Après dix ans de domination (1974-1984), l'OPEP a vu son pouvoir se lézarder et le marché reprendre ses droits : est-ce l'amorce du déclin de cette organisation et de la remise en cause de son existence, au profit du marché ? Yazid Sabeg cherche les raisons de la perte d'influence patente de l'OPEP en cette année 1985, après 25 années d'existence qu'il retrace rapidement. En même temps, il s'interroge sur les perspectives qui se présentent désormais à l'Organisation, tant à court terme qu'à moyen et à long terme, et plus généralement sur celles qui s'offrent au marché pétrolier mondial.

3° Entre la flexibilité de fait et la flexibilité négociée

La restructuration indispensable des entreprises passe par davantage de flexibilité, tant au niveau de la production qu'au niveau de l'emploi et des salaires.

Un consensus semble dorénavant se dégager sur cette nécessaire flexibilité (qui existe déjà depuis longtemps au Japon), mais les discussions portent sur la forme et les moyens de la réaliser.

Deux tendances se dégagent : d'un côté, la flexibilité se pratique, et par conséquent est plus ou moins imposée aux salariés. Les adeptes du libéralisme pur (États-Unis et Grande-Bretagne) sont partisans de cette formule. Ainsi, les États-Unis estiment qu'ils ont créé plus d'emplois qu'en Europe grâce à cette méthode : hausse des licenciements, nouvelles embauches à salaires réduits, accroissement du rôle des services, développement de la sous-traitance (où les salaires sont plus faibles, la main-d'œuvre plus malléable et non syndiquée), etc. Mais cette pratique conduit également à l'accentuation de la segmentation du marché du travail (un marché protégé, l'autre pas), avec le risque de développement d'une société duale.

De l'autre côté, et c'est la deuxième tendance, la flexibilité se négocie entre les partenaires sociaux au sein de l'entreprise. Telle est la proposition de la France socialiste, qui reflète également son héritage socioculturel : la remise en cause des avantages acquis dans ce pays est difficile, d'où l'enlisement des négociations. Les entreprises dérogent de plus en plus, à l'exemple du modèle américain.

Henri Tézenas du Montcel retrace pour la France les vaines tentatives de 1985 – des partenaires, comme du gouvernement – pour relancer la « négociation sur la flexibilité du temps de travail et de l'emploi », après le premier échec retentissant en décembre 1984. Il dégage les blocages qui sont à l'origine de ces échecs, analyse les diverses solutions de substitution adoptées jusqu'à présent et constate le développement des dérogations dans le cadre des entreprises.

4° Aspects positifs et négatifs du renouveau des entreprises

Pour rendre compétitives les entreprises, il faut augmenter leur rôle et leur permettre de disposer de plus d'autonomie de décision ; en particulier, il convient d'alléger la réglementation qui les entrave.

Cette mode du libéralisme est partie dans les années 1970 des entreprises californiennes de la Silicon Valley, qui voulaient revaloriser l'esprit d'entreprise et réhabiliter les petites unités de production concurrentes (thèse du « Small is beautiful »).

Depuis, le libéralisme a beaucoup évolué et a conduit parfois à des excès dans les restructurations et à des abus dans les déréglementations. Pour le secteur privé, deux aspects sont à retenir : d'un côté, la souplesse des PME face à la crise et leur remarquable capacité d'adaptation, même si beaucoup encore font les frais de la crise ; de l'autre côté, le renforcement des opérations de concentration, d'ailleurs plus souvent effectuées pour des raisons spéculatives (par exemple les OPA sauvages) que pour redresser une situation ; son corollaire est la multiplication des faillites.

Pour le secteur public, la privatisation, partie de Grande-Bretagne, gagne du terrain et rend plus que jamais d'actualité le débat nationalisation/dénationalisation.

L'article de Daniel Soulié est consacré à ce renouveau des entreprises. Il cerne le phénomène au niveau mondial, en analyse les causes, les manifestations et les conséquences, tout en rappelant la diversité des situations nationales, en particulier celle de la France.