Enfin, le Printemps de Bourges, festival annuel de la chanson, s'est tenu en avril malgré de lourdes difficultés d'organisation ; il a surtout consacré les tenants du nouveau rock français (Trust, 12°5, Ange, Valérie Lagrange, Odeurs). L'académie Charles Cros a honoré de ses prix annuels Hélène Martin, Michel Jonasz, Marie-José Vilar, la jeune Grecque Angélique Ionatos, les Occitanes Rosina et Martina de Peira, Jean Vasca, l'Argentin Una Ramos et Gérard Pierron, le savoureux interprète de Gaston Coûté. En bref, une saison où l'on a beaucoup chanté, pour un public qui n'était pas toujours au rendez-vous mais qui découvrira peut-être un jour que cette année pléthorique a laissé à la chanson une poignée de refrains immortels.

Télévision

Le temps de l'exigence et de la maturité

Les Français boudent-ils leur télévision ? Non, bien sûr. Elle reste pour la majorité d'entre eux la détente favorite, leur source de culture et d'information. Pourtant, le pouvoir de fascination de la lucarne aux images n'opère plus comme avant, s'il faut en croire un sondage de l'institut Louis Harris.

Monotone

Cette enquête démontre en effet que les Français regardent plutôt moins leur petit écran : 66 % affirment passer moins de soirées devant la télévision, 41 % la trouvent d'ailleurs moins intéressante qu'avant, 36 % la jugent même monotone. Ceux qui la regardent plus qu'auparavant avouent que c'est parce que leur situation personnelle leur laisse plus de temps pour suivre les programmes.

Quant à ceux qui la regardent moins, ils remplacent la magie perdue par la lecture (41 %) et les discussions en famille. Est-ce donc là la victoire des adversaires de ce démon audiovisuel venu il y a trente ans, jusque dans nos foyers, assiéger nos fils, nos compagnes... et nous-mêmes ? Certes non.

La télévision reste malgré tout un spectacle suivi, l'amie devenue nécessaire à une catégorie de public : troisième âge, handicapés, malades. Mais il devient de plus en plus clair que le public, celui de la deuxième génération du petit écran (expérimenté ? averti ? méfiant ?), apprend à choisir ses soirées et sait désormais estimer la valeur de son temps, fût-il de loisir, devant le spectacle passif d'une production sans intérêt.

On pressentait cette attitude depuis quelques années. Ce sondage, c'est nouveau, confirme nettement cette impression. Et 54 % des personnes interrogées précisent qu'une amélioration des programmes est une condition sine qua non d'une plus grande fidélité au petit écran.

Quotidiens

Le journal télévisé demeure en tête des émissions suivies par la majorité des Français. Il est vrai que sur le plan de l'information, même si une partie de l'opinion le juge toujours suspect de trop grande conformité avec la philosophie du pouvoir en place, l'image et le film sont des atouts irremplaçables. Les directeurs des différentes rédactions le savent bien.

Henri Marque et André Celaner (TF1), Jean-Pierre Elkabbach (A2) et Jean-Marie Cavada (FR3) ne se disputent plus l'audience sur la présence de tel ou tel leader politique ou sur tel débat. Le temps des joutes électorales en direct est révolu. Pas de paroles, ou peu. Surtout des faits. C'est sur ce thème que la concurrence entre les sociétés de programme s'est établie. Et lorsqu'en janvier 1980 Jean-Pierre Elkabbach annonce que les efforts des journaux d'Antenne 2 se dirigeront sur des thèmes tels que le temps de vivre, la santé des Français ou le patrimoine, il s'engage dans le sens d'une opinion qui attend une information plus proche de ses problèmes quotidiens.

Une opinion qui ne se contente plus seulement d'entendre, mais veut aussi comprendre. C'est ainsi que sur FR3 le magazine hebdomadaire V3 - Le nouveau vendredi accroît son public par le choix de ses sujets, la rigueur de ses analyses, l'exigence dans le travail d'enquête. Que ce soient les risques pris par Jean Bertolino dans les maquis afghans ou la filière de la French Confection — le prêt-à-porter et sa main-d'œuvre bon marché — remontée par Michel Honorin, le professionnalisme revient en force sur les petits écrans.