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Télécommunications
Incontestable réussite, en France, le Minitel a fêté ses dix ans. Lancé et testé en juillet 1981 dans 2 500 foyers de Vélizy-Villacoublay, il a changé les habitudes de l'usager, qui s'est progressivement familiarisé avec son clavier et a ainsi contribué à l'avènement de l'ordinateur personnel : les 5,8 millions de Minitels en service ont enregistré plus d'un milliard et demi d'appels au cours de l'année écoulée, dont la moitié à usage professionnel. Le Minitel à écran plat est devenu un outil indispensable aux techniciens d'entretien ou d'après-vente qui ont besoin d'avoir accès à des banques de données.
Il a franchi aussi les frontières européennes, car les trois principales nonnes européennes de transmission vidéotex – la Télétel française, la Prestel britannique et la BTX allemande – sont maintenant interconnectables.
Le visiophone émerge enfin
Autre débouché que l'on dit prometteur, France Télécom a conclu en octobre un accord avec la compagnie US West, l'une des trente principales compagnies téléphoniques d'outre-Atlantique, pour implanter le Minitel dans quatorze États américains. Un consortium de dix firmes nippones en étudie aussi une version adaptable aux 51 millions de lignes téléphoniques japonaises.
La télécopie connaît parallèlement un développement spectaculaire : 1,3 million de « fax » sont en service en France. Leur « connexion » à des ordinateurs personnels portables à serveurs vidéotex vient bouleverser les habitudes de travail. Il en va de même pour la téléphonie mobile : les voitures, les camions, les trains – et cette année les avions – disposent de radiotéléphones. En France, deux réseaux de communication avec les mobiles (Radiocom 2000 et SFR) comptent près de 300 000 abonnés dont les 600 publiphones des TGV. France Télécom lancera en 1992 le radiotéléphone cellulaire numérique selon la nouvelle norme unique européenne GSM : il associera une carte d'accès et de paiement à puce et bénéficiera de la qualité du son numérique sans bruit de fond.
Quant au Pointel, c'est un téléphone « pour piéton » dont le microcombiné de poche Bi-bop s'utilise directement dans la rue à proximité de bornes urbaines publiques. La ville de Strasbourg l'expérimente actuellement avec 750 bornes.
Enfin, il y a l'avion : le 12 juin, au Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, la première liaison PTT française a relié un Falcon 900 à la Terre. Dès l'an prochain, il sera possible de téléphoner (pour 35 F la minute) depuis des appareils survolant l'Europe. Après vingt ans de gestation et de nombreux prototypes de laboratoire, le visiophone, téléphone à écran permettant de voir son correspondant, est enfin au point.
En octobre au Salon « Télécom 91 » de Genève, Matra Communication a présenté le premier appareil professionnel pour les entreprises. Français, il coûte 80 000 F, plus le raccordement au réseau Numéris. Un modèle grand public devrait être commercialisé 5 000 F environ en 1995, grâce au protocole d'accord signé entre six pays : l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Norvège et les Pays-Bas.
Enfin, le 18 septembre à l'Observatoire de Paris, l'horloge parlante, qui est en service continu depuis 58 ans et qui reçoit 200 000 appels par jour, s'est modernisé : quatre nouvelles horloges atomiques au césium ont été couplées à des machines de traitement numérique de la parole avec stockage sur disque compact. Petite « révolution » : alors que son « speaker » était le même depuis 1965, l'horloge s'est féminisée grâce à Sylvie Behr, jeune comédienne qui lui a prêté sa voix.
Claude Gelé
Informatique
Une page de l'histoire de l'informatique personnelle a été tournée le 2 octobre 1991 : l'accord passé entre Apple et IBM a mis fin à quatorze années de « guerre » entre deux mondes diamétralement opposés.
Alors que les systèmes d'exploitation des Macintosh et des nombreux PC (Personal Computer) étaient jusqu'alors incompatibles, les deux firmes vont enfin coopérer pour rendre leurs machines interconnectables dès cette année. Elles développeront ultérieurement leurs futurs microordinateurs à partir d'un nouveau standard Power Open défini en commun et avec de nouveaux processeurs à architecture Risc – à jeu d'instructions réduit – beaucoup plus rapides, mis au point avec Motorola.
Le règne des portables
Ces micros seront des « stations de travail » utilisant des logiciels multimédias alliant texte, son et image vidéo. De tels « ordinateurs multimédias » – qui préfigurent en fait l'intégration de l'informatique et de la vidéo interactive – sont déjà annoncés par Commodore avec l'appellation « CDTV » (Commodore Dynamic Total Vision). Sous la forme d'un magnétoscope, ils lisent les disques compacts vidéo et sont connectés au téléviseur pour l'image et à la chaîne hi-fi pour le son. Sony et Philips interviendront sur cette nouvelle technologie avec le Mini-Disc et le DCC (disque compact cassette), qui utilisent des minicassettes numériques et combinent la miniaturisation d'un baladeur et la qualité du disque laser.