En France, l'équilibre de la balance commerciale n'est toujours pas au rendez-vous malgré un mieux pour la balance des paiements courants à peu près équilibrée. La baisse importante du dollar depuis avril semble permettre de compenser les mauvais résultats du début de l'année par une réduction du déficit énergétique. Le maintien d'un excédent industriel et agricole proche de celui de 1984 permet d'obtenir un résultat légèrement meilleur sur l'année. La croissance européenne devrait mieux profiter aux exportations françaises que celle des États-Unis en 1984.

Toutefois, le manque de compétitivité de la plupart des exportations n'est pas compensé par les grands contrats et les efforts de la politique commerciale gouvernementale. Les contraintes concernant l'énergie et les biens d'investissement rendent toujours contradictoires les résultats du commerce extérieur et de la croissance économique. On peut donc espérer que le cadre européen soutienne le commerce extérieur français limité par le ralentissement de la croissance des autres marchés.

Élisabeth Bordes

Vie des entreprises

En 1985, la vie des entreprises ne se présente pas sous un jour tellement différent de celui des années précédentes avec toutes les opérations dont les entreprises ou groupes industriels ont fait l'objet : rachats, cessions, regroupements ou associations, multiplication d'offres publiques d'achat de la part d'un groupe de taille plus modeste que la proie convoitée, création de filiales à l'étranger, etc.

Le ralentissement de la demande intérieure ou extérieure, l'exacerbation de la concurrence due au lancement de nouveaux produits ou à l'intervention de producteurs installés dans les pays du tiers monde à main-d'œuvre peu coûteuse, la modernisation des techniques de fabrication et la spécialisation à outrance des productions ont entraîné pour des firmes bien établies un amenuisement des profits ; il arrive même que des groupes industriels géants essuient des pertes financières importantes et souvent renouvelées d'une année à l'autre, atteignant ainsi la cote d'alerte. Dans la majorité des cas, les firmes industrielles parviennent à éviter la liquidation lorsqu'elles peuvent procéder à une restructuration ou à une réorganisation de leurs activités, consistant notamment à fermer des usines aux équipements peu productifs, à supprimer des emplois en surnombre ou à se séparer des secteurs mineurs et peu rentables (par défaut de spécialisation suffisante ou de fabrication sur une grande échelle). Dans d'autres cas, ceux où les difficultés financières (liées par exemple à une mévente permanente des produits) ne peuvent pas être surmontées, les firmes n'auront pas d'autre ressource que d'être cédées à un groupe industriel financièrement plus puissant (par exemple, cession de la firme aéronautique d'origine canadienne De Havilland au groupe américain Boeing).

En dehors de ces réorganisations, de restructurations ou de cessions pour des raisons d'ordre financier, un très grand nombre d'entreprises se livrent à d'autres sortes d'opérations, soit pour rattraper leur retard technique, soit pour diversifier leur production ou leurs débouchés géographiques. Par exemple, un groupe industriel très performant rachète en partie ou en totalité une entreprise étrangère pour combler son retard dans des fabrications spéciales (circuits intégrés, supports magnétiques par exemple) ou pour pénétrer sur des marchés étrangers plus ou moins bien protégés. Ensuite, deux firmes, étrangères ou non, peuvent passer un accord d'association (joint-ventures) ou de coopération pour spécialiser leurs productions respectives mises à mal par la concurrence extérieure ou encore créer entre elles une société commune portant sur l'élaboration et le lancement de produits nouveaux et la modernisation des procédés de fabrication. Enfin, des sociétés d'entreprises géantes, notamment dans le domaine de la construction automobile (General Motors, BMW, Daimler Benz) cherchent à racheter des firmes beaucoup plus petites, non seulement dans un souci de se diversifier dans le domaine aéronautique, spatial ou militaire, mais aussi dans le but de contrôler le développement de technologies de pointe. Ainsi, General Motors a pris des participations dans des sociétés de robotique, d'intelligence artificielle, de service informatique, pour devenir l'un des leaders de la haute technologie aux États-Unis.