Se présentant comme des bâtonnets ou des anneaux très aplatis en épingles à cheveux, mesurant environ 50 millionièmes de millimètre, les viroïdes sont constitués d'acide ribonucléique (ARN) nu ; contrairement aux virus, ils n'ont pas besoin d'une coque ou capside pour devenir infectieux.

Le poids moléculaire du mieux connu des viroïdes, celui des tubercules en fuseau de la pomme de terre, est d'environ 130 000, soit environ un dixième du poids moléculaire de l'acide nucléique formant le génome d'un virus. L'ARN de ce viroïde a une structure tout à fait originale, que l'on n'a observée chez aucun autre être vivant. Il est formé d'une seule chaîne de nucléotides fermée sur elle-même, mais il paraît bicaténaire, parce que des portions de la chaîne sont appariées comme s'il s'agissait de deux brins d'acide nucléique ordinaire. Les portions non appariées forment des boucles.

La composition chimique de l'ARN du viroïde est, elle aussi, originale. Comparée aux autres ARN, même ceux des virus, elle est caractérisée par un excès de guanine et de cytosine.

Réplication

On est à peu près certain que la réplication du viroïde dans sa cellule hôte se fait sans l'assistance d'un virus auxiliaire ; on ne pense pas non plus que les viroïdes se comportent comme des ARN-messagers, car ils ne codent pour aucune protéine, aucune enzyme dans la cellule hôte. La multiplication de l'ARN viroïdal pourrait dépendre de certaines régions de l'ADN du génome de la cellule, d'autant plus que les viroïdes sont toujours localisés à l'intérieur du noyau de la cellule qu'ils parasitent.

T. O. Diener, chercheur au laboratoire de virologie végétale de Beltsville (Maryland, USA), suppose que les viroïdes pourraient provenir de certains introns, ou portions non codantes des gènes (Journal de l'année 1979-80). Au cours de la fabrication de l'ARN-messager d'une cellule normale, il se pourrait que l'un des introns excisés de l'ARN-prémessager se referme en boucle au lieu d'être dégradé et devienne un viroïde, capable de réplication. Cette hypothèse s'appuie sur la présence normale, dans le noyau cellulaire de nombreux organismes eucaryotes, de courtes molécules d'ARN dont la fonction est inexpliquée.

Médecine

Essais incertains de l'interféron dans la thérapeutique du cancer

Il aura fallu très peu de temps à l'ingénierie génétique pour passer du laboratoire aux applications médicales : deux ans pour l'insuline (Journal de l'année 1978-79), environ un an pour l'hormone de croissance et l'interféron (Journal de l'année 1979-80). Pour l'insuline, l'expérience a eu lieu sur 17 volontaires britanniques. Après injection sous-cutanée ou intraveineuse, les variations de la glycémie sont semblables à celles que provoque l'insuline fabriquée industriellement à partir de pancréas de bœuf ou de porc, ce qui prouve l'efficacité de l'hormone synthétisée par la bactérie Escherichia coli.

Pour la somatotrophine, ou hormone de croissance, les premiers essais, destinés à vérifier l'efficacité et l'innocuité du produit, ont été effectués sur des adultes volontaires à l'École de médecine de Palo Alto, en Californie. La somatotrophine d'origine bactérienne est commercialisée conjointement par Genentech et la firme pharmaceutique Eli Lilly.

Une équipe médicale de l'université du Texas, dirigée par le Dr Gutterman, a décidé en janvier 1981 de traiter des cancéreux avec de l'interféron obtenu par recombinaison génétique dans les laboratoires Hoffman-Laroche et Genentech. La première étape de l'expérience, qui a duré environ six mois, était destinée à préciser, chez ces 8 malades volontaires, les effets secondaires éventuels d'une injection répétée. L'utilisation sur l'être humain d'interféron d'origine bactérienne semble prématurée à beaucoup de virologistes. D'une part, on sait que l'interféron intervient lors d'une infection virale, et cette propriété commence à être utilisée avec succès pour deux affections bénignes, la kératite herpétique et le papillome du larynx, mais le rôle joué par cette substance dans le métabolisme cellulaire normal est encore mal connu.