À la suite de ces mesures, on a noté une diminution du taux du mercure et une légère augmentation du taux de l'oxygène dissous. Le principal problème demeure la salinisation des eaux du fleuve par les rejets des mines de potasse d'Alsace. Des négociations sont en cours entre les cinq pays riverains pour trouver une solution satisfaisante sur les plans sanitaire et économique (Journal de l'année 1979-80).

La vie

Biologie

Première manipulation génétique directe sur l'être humain

L'ingénierie génétique a été appliquée directement à deux jeunes femmes, l'une israélienne, l'autre italienne, atteintes de la forme majeure d'une grave maladie d'origine génétique, la thalassémie. Bien que sous traitement, elles n'ont qu'une très faible espérance de vie. Au début d'octobre 1980, le Dr Martin Cline, de l'université de Californie à Los Angeles, a réinjecté à ces deux malades des cellules de leur propre moelle épinière, modifiées par l'insertion dans leur génome d'un gène normal.

Transfusion

La thalassémie, souvent mortelle chez les homozygotes, est causée par la défectuosité d'un gène codant pour la chaîne bêta de l'hémoglobine. Jusqu'à présent, on ne connaît qu'un traitement palliatif, extrêmement contraignant, qui exige de grandes quantités de sang ; entre 0,3 et 1,5 litre par transfusion. Il est possible théoriquement de détecter la maladie à un stade prénatal précoce par la mise en évidence d'une séquence chromosomique anormale, comme pour l'anémie falciforme (Journal de l'année 1978-79). Mais cette méthode nécessiterait une densité de structures hospitalières de pointe que ne peuvent s'offrir la plupart des pays riverains de la Méditerranée, où sévit particulièrement cette maladie.

Souris

La technique de modification du gène de l'hémoglobine bêta a été mise au point sur un mammifère, la souris. Elle comporte deux manipulations simultanées : greffe du gène normal et destruction du gène défectueux grâce à un composé immuno-dépresseur, le méthotrexate. Pour l'opération tentée sur les sujets humains, l'équipe de chercheurs de Los Angeles a ajouté une troisième étape : l'insertion dans les chromosomes d'un second gène, qui donne aux cellules réinjectées un avantage sélectif sur les cellules défectueuses et permet aux cellules normales injectées de se multiplier activement chez le malade bénéficiant de l'autogreffe.

Quelques mois après l'intervention, les résultats ne sont pas encore concluants. La communauté médico-scientifique reste très réservée sur l'utilisation, jugée prématurée, de l'ingénierie génétique sur l'être humain, d'autant plus que, dans ce cas de greffe de cellules osseuses modifiées, le traitement subséquent comporte l'administration à vie de méthotrexate, dont on ignore les effets à long terme sur l'organisme.

Clonage de mammifères

Le clonage des mammifères n'est plus du domaine de la futurologie. Par reproduction asexuée, on a obtenu des souris bien constituées, à partir d'une seule cellule embryonnaire. Elles sont en tous points des doubles génétiques de la cellule dont elles proviennent, tout comme sont identiques deux vrais jumeaux issus du même œuf.

L'expérience a été réalisée par deux chercheurs travaillant à l'université de Genève, K. Illmensee et P. Hoppe.

Dans un œuf de souris qui vient d'être fécondé et dont on retire à la micropipette les deux noyaux, Illmensee et Hoppe greffent le noyau d'une cellule d'un très jeune embryon (stade blastula), provenant d'une deuxième souris ; cet œuf mis en culture se développe et, après quelques jours en éprouvette, il est implante dans l'utérus d'une troisième souris. Sur cinq cent quarante-deux transplantations de ce type, seize embryons paraissant normaux ont été transférés dans un utérus de souris. Trois de ces embryons, issus de trois souris différentes donneuses de noyaux, ont donné des souriceaux ; deux d'entre eux sont devenus adultes et se sont reproduits tout à fait normalement.

Chez les batraciens, cela fait une vingtaine d'années que le clonage a été réalisé (grenouilles, tritons, crapauds), mais, chez les mammifères, les difficultés techniques de l'implantation du noyau étaient restées jusqu'ici insurmontables, du fait de la petitesse de l'œuf et de sa fragilité. L'expérience de Genève permet de mieux comprendre le rôle du noyau et des gènes dans la différenciation cellulaire à divers stades précoces de la vie embryonnaire, et de confirmer, chez les mammifères, la nécessité absolue du spermatozoïde pour déclencher le développement embryonnaire, bien que le noyau du spermatozoïde soit retiré avant la première division de l'œuf.

L'industrie génétique en France

À l'exemple des États-Unis, où il existe depuis plusieurs années deux sociétés d'ingénierie génétique, Cetus et Genentech (Journal de l'année, 1978-79), et de la Suisse, avec la société Biogen, la France s'est dotée en 1980 de deux sociétés d'ingénierie génétique à capitaux privés, Transgène et Genetica, et d'une société semi-publique d'intérêt économique, le Groupement de génie génétique (G 3). La société G 3 réunit l'Institut Pasteur, le CNRS. l'INRA et l'INSERM. Ses objectifs sont l'application du génie génétique d'abord à la santé, par la production de vaccins, d'hormones, d'enzymes, mais aussi à l'agronomie, à l'énergie, à la chimie.