Gilbert Rullière
Télécommunications
L'expansion a été accompagnée de profondes mutations techniques et structurelles. Dans le domaine de la technologie, deux innovations sont en train de bouleverser le système de télécommunications : la numérisation ; l'optoélectronique, qui tire parti de la vitesse et de la longueur d'onde de la lumière pour transmettre à bon compte une plus grande masse d'informations.
Le progrès de ces technologies suscite l'amélioration de la qualité des services existants et l'introduction progressive de nouveaux services (télécopie, courrier électronique, vidéotex, visiophone, etc.). En outre, ces innovations technologiques vont accroître la productivité des entreprises et bouleverser la vie quotidienne : par exemple, le courrier électronique et la télécopie pourraient remplacer la lettre et la poste traditionnelle.
Sur le plan économique, ces innovations technologiques commencent à provoquer des changements dans l'organisation des marchés, principalement européens et américains. Dans un premier temps, les « monopoles naturels » qui fondaient le contrôle direct de l'État sur le fonctionnement des réseaux de communication ont été remis en cause. L'apparition de nouveaux moyens de transmission (faisceaux hertziens, satellites) a poussé de nombreux opérateurs à créer aux États-Unis des entreprises cherchant à exploiter ces nouvelles techniques. Par ailleurs, la déréglementation cherchant la vérité des tarifs a entraîné le démantèlement de certains monopoles existants, comme celui d'ATT. Inversement, pour conquérir des marchés extérieurs difficiles, certains groupes industriels ont été conduits à reprendre des activités relevant d'un autre groupe monopolistique : tel est le sens de l'accord entre ITT et la CGE (juillet 1986) : la CGE absorbe les activités de télécommunication du groupe ITT et devient le numéro deux mondial du secteur.
Gilbert Rullière
Distribution
Au cours de l'année 1986, la grande distribution des produits et des services (chaînes de supermarchés et d'hypermarchés) a été affectée par une nouvelle vague d'innovations concernant la vente des produits et les services rendus aux consommateurs en matière bancaire. Dans le domaine de la vente des produits, les formules traditionnelles commencent à être révisées. D'ordinaire, le supermarché se voulait le pôle d'attraction du centre commercial qu'il avait contribué à mettre en place : la distribution de masse s'attachait à proposer des produits banalisés ou de bas de gamme en juxtaposant les différents rayons (alimentation, électroménager, librairie, etc.). Dans les nouvelles formules, les longues perspectives seront cassées au profit de petites cellules spécialisées et autonomes. L'animation ne sera plus ponctuelle à l'occasion de promotions, mais permanente. Cette formule d'hypermarché « atomisé » et haut de gamme va tendre à se généraliser. Cette évolution implique deux bouleversements. D'un côté, les fournisseurs ou industriels n'auront plus à consentir, comme par le passé, autant de sacrifices financiers pour être bien référencés en hypermarchés (remises, ristournes) et pour y introduire de nouveaux produits (pratique du « ticket d'entrée »). D'un autre côté, les consommateurs disposeront de la possibilité de grouper en un même lieu tous leurs achats, tant en produits ordinaires que de luxe.
Pour fidéliser leur clientèle, certaines grandes surfaces de vente offrent de nombreux services financiers (assurance, crédit à la consommation et parfois immobilier, etc.). D'autres donnent aux porteurs de la carte de crédit « maison » la possibilité d'obtenir au moment de passer à la caisse une avance en espèces, déduite automatiquement de leur compte en banque. Cependant, un certain nombre de chaînes, refusant d'être concurrencées sur ce terrain, acceptent le paiement par carte bancaire.
Gilbert Rullière
Matières premières
La baisse des cours des matières premières s'est poursuivie en 1986. Dans le domaine des produits miniers, les stocks n'ont cessé de croître ; de même, en ce qui concerne les produits végétaux, des réserves abondantes pèsent sur les prix. En outre, la baisse du dollar n'a pas été compensée par une hausse du cours des matières premières ; habituellement, les cours exprimés en dollars enregistrent des fluctuations de sens contraire à celles du taux de change du dollar relativement aux principales monnaies des pays industrialisés, ces variations n'étant pas nécessairement d'ampleur identique. Ce phénomène de compensation partielle ou de surcompensation s'explique par la rapidité des ajustements opérés sur les marchés à terme, où s'établissent les cours. Or, en 1986, la baisse observée en avril n'aurait pas dû se produire, compte tenu de l'affaiblissement du dollar. Cette absence de réaction à la hausse souligne la persistance des causes structurelles. En premier lieu, la modernisation des techniques tend à diminuer l'utilisation relative des métaux. En second lieu, à cette diminution de la consommation s'ajoute l'effet de l'arrivée en force de matériaux de substitution plus compétitifs : plastiques, fibres optiques et, de façon plus générale, matériaux composites. En troisième lieu, aux prises avec un endettement énorme, certains pays en voie de développement (Mexique, Brésil) ont essayé de compenser les baisses de cours par l'ouverture de mines géantes que la hausse du dollar entre 1982 et 1984 a encouragée. En revanche, le cours de l'étain a tellement baissé que la Bolivie a dû envisager la fermeture des mines et le démantèlement de l'entreprise publique Comibal. Enfin, la surabondance est très vite apparue comme un facteur de division entre produits, rendant difficile un accord avec les pays consommateurs.