L'effondrement de l'économie soviétique a entraîné un sérieux bouleversement de l'échiquier mondial des matières premières, en raison de la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie fondée sur ce qui a été appelé « la vente panique ». Les marchés internationaux ne peuvent pas ignorer le rôle joué par l'Union soviétique en tant que numéro un mondial pour la production de minerai de fer, de nickel (le quart de la production) et de zinc, numéro deux pour l'aluminium, le cadmium, le chrome, le cuivre et les métaux précieux (or, platine). Confrontée à des difficultés de trésorerie, l'URSS se trouve contrainte de brader des stocks massifs de matières premières à intervalles irréguliers et imprévisibles, ce qui désorganise complètement les marchés et contribue ainsi à faire chuter les cours. Enfin, insolvable et mauvais payeur, elle manque de devises pour régler ses commandes, ce qui malmène encore plus les cours.
Gilbert Rullière
Agriculture
En France, comme dans d'autres pays européens, le problème agricole n'a pas perdu de sa gravité, d'une année à l'autre. À travers leurs manifestations, souvent violentes, les agriculteurs ont cherché à attirer l'attention de l'opinion et des pouvoirs publics sur la dégradation de leur situation et sur l'inquiétude relative à leur avenir, menacé par la réforme de la politique agricole commune.
La dégradation de la situation économique ressentie douloureusement par les agriculteurs est attribuée par eux à la baisse des revenus, représentative d'une tendance à long terme. Selon l'INSEE, le revenu brut moyen agricole a baissé de 7,3 % environ en 1991. Cette chute a inégalement affecté les divers secteurs d'activité. Ainsi, après deux années très favorables, les viticulteurs ont vu leurs revenus baisser de 23 %, alors que le secteur du maraîchage enregistrait une progression de 6 %.
Des sacrifices en prévision
Les excédents persistants en matière de céréales (en 1991, la récolte a atteint un record proche du niveau de 1984), de viande de boeuf, de lait et d'oléagineux (colza, tournesol), les accidents climatiques (sécheresse) et la réduction des soutiens communautaires ont été rendus responsables de cette baisse prolongée. De toutes les productions agricoles, c'est le secteur de l'élevage des gros bovins qui a le plus souffert, car les éleveurs surendettés ont enregistré une chute des cours de la viande de 8,5 %, qui s'est ajoutée à une baisse de 7 % en 1990.
Sur le plan du commerce extérieur, après plusieurs années de hausse, l'excédent agroalimentaire a nettement chuté en 1991. Au mois d'août, il n'atteignait que 27 milliards de F, contre 35 milliards en 1990 pour la période correspondante.
C'est dans ce contexte d'appauvrissement des agriculteurs qu'est intervenue la discussion du projet de réforme de la Politique agricole commune en relation avec les négociations commerciales internationales entre les États-Unis et l'Europe. La publication du projet de réforme de la PAC en juillet par la Commission de Bruxelles a provoqué une mobilisation syndicale et des manifestations dans l'ensemble des pays de la Communauté., La PAC est considérée par les États-Unis comme un obstacle important à une libéralisation des échanges internationaux dans d'autres secteurs à plus forte valeur ajoutée. D'autre part, elle entraîne des dépenses excessives et insupportables, d'autant plus que les douze pays de la CEE sont confrontés à une crise des finances publiques.
Dans ces conditions, Bruxelles propose de revenir sur le soutien des revenus par des prix garantis et d'introduire d'autres méthodes, et suggère de baisser notablement les prix garantis en compensant les pertes de recettes des petits exploitants par des aides directes, en finançant la mise en jachère d'une partie des terres pour réduire la production excédentaire, en prenant en charge le départ à la retraite des agriculteurs les plus âgés, en réduisant les exportations d'excédents pour faire monter les cours mondiaux et baisser d'autant les subventions. De telles dispositions impliquent des sacrifices pour les agriculteurs européens. Mais, à la fin, de l'année, la négociation Europe-États-Unis n'a pas pu avoir lieu.