D'autre part, il existe chez l'homme 13 types d'interféron différents dont la synthèse est dirigée par plusieurs gènes (peut-être une dizaine). Il n'est pas encore certain que le type d'interféron synthétisé par la bactérie soit le plus efficace contre la prolifération cancéreuse des cellules.

Feu vert

Quel que soit le procédé de fabrication de l'interféron — à partir de cellules sanguines humaines en culture (selon la technique mise au point en Finlande il y a quelques années), ou par ingénierie génétique —, les résultats chez les cancéreux sont peu convaincants. En France, les premiers essais de traitement à l'interféron de malades atteints de leucémie myéloïde aiguë se sont révélés totalement négatifs. En Suède, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, les améliorations ne sont que partielles ou temporaires ; on invoque alors soit l'impureté du produit, soit des différences génétiques de sensibilité individuelle.

Pourtant, l'Institut américain du cancer (NCC) a annoncé en janvier 1981 son intention d'utiliser l'interféron dans la lutte anticancéreuse. Il en a acheté plusieurs milliards d'unités pour traiter les 30 à 40 malades qui ont été sélectionnés dans trois centres de recherche américains : l'université Stanford, en Californie ; l'Institut Sydney Farber, à Boston, et le Centre Vincent Lombardi à Washington DC. En Grande-Bretagne, on a dégagé un million de livres sterling pour le traitement expérimental de 80 malades atteints de quatre formes de cancer. On estime qu'il faut entre 500 millions et un milliard d'unités d'interféron par malade. L'unité d'interféron est la quantité capable de protéger d'une infection virale 50 % des cellules d'une culture cellulaire standard.

En France, le gouvernement a décidé, en décembre 1980, de favoriser la production industrielle de l'interféron en garantissant à l'Institut Pasteur-Production (IPP) l'achat de la totalité de sa production. Entre juillet et décembre 1980, celle-ci a atteint 48 milliards d'unités d'interféron, préparées à partir de leucocytes humains normaux. L'IPP prévoyait pour 1981 de fabriquer 100 milliards d'unités par le même procédé. L'interféron est stocké dans les pharmacies d'hôpitaux et un groupe d'experts est chargé de définir les modalités du traitement.

Rigoureux

Ainsi sont mis en place des essais rigoureux, contrôlés par une instance indépendante du producteur. De son côté, l'Institut Mérieux de Lyon, collaborent avec l'Institut Weizmann (Israël), produit depuis 1979 de l'interféron à partir de cultures de leucocytes provenant de malades atteints de leucémie. Ce type d'interféron, dont plus de 100 milliards d'unités sont déjà en stock, coûte moins cher que celui de l'IPP, mais, pour le moment, il est exclusivement réservé aux thérapeutiques anticancéreuses à cause de son origine. Le coût du traitement est d'environ 100 000 F par malade.

Les maladies du système immunitaire

De plus en plus souvent, on attribue des défectuosités physiques ou des défauts de fonctionnement physiologiques à des défaillances du système immunitaire, survenues soit pendant la vie fœtale, soit après la naissance. Le dérèglement peut être d'origine génétique ou constituer une réaction à une agression extérieure, comme dans certaines parasitoses, ou encore combiner les deux phénomènes comme dans certaines maladies dites « auto-immunes ».

Au 4e Congrès international d'immunologie (Paris, juillet 1980), organisé sous la direction de Jean Dausset, prix Nobel de médecine 1980, trois thèmes ont particulièrement retenu l'attention des 6 000 participants venus du monde entier : les maladies auto-immunes, les parasitoses, la fécondation et la grossesse.

En dépit de leur relative rareté, les affections auto-immunes son : d'un intérêt exceptionnel pour comprendre le mécanisme de reconnaissance du soi et du non-soi par les cellules de l'individu. Ces maladies, dans lesquelles les structures du soi deviennent la cible du système immunitaire, sont très diverses : troubles endocriniens, surtout thyroïdiens, certaines formes de diabète juvénile, sclérose en plaques, myasthénie, etc.

Myasthénie

La myasthénie, qui touche environ une personne sur 100 000, est caractérisée par une intense fatigabilité musculaire. D'évolution capricieuse, elle peut entraîner des paralysies irréversibles. L'anomalie se situe au niveau des jonctions neuromusculaires, ou plaques motrices. Plus précisément, elle se localise dans la membrane postsynaptique de la plaque motrice, où se déclenche un dysfonctionnement du récepteur de l'acétylcholine. Ce récepteur est une grosse molécule complexe, de poids moléculaire élevé, qui possède plusieurs sites de réception, les uns pour l'acétylcholine, les autres pour d'autres substances (par exemple, des anesthésiques locaux).