À travers les Régions

Alsace

Décidé le 7 novembre 1991 par Édith Cresson, alors Premier ministre, le déménagement à Strasbourg de l'École nationale d'administration (ENA) entrait dans le cadre d'une politique de délocalisation destinée à favoriser l'emploi en province. La décision avait été prise sans concertation, ni avec le conseil d'administration de l'école ni avec la municipalité (pourtant socialiste) de la métropole alsacienne.

En annulant le transfert de l'ENA à Strasbourg, le Conseil d'État avait bien donné satisfaction au personnel de l'École, mais le nouveau Premier ministre, Édouard Balladur, a décidé, le 7 juin 1993, de maintenir le transfert. Soulagement à l'hôtel de ville de Strasbourg où le maire, Catherine Trautmann (PS), s'est félicité de ce que « cette confirmation du transfert marque un respect des engagements faits » et « permet de mettre un terme aux derniers arguments jacobins qui liaient abusivement la qualité de l'enseignement de l'ENA à sa proximité ». Pour Édouard Balladur, la décision initiale n'avait pas à être remise en cause, « dès lors qu'elle n «est pas totalement mauvaise ».

En fait, cette délocalisation, décrétée par Édith Cresson et confirmée par Édouard Balladur, n'a pas vraiment passionné l'opinion publique alsacienne. Elle ne crée pas d'emplois, n'annonce pas d'investissements importants. Les gains relèvent plutôt du domaine symbolique : l'ENA peut conforter Strasbourg dans son ambition d'apparaître comme la capitale de l'Europe parlementaire. Par contre, les réactions des élèves de l'École (on a parlé de « goulag », de « déportation ») ont été ressenties par les Alsaciens comme autant d'insultes émanant de ces « Français de l'intérieur ».

Le bureau régional de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), à Strasbourg, vient de montrer qu'entre les deux derniers recensements (1982 et 1990), les départs d'Alsace ont été supérieurs aux arrivées. C'est d'autant plus surprenant que l'Alsace enregistre le plus faible taux de chômage de toutes les Régions françaises (5 % en 1990 ; 7,4 % en 1993). Il est vrai que le phénomène frontalier (61 000 Alsaciens travaillent en Allemagne et en Suisse) explique pour partie ces résultats. Avec 14,6 %, l'Alsace détient le taux de départs le plus faible de France ; elle enregistre aussi un des plus bas pourcentages d'arrivées (15 %). Seuls la Lorraine et le Nord-Pas-de-Calais font moins bien. En fait, la géographie des migrations a beaucoup évolué depuis vingt ans. Jusque vers 1970, l'Alsace recevait des populations de toutes les Régions, sauf de Provence-Alpes-Côte d'Azur et de Rhône-Alpes. Depuis, seuls le nord et l'est de la France lui envoient des migrants. Et encore, nombre de familles venues s'installer en Alsace en repartent au bout de quelques années : l'Alsace est une région de transit.

Les cigognes avaient disparu des cheminées et du ciel alsaciens en 1987. Elles sont aujourd'hui plus d'un millier. La plupart sont sédentarisées et élevées dans les enclos de l'Association pour la protection et la réintroduction des cigognes en Alsace (APRECIA). Pour parvenir à une meilleure connaissance des échassiers, le CNRS poursuit ses études, à l'aide de balises Argos, pour connaître les couloirs migratoires jusqu'en Afrique, et il est fait appel à la connaissance du terrain des 2 500 facteurs de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin : ils sont chargés d'observer les mouvements et vols des cigognes, et de procéder, cet hiver, au dénombrement des seules cigognes sédentarisées.

Aquitaine

Après avoir goûté au purgatoire de la deuxième division, le club des Girondins de Bordeaux a repris sa place dans l'élite du football français. Une gestion drastique, le refus du tapage médiatique, un budget de 100 millions de francs pour vingt joueurs, des salaires mensuels ne dépassant pas 100 000 francs : le club apparaît comme l'anti-Marseille.

Repreneur et redresseur du club, Alain Afflelou peut recevoir les dividendes de sa gestion : la mairie de Bordeaux est dans sa ligne de mire, d'autant plus que Jacques Chaban-Delmas, inamovible premier magistrat de la métropole aquitaine depuis 1947, a annoncé à qui voulait l'entendre qu'il ne se représenterait pas aux élections municipales de 1995.