L'influence des médias sur la vie sociale concerne la plupart des représentations collectives qui prévalent aujourd'hui : le système de valeurs, les mentalités dominantes, les opinions les plus répandues, les images des personnes, des institutions, des objets ou des idées, la perception de l'art contemporain, les rêves et aspirations du plus grand nombre, les phénomènes de mode, les signes extérieurs de la « réussite », la notoriété et la popularité des personnages publics (voir les Nouveaux Gourous) sont tous plus ou moins influencés par la place que leur accordent les médias et la façon dont ils en parlent.
L'importance et la variété des services rendus par les médias expliquent aussi l'influence parfois négative qu'ils ont sur ceux à qui ils s'adressent. La « morosité » des Français, leur peur panique de l'insécurité, leur angoisse face au futur seraient sans doute moindres sans l'insistance de la presse écrite et audiovisuelle à montrer les manifestations de désordre, de délinquance ou de folie qui se produisent quotidiennement en France et dans le monde.
Si le public n'est pas toujours conscient du pouvoir que les médias exercent sur la vie sociale et sur celle de chacun, les chefs d'entreprise savent combien il est important de maîtriser les outils de la communication. C'est pourquoi beaucoup se sont déclarés candidats au rachat ou à la création des nouvelles chaînes de télévision (voir les Géants de la communication, par Francis Balle et Joseph Vebret). La mise en place du PAF (paysage audiovisuel français) ne constitue pas seulement un enjeu économique ; elle aura des répercussions considérables sur la vie culturelle, politique et sociale du pays.
La télévision constitue évidemment un élément prépondérant de ce paysage. Plus que les autres médias, elle fait et défait les vedettes, les succès, les images des personnes et des organisations. Si elle crée rarement de toutes pièces un phénomène de popularité, elle l'accélère et l'amplifie de façon parfois inquiétante. Une éclatante démonstration de l'influence de la télévision a été donnée en décembre 1986, lors des manifestations des étudiants. Qui pourrait nier que la nature et la forme de ces manifestations ont été influencées par la façon dont la télévision en a rendu compte jour après jour ? Ainsi, il semble que les caméras se sont plus volontiers portées sur les jeunes filles que sur les jeunes hommes, au point que beaucoup de téléspectateurs ont eu l'impression (fausse) qu'il s'agissait pour l'essentiel d'un mouvement féminin, voire féministe. Sans entrer dans une polémique de nature politique, il semble également que les journalistes aient plus insisté sur les « bavures » policières que sur les actions et l'identité des provocateurs.
Une image, reprise par tous les médias, résume à elle seule cette simplification de la réalité : une jeune fille munie d'un porte-voix s'adresse aux personnes qui sont devant elle et montre sa main gauche ensanglantée. Pour les millions de Français qui l'ont vue et revue, cette image forte ne pouvait signifier que deux choses : le mouvement était mené par des femmes ; les forces de l'ordre déchaînées n'avaient pas hésité à s'attaquer à elles et à faire couler le sang...
Ainsi, l'histoire immédiate n'est plus indépendante de la façon dont elle est montrée et commentée en temps réel par les médias. L'image qu'ils donnent des événements et des personnes qui y sont impliquées joue un rôle considérable dans notre vision du monde et dans notre mode de vie. C'est l'une des grandes leçons de cette année 1986. Il ne fait guère de doute qu'elle sera confirmée et amplifiée au cours des prochaines années. C'est dans un nouveau type de démocratie qu'il faudra donc apprendre à vivre.
Gérard Mermet
Religions
L'histoire présente des religions reflète les inquiétudes des hommes qui, dans le même temps, sont marqués par le développement du doute métaphysique et éprouvent le besoin de trouver un refuge spirituel en marge des institutions religieuses officielles.
C'est pourquoi les grandes religions monothéistes – christianisme, judaïsme, islam – sont aux prises avec des intégrismes de plus en plus agressifs. C'est pourquoi, aussi, prolifèrent et recrutent des sectes ou des « organisations à prétention religieuse ou philosophique » qui prétendent fournir un remède au désarroi moral des hommes de la fin du xxe siècle.
Église catholique
L'année 1986 est encore dominée par la personnalité, à la fois charismatique et complexe du pape Jean-Paul II, dont l'enseignement doctrinal – notamment en matière d'éthique sexuelle et matrimoniale et en ce qui concerne le célibat des prêtres – se situe généralement dans la tradition catholique la plus orthodoxe et la moins aventureuse, mais dont certaines démarches et prises de position témoignent d'une conscience universelle des besoins des hommes et d'un œcuménisme dynamique.