Gilbert Rullière

Énergie

Les marchés énergétiques mondiaux sont apparus, au cours de l'année 1985, plus que jamais influencés par les variations à la baisse du prix du pétrole brut, consécutivement à la chute du cours du dollar. Ainsi, depuis le mois d'avril 1985, le glissement continu des cours de la monnaie américaine a accentué l'effritement des cours du brut. Il en résulte une baisse spectaculaire de son coût d'achat. Selon les calculs de l'Agence internationale de l'énergie, son prix est désormais retombé quasiment à son niveau de la fin de 1982. Avec plus de deux ans de retard sur les États-Unis et le Japon, le continent européen bénéficie du choc pétrolier en retour. Pour beaucoup de pays importateurs, cette baisse du prix a contribué à réduire leur déficit commercial. Quant aux consommateurs, ils commencent à sentir réellement les effets du retournement du marché pétrolier. Pour l'économie tout entière, la baisse du prix des carburants a facilité la lutte contre l'inflation et la relance de plusieurs branches industrielles.

C'est surtout du côté des pays producteurs que la diminution du prix du fuel peut entraîner des difficultés. En effet, quelques-uns de ces pays, comme le Mexique, sont lourdement endettés. La baisse des cours a réduit leurs possibilités de faire face aux engagements financiers contractés auprès du FMI et des consortiums de banques américaines ou européennes. Par ailleurs, pour d'autres pays producteurs, la baisse a provoqué un freinage dans l'exécution des plans de développement qui avaient été mis en route après le premier choc pétrolier de 1973. Quelques États producteurs ont été contraints de retirer des sommes importantes déposées dans des banques occidentales, mettant en difficulté certaines d'entre elles. Aussi, pour éviter l'effondrement des cours, l'Arabie Saoudite été amenée à réduire sa production de façon draconienne à certaines périodes de l'année. Mais cette mesure n'a pas toujours été très efficace, car d'autres pays n'hésitent pas à dépasser largement les quotas de production qui leur ont été attribués.

Gilbert Rullière

Industrie

L'année 1985 a été marquée par la poursuite d'efforts de restructuration ou d'assainissement des industries menacées par la crise et par des tentatives d'application de nouvelles technologies.

La sidérurgie des pays industriels entre en 1986 dans sa dixième année de crise : la baisse de la consommation d'acier a été générale dans tous les pays occidentaux et au Japon depuis 1975. Aux États-Unis, la structure oligopolistique de l'industrie intégrée lui a permis de résister aux à-coups du marché, et, à de rares exceptions, les grandes sociétés américaines sont restées bénéficiaires ; elles ont été sauvées parce qu'elles ont réussi à obtenir une limitation officielle des importations. Quant à la sidérurgie japonaise, elle a exporté ses difficultés en envahissant les marchés européens et américains, les déprimant ainsi davantage. En Europe, la gravité de la crise a été perçue tardivement. La sidérurgie s'est engagée dans la voie de l'assainissement en s'efforçant de diversifier la production à travers un processus d'internationalisation, de réorganisation des filiales et de renforcement des réseaux commerciaux.

C'est surtout en Europe occidentale que l'on cherche à mettre en œuvre des technologies nouvelles. Cette volonté est liée à la prise de conscience politique du caractère durable de la crise économique, à la crainte que l'Europe ne se laisse distancer par ses rivaux américains et japonais et à l'espoir qu'elle y trouve la source d'emplois nouveaux et en tire un surcroît d'innovations et de compétitivité. La mise en œuvre de nouvelles technologies, en raison des investissements considérables qu'elles exigent ne peut avoir lieu que dans des ensembles régionaux, comme celui de la C.E.E. ; elle seule permettra aux scientifiques et aux industriels de rassembler le potentiel humain, financier et commercial dont ils ont besoin pour innover. Avec des programmes comme ESPRIT (European Strategic Programme for Research and Development in Information Technology), Ariane, ou Airbus, l'Europe communautaire semble suivre cette voie.