Néanmoins, la réalité est sectorielle, car l'investissement a connu une reprise sensible en 1984 dans le secteur industriel concurrentiel (+ 9 % en volume), qui représente seulement 30 % de la formation brute de capital fixe (FBCF). Cette reprise devrait s'affirmer en 1985 : l'INSEE prévoit un taux de progression en volume de 4 % ; elle concerne les entreprises de toutes tailles, mais davantage celles de 100 à 2 000 salariés. Elle est particulièrement nette dans le secteur des biens intermédiaires et dans celui des biens d'équipement ménagers (+ 12,2 % en 1984), dont la situation contraste avec celle, alarmante, des BTP (– 4,5 % en 1984). Sur les produits à forte densité technologique, les priorités nationales s'affirment ; pour la France, l'électronique et les télécommunications.

Cette évolution favorable est le résultat d'une nette amélioration des comptes des entreprises. En 1984, la progression de l'excédent brut d'exploitation est de 15,7 % et le taux d'autofinancement est passé de 61,1 % en 1983 à 71,3 %.

Si la reprise de l'investissement a eu lieu uniquement dans le secteur industriel concurrentiel, c'est que, face à une demande intérieure peu porteuse, les entreprises ont profité de la situation pour restructurer leurs bilans et réduire leur endettement.

Les dépenses de recherche, de formation, de marketing ou de logiciels jouent un rôle croissant dans le développement des entreprises. Elles représentent aujourd'hui plus de 25 % de l'investissement total (la part de la FBCF est passée de 82,5 % en 1974 à moins de 75 %).

Thierry Lhoste

Matières premières

Tout au long de l'année 1985, les cours des matières premières ont été non seulement orientés à la baisse mais aussi marqués par une forte instabilité d'une courte période à l'autre. Selon l'hebdomadaire britannique The Economist, l'indice exprimé en dollars est revenu à la fin de l'année au niveau d'octobre 1982, point le plus bas de la récession de 1980-1982. La baisse des cours de 1985 (recul de 6,4 % de l'indice des prix des matières premières) est intervenue dans une situation où la croissance économique mondiale est encore voisine de 3,5 % en rythme annuel. Devant une telle évolution, on s'est demandé si la situation des marchés de matières premières s'expliquait exclusivement à partir des fluctuations de l'activité économique ou des variations de l'offre et de la demande des métaux ou des denrées alimentaires, la tenue des cours pouvant dépendre d'autres facteurs, comme le change des monnaies, l'accroissement ou la diminution des liquidités internationales ou l'évolution des taux d'intérêt.

À cet égard, la crise qui a affecté l'étain est très révélatrice de la situation des marchés de matières premières. On a noté un accroissement des stocks mondiaux en raison d'une stagnation de la consommation, de l'accroissement des ventes de pays non membres de l'accord international sur l'étain et de sorties en contrebande de certains pays producteurs du Sud-Est asiatique, signataires de l'accord. Devant cette accumulation des stocks, il s'est posé un problème de financement du stockage de quantités importantes de ce métal (plus de 100 000 tonnes). Dans l'attente de la conclusion d'un nouvel accord international, les cotations sur le marché de Londres ont été suspendues. Ces difficultés peuvent être à l'origine de grands désordres sur les marchés des matières premières : il est à craindre que l'on cherche à régulariser ces marchés en ouvrant des places où jouerait la concurrence. À terme, ce retour à la concurrence freinerait le développement des pays producteurs, à travers une diminution de leurs recettes d'exportation.

Gilbert Rullière

Commerce international

L'année 1985 se traduit par une inflexion de la tendance à la hausse du commerce mondial profitable à la France.

Le volume des importations mondiales devrait croître d'environ 4,5 %, soit moitié moins qu'en 1984, un peu moins pour les PVD, un peu plus pour les États-Unis, l'OPEP important toujours moins. Le ralentissement de la croissance américaine et celle, limitée, des autres pays de l'OCDE expliquent en grande partie ce mouvement. La baisse du dollar et des prix des matières premières risque d'handicaper les PVD et d'aggraver le déséquilibre par rapport à l'OCDE malgré une forte tendance à l'augmentation du commerce Sud-Sud lié au développement des NPI (Nouveaux Pays Industrialisés). L'orientation des discussions du GATT (accord général sur le commerce et les tarifs) vers un « Reagan Round » est peut-être le signe d'un retournement de la tendance protectionniste illustrée par les difficultés entre la CEE et les États-Unis sur les ventes de céréales.