine mondial de l'UNESCO. Après Amiens, Paris, Chartres et Reims, c'est la cinquième cathédrale gothique française à figurer à ce palmarès. La cérémonie, en présence de Federico Mayor, directeur général de l'UNESCO, a été l'occasion pour le ministre de la Culture, Jacques Toubon, de présenter sa politique patrimoniale.
Entièrement financé par la municipalité, le nouveau palais des congrès de Tours a ouvert ses portes le 17 septembre. Baptisé « Vinci », il est dû à l'architecte Jean Nouvel, auteur de l'Institut du monde arabe.
L'ouverture du Center Parc de Chaumont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher) a pour ambition de fixer un flot de touristes, beaucoup plus habitués à traverser la région qu'à y séjourner. Huit cent millions de francs ont été investis. Le complexe devrait employer 532 personnes : c'est l'offre d'emplois la plus importante de la Région Centre depuis la construction du TGV Atlantique.
Champagne-Ardenne
Après une période d'euphorie, qui s'est terminée avec la décennie 1980, les grandes maisons de champagne connaissent une crise qui risque d'être aggravée par les trop bonnes récoltes. En 1993, certains endroits produisent de 15 000 à 16 000 kilos par hectare, alors que la vigne est cultivée pour n'en produire que 12 000 kilos, et que plus d'un milliard de bouteilles dorment dans les caves. La mévente de champagne, trop cher dans le contexte actuel de récession mondiale, frappe l'ensemble des producteurs, grands ou petits. Pour la plupart des vignerons qui fournissent 80 % de leur récolte aux grands producteurs, les perspectives d'avenir sont peu réjouissantes. La vendange de 1993 leur est payée au prix de 20,50 francs le kilo. Elle leur avait été payée 24 francs en 1992, 30 en 1991, et 32 en 1990.
Quelques lueurs d'espoir se profilent cependant : 225 millions de cols sont commercialisés en 1993, contre 210 millions en 1992. La Champagne entre-t-elle dans une phase de déstockage ?
Battu de 49 voix aux élections législatives, Bernard Stasi, maire (CDS) d'Épernay, est convaincu d'avoir été victime d'une injustice : sa défaite est due à l'effondrement des cours du Champagne et au désarroi des viticulteurs conservateurs, qui se sont coalisés contre lui.
Corse
La Corse fut le premier département libéré. Cinquante ans après. François Mitterrand, venu célébrer l'anniversaire, en profite pour appeler les habitants de l'île « à bâtir l'avenir » en « préservant leur identité » dans le cadre de la République. Dans le propos présidentiel, cette identité « indestructible » a pris la place du « peuple corse » dont le Conseil constitutionnel n'avait pas voulu entendre parler en 1991.
De leur côté, les élus de l'Assemblée de Corse ont établi un plan de développement pour les quinze années à venir. Le premier plan a été rédigé par les insulaires eux-mêmes. Quatre priorités y ont été retenues : l'amélioration des grands axes routiers, la valorisation du potentiel touristique, la préservation de l'environnement et la politique de l'éducation et de la culture.
Alors que toutes les sociétés de transport enregistrent une baisse des réservations pour les liaisons Corse-continent, la nouvelle taxe additionnelle sur les transports (30 francs par personne et par passage), votée par l'Assemblée de Corse le 18 novembre 1992, entre en application le 1er juillet 1993. Elle doit venir remplir les caisses du Fonds d'intervention et d'aménagement de la Corse (FIAC). Cette taxe fait l'unanimité contre elle.