Huguette Bouchardeau, 46 ans, assistante d'université, PSU.

Jacques Chirac, 46 ans, ancien Premier ministre, maire de Paris, RPR.

Michel Crépeau, 50 ans, avocat, maire de La Rochelle, MRG.

Michel Debré, 69 ans, ancien Premier ministre, maire d'Amboise, RPR.

Marie-France Garaud, 47 ans, avocate, gaulliste.

Valéry Giscard d'Estaing, 55 ans, président sortant, UDF-PR.

Arlette Laguiller, 41 ans, employée de banque, Lutte ouvrière (trotskiste).

Brice Lalonde, 35 ans, journaliste, écologiste.

Georges Marchais, 61 ans, ancien ouvrier métallurgiste, PC.

François Mitterrand, 65 ans, avocat, maire de Château-Chinon, PS.

Bilan économique

Dans la campagne pour les élections législatives de mars 1973, Valéry Giscard d'Estaing déclarait (huit mois avant la guerre du Kippour) : « Cette forte croissance a fait disparaître de notre réalité économique, mais aussi de ce débat électoral, deux maîtres mots bien connus des Français et à propos desquels s'éveille l'angoisse des hommes : le chômage et le déficit... ». Que les temps sont changés ! Le président sortant de 1981 n'a pas eu cette chance. Son septennat a été encadré par les deux chocs pétroliers : de 1973 à 1981, le prix du brut importé a décuplé, et la facture est passée de 1,5 % du produit intérieur à 4,5 %.

Mais il ne s'agit pas que de malchance. Giscard n'était pas innocent : ministre des Finances de Pompidou, il avait poussé l'expansion dans des conditions de plus en plus malsaines. De plus, il faut distinguer, dans le septennat, deux conduites opposées, qui correspondent aux deux Premiers ministres successivement choisis.

Dans une première phase, avec Jacques Chirac, la leçon de « l'accident » pétrolier et des errements passés n'est pas tirée et l'on cherche à renouer avec la croissance d'antan. Le VIIe Plan (1976-1980) se contente d'extrapoler les courbes. Mais la politique économique du tandem Chirac-Fourcade est à courte vue et ne fait qu'aggraver les problèmes posés. Le plan de « refroidissement » de Fourcade de juin 1974 précipite la récession en frappant les entreprises sans freiner le pouvoir d'achat ; puis la relance Chirac de septembre 1975 relance... l'inflation, en creusant le déficit budgétaire, en multipliant les liquidités, en accélérant les salaires et les prix. En mai 1976, le franc doit sortir du serpent monétaire européen pour la seconde fois depuis janvier 1974 (Journal de l'année 1975-76).

C'est alors l'appel à l'homme qui, pendant les années folles, avait joué les Cassandre à Bruxelles et prêchait « l'assainissement ». Lançant son « programme de lutte contre l'inflation » en septembre 1976, Raymond Barre demande trois ans pour réussir... mais voici que survient le second choc pétrolier, et on le verra plus soucieux d éviter la récession et de rénover l'outil de production que de peser sur les indices. De sorte que le bilan que l'on peut dresser de ce septennat très hétérogène est finalement ambigu, et franchement paradoxal s'agissant du legs de Barre auquel les sondages ont prêté une image d'« injustice » et de « conservatisme ».

Niveau de vie

La croissance « sobre » n'a pu empêcher une explosion du chômage. Face à des arrivées massives sur le marché du travail (qui ont culminé à 250 000, nettes, en 1980), les taux de croissance à 6 % du passé ne pourraient eux-mêmes que stabiliser le chômage et non le réduire. Ralentie de moitié, l'expansion n'en a pas moins été maintenue, plus rapide qu'ailleurs (Japon excepté). Et c'est la consommation qui a été son principal moteur, contrairement à la période précédente et aux objectifs du Plan qui prévoyait que ce serait l'investissement productif : elle s'est accrue plus que la production.

En dépit du freinage progressif des salaires, leur pouvoir d'achat (net) a tout de même augmenté de 1 à 3 % par an en moyenne de 1974 à 1980 (selon les indicateurs), même s'il a baissé pour les cadres. Et surtout les prestations sociales ont fourni un appoint très important, puisqu'elles ont crû de 6,6 % par an en pouvoir d'achat sur la période. Ce gonflement a des raisons économiques (la montée du chômage explique un bond de 14 % pour la seule année 1975), mais aussi sociales : la concrétisation des promesses faites aux plus défavorisés, personnes âgées, handicapés, veuves, familles, etc. (Journal de l'année 1976-77).