La recherche fondamentale, rappelle le Livre blanc, ne saurait être pilotée par l'aval, c'est-à-dire en fonction des demandes de la recherche appliquée, ne serait-ce que parce qu'il est impossible de prévoir les applications des découvertes futures. L'exemple du laser est, à ce propos, particulièrement démonstratif. Tout au plus, pourrait-on demander aux fondamentalistes de songer davantage aux utilisations possibles de ce qu'ils trouvent ou ont trouvé.

Biotechnologie

Tenant largement compte du rapport sur La biotechnologie demain, remis au Premier ministre Raymond Barre par J.-C. Pelissolo, le gouvernement a décidé de lancer plusieurs programmes pilotes pour pallier l'insuffisance de la recherche et de l'industrie françaises dans ce domaine : immunologie, industrie des semences et des plants sélectionnés, industrie agro-alimentaire. Le rapport constate le retard technologique français sur les pays leaders, États-Unis et Japon, l'absence d'une industrie française des enzymes, l'absence de banque de micro-organismes.

INRA

Après le CNRS et le CNET, l'INRA est autorisé à prendre des participations financières ou à créer des sociétés filiales, en vue notamment d'assurer la valorisation de ses recherches, rejoignant ainsi le CEA dont les filiales sont nombreuses.

Parmi les objectifs fixés à l'INRA par le ministre de l'Agriculture figure la recherche de moyens permettant de réduire les coûts de production, qui croissent beaucoup plus vite que les revenus agricoles, et d'aider les industries agro-alimentaires à sortir de leur sous-développement technique.

Matière

Physique fondamentale

La théorie de la grande unification

Après être parvenus à rassembler l'interaction électromagnétique et l'interaction faible — désormais groupées en une seule, dite électrofaible (Journal de l'année 1978-79 et 1979-80.) —, les physiciens poursuivent dans un climat de vive effervescence leur entreprise de simplification des interactions (ou forces) fondamentales de la nature.

Une théorie dite de la grande unification ambitionne de rattacher aux deux précédentes l'interaction forte, qui lie protons et neutrons dans le noyau de l'atome, et probablement aussi les quarks, composants des protons et des neutrons. Elle est encore loin d'être achevée et elle implique la remise en cause des notions longtemps admises, comme la stabilité indéfinie du proton et la masse nulle du neutrino. Mais certaines de ses prédictions sont déjà soumises à vérification, tandis qu'un foisonnement de résultats expérimentaux, parfois déconcertants, pose des problèmes nouveaux.

Symétrie

Entre les diverses interactions et les particules qui leur sont attachées, il existe des dissemblances, ce que les physiciens nomment des dissymétries.

Ainsi les photons n'ont pas de masse, tandis que les bosons sont très lourds. L'hypothèse de Weinberg et Salam, prix Nobel 1979 pour leur élaboration de la théorie électrofaible (Journal de l'année 1979-80.), est qu'il n'en a pas toujours été ainsi : des brisures spontanées de symétrie se seraient produites au cours de l'histoire de l'univers, au fur et à mesure que celui-ci se refroidissait.

Dans la phase chaude du début de l'expansion, à une température supérieure à 1029 K (100 milliards de milliards de milliards de degrés) aucune distinction n'existait entre les forces. Vient ensuite l'étape tiède, entre 1029 et 1013 K : l'univers commence à perdre sa symétrie, la force forte se sépare des forces faible et électromagnétique qui restent encore confondues, les bosons sont des particules sans masse, comme les photons. Enfin, dans la phase froide — l'actuelle —, les quatre forces fondamentales se différencient.

En se rapprochant des conditions de l'étape tiède, les prochains grands accélérateurs permettront de vérifier la théorie électrofaible. Mais aucun ne communiquera à des particules une énergie correspondant à 1029 K, qui permettrait de tester directement la théorie de la grande unification. Toutefois, celle-ci prédit ce qui devrait se passer si l'univers continue à se refroidir : une nouvelle rupture de symétrie, par laquelle le photon à son tour acquerrait une masse.

Expérimentations

Des physiciens britanniques entreprennent, dans un laboratoire du Sussex, de geler des photons à cinq centièmes de degré du zéro absolu (0° K) et de déceler s'ils ont alors une masse, même très faible.