L'avènement des Bourbons au trône de France le 2 août 1589 accéléra l'éveil de la conscience nationale. Conservateur du Musée national de Pau, Patrick Dupont le rappela en organisant, du 3 juin au 15 octobre, une exposition « Henri IV. La reconstruction du royaume », qui souligne l'importance de ce quatrième centenaire. Une exposition et un colloque les 15 et 20 mai, au musée d'Orsay à Paris, marquèrent le centenaire de l'inauguration de la tour Eiffel par la République triomphante.

Pendant ce temps les historiens élargissent le champ de leurs enquêtes. Dans l'Individu, la mort, soi-même et l'autre en Grèce ancienne (Gallimard), Jean-Pierre Vernant porte sa réflexion sur l'identité de l'homme en quête d'immortalité tandis que Jean Delumeau rappelle que Rassurer et protéger était l'un des devoirs d'une Église réticente devant le Sentiment de sécurité (qu'éprouvaient les chrétiens) dans l'Occident d'autrefois, (Fayard).

Réunis en congrès à Paris du 1^er au 3 juin, des membres de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public ont établi le bilan de leurs recherches depuis vingt ans (1969-1989) à l'heure où ils intègrent l'informatique à leurs sciences auxiliaires. Ils ont pu mesurer les grandeurs et les mérites de l'érudition dont Blandine Barret-Kriegel réévalue l'apport du xvi^e au xviii^e siècle dans les Historiens et la monarchie (PUF). Leurs héritiers actuels portent encore intérêt aux rois qui ont fait la France. Louis XV fut l'un d'eux. Le mérite de Michel Antoine est de le faire revivre dans sa grandeur très réelle (Fayard).

Pierre Thibault

Expositions

À Paris comme en province, la célébration du Bicentenaire de la Révolution française a suscité mille et une expositions de taille et d'intérêt fort variables. Ainsi de la manifestation phare la Révolution française et l'Europe qui, au Grand Palais, réunit, grâce au concours de quinze pays, plus d'un millier d'objets témoignant des répercussions culturelles de 1789 chez nos voisins. Parmi les expositions originales liées de près ou de loin au Bicentenaire, l'une rappelle que le divin marquis fut amateur de comédiennes et auteur d'une vingtaine de pièces (Petits et Grands Théâtres du marquis de Sade au Paris Art Center) ; une autre montre que, si la Révolution a peu bâti, elle a beaucoup imaginé (les Architectes de la liberté, à l'École nationale supérieure des beaux-arts) ; une autre encore évoque un collectionneur : J.-R. Soulavie, opérant en ces temps agités (au Grand Louvre).

En province, Bordeaux se penche sur son passé (le Port des lumières) en trois expositions, et le musée de Caen plaisante un peu avec le Soulier de Marie-Antoinette qu'il conserve dans ses collections. Pour conclure l'année, un grand hommage à David rassemble, au Louvre et à Versailles, les portraits et les dessins autour des grandes peintures à la gloire de la Révolution, puis de l'Empire.

Une célébration a failli en cacher une autre, celle du centenaire de l'Exposition universelle et de la tour Eiffel, signalé au Petit Palais et au musée d'Orsay. C'est à ce dernier que l'on doit la plus prestigieuse, la plus populaire des expositions de l'année : la rétrospective Gauguin qui, au Grand Palais, rappelle au public tous les séjours, toutes les fuites en avant du peintre cultivant son primitivisme, de Pont-Aven aux îles Marquises, où il meurt à l'aube des grandes révolutions picturales du xx^e siècle, qu'il a contribué à préparer.

La peinture des grands avant-gardistes du début du siècle suscite deux expositions importantes hors de France : la première grande rétrospective Malevitch, à Amsterdam, en début d'année ; Picasso et Braque inventant le cubisme, à New York, à l'automne. Tandis que Paris redécouvre Kupka, pionnier de l'abstraction, justement au temps du cubisme, et un peu avant Malevitch, Picasso et Matisse sont toujours présents sur les cimaises, notamment à travers des expositions de dessins (dessins de Matisse du musée de Nice et du musée national d'Art moderne ; carnets de Picasso, formidables révélateurs du processus créateur, au musée des Arts décoratifs).