L'endettement du tiers monde est un des plus inquiétants problèmes que la communauté internationale ait aujourd'hui à résoudre. Les risques, en effet, s'accentuent non seulement parce que la dette a décuplé en quinze ans pour dépasser les 1 000 milliards de dollars en 1986, mais parce qu'elle est concentrée tant au niveau des pays débiteurs (essentiellement l'Amérique latine) que des banques créancières (surtout les États-Unis). Aussi, une crise financière internationale est à craindre si se multipliaient les défauts de paiement.
Les pays du tiers monde ont transféré en 1986 plus de capitaux à l'extérieur qu'ils n'en reçoivent, bloquant ainsi toute possibilité de croissance. Le plan Baker d'octobre 1985 veut rompre avec ce cercle vicieux en permettant la reprise des pays les plus endettés grâce à des crédits privés et publics supplémentaires. Mais les banques hésitent de plus en plus à s'engager comme en témoigne le sauvetage financier du Mexique péniblement réussi en 1986.
Pierre Jacquet retrace la genèse de la crise, délimite les enjeux des négociations concernant la gestion de la dette et s'interroge sur l'avenir des relations entre les prêteurs et les États du tiers monde.
Le chômage et la crise de l'emploi
Pour l'ensemble des pays de l'OCDE, le nombre de chômeurs a triplé depuis 1973 et concerne 31 millions de personnes en 1986, soit 8,4 p. 100 de la population active. Le chômage est d'autant plus préoccupant qu'il est concentré sur les jeunes et les chômeurs adultes de longue durée, ce qui aggrave les inégalités sociales et augmente la proportion de « nouveaux pauvres ».
Pour lutter contre ce fléau, les politiques économiques ont utilisé séparément ou conjointement différents moyens qui vont du traitement social du chômage à la relance de la croissance, accompagnée d'un effort de formation, en passant par la recherche d'une plus grande flexibilité. Aucune de ces solutions n'a permis la régression du chômage. Aussi, un autre langage semble s'amorcer en 1986, du moins en France ; il est résumé par le ministre des Affaires sociales Philippe Séguin, quand il parle de « chômage incompressible » quelles que soient les politiques suivies.
Delphine Girard, à partir de l'exemple français, analyse ce revirement dans la façon d'aborder le chômage et traite de la situation comme des politiques suivies en matière d'emploi, particulièrement depuis le changement de majorité en mars 1986.
Dominique Colson
Épargne
Pour la première fois depuis 1949, les ménages n'ont épargné que 12 p. 100 de leur revenu disponible en 1986 (18,6 p. 100 en 1975). Les sommes accumulées ainsi représentent la moitié de l'épargne nationale, le solde se répartissant entre les entreprises (un tiers en 1985) et les administrations.
Les Français économisent aussi différemment. L'immobilier et les placements liquides à court terme sont délaissés progressivement au profit des titres négociables.
– Les placements en titres : la part des valeurs mobilières dans l'épargne est passée de 23 p. 100 en 1970 à 38 p. 100 en 1985. Elles s'acquièrent soit directement (la moitié seulement sur sept millions de porteurs), soit par la voie des SICAV et fonds communs de placement dont le succès va croissant. Les obligations et titres participatifs ont connu en 1986 une croissance moindre que les placements en actions et certificats d'investissements dont la vitalité est confirmée depuis 1985 (passage progressif d'une économie d'endettement à une économie de fonds propres).
Les titres courts négociables, créés depuis 1985 (certificats de dépôts, en mars, billets de trésorerie et bons du Trésor négociables, en décembre) accentuent leur percée puisque leur part dans les placements de titres est passée de 3 p. 100 en 1985 à plus de 12 p. 100 en 1986.
– Les placements liquides à court terme n'accueillent plus qu'une faible fraction de l'épargne nouvelle. Les livrets A des Caisses d'épargne, qui en constituent la principale composante (57 p. 100), sont en perte de vitesse ; les retraits l'emportant sur les versements, d'autant que les taux d'intérêts ont été ramenés de 6 p. 100 à 4,5 p. 100.