La musique contemporaine demeure le terrain le plus déroutant pour les mélomanes et il est aussi absurde de rejeter toute tentative dans ce domaine que de l'accepter. C'est à travers une connaissance approfondie du répertoire des classiques contemporains, de Debussy à Messiaen, en passant par Alban Berg, Arnold Schoenberg, Anton Webern, Bela Bartok, Edgard Varèse, Igor Stravinski et Charles Ives, que l'on doit pouvoir aborder avec compétence l'audition des œuvres des compositeurs actuels les plus représentatifs comme Boulez, Berio, Xenakis, Barraud, Dutilleux, Marius Constant, John Cage, Charles Chaynes. Landowski, Ivo Malec ou Gilbert Amy, sans parler de la nouvelle vague des jeunes créateurs qui s'affirment comme notamment Alain Louvier, Ragnar Grippe, Graciane Finzi.

Dans le domaine de la recherche et de la diffusion de la musique contemporaine, la saison en province a été très active et s'est particulièrement signalée avec les Rencontres internationales d'art contemporain de La Rochelle, qui ont consacré sept soirées au compositeur argentin Maurizio Kagel ; avec les Semaines de la musique contemporaine de la Drôme ; ou encore avec la création française, en octobre à Lyon, de deux œuvres de Luciano Berio, Passagio et Opera, tentatives lyriques de théâtre musical, parfois déroutantes mais avec des éclairs fulgurants qui ne pouvaient laisser indifférent ; et surtout avec les huit jours des Rencontres internationales de Metz, inaugurées devant 1 800 auditeurs au Palais des Sports par un concert dirigé par Boulez à la tête de l'orchestre de la BBC, dont le temps fort fut le Concerto pour piano de Schoenberg, joué par Alfred Brendel. Au 15e Sigma de Bordeaux, on a eu la création de la Xe Symphonie de Beethoven de Pierre Henri, patchwork de son écoute du monde beethovénien, où le compositeur fut quand même broyé par son gigantesque inspirateur.

Enfin, les Semaines musicales d'Orléans, au mois de décembre, révélèrent un Concerto pour clarinette de Charles Chaynes. Dans le cadre des Perspectives du XXe siècle, à Paris, Radio-France nous a fait découvrir un compositeur de 33 ans, Gérard Grisey, et le Groupe de recherches musicales INA s'est signalé par deux œuvres intéressantes : Entre ciel et terre de Jacques Lejeune et Stries de Bernard Parmegiani. Au Centre Pompidou, dans la série Rencontre avec un compositeur, des soirées enrichissantes ont été consacrées notamment à Xenakis, Lévinas, Taïra, Dutilleux et Dusapin.

Autres faits marquants : la création, à l'auditorium de Radio-France, d'Erosphère de François Bayle et, au festival de Nanterre, la série de concerts donnée par l'Ensemble intercontemporain et celui des Percussions de Strasbourg avec Victor Hugo : un contre tous d'Ivo Malec, Le Nez de Chostakovitch, Recent Ruins de Meredith Monk et les reprises de Mangeurs d'ombre de François-Bernard Mâche et de Syllabaire pour Phèdre de Maurice Ohana.

Dans le domaine lyrique, citons également le spectacle Stockhausen à la salle Favart, en novembre, très controversé, à la fois curieux, irritant et fascinant ; et la création (en version de concert), le 29 février à la Maison de la radio, d'Elseneur, opéra de René Koering sur un livret de Michel Butor, ouvrage qui se rapproche plus de l'oratorio et auquel la critique reprocha un manque de rythme, tout en reconnaissant, dans sa dernière partie, un véritable sens dramatique.

Enfin le dernier événement de la saison avec la création, le 5 juin, à la salle Favart, des Noces Chymiques de Pierre Henry, sorte de rituel féerique sur un texte allemand du XVIIe siècle, mobilisant les éléments les plus divers de l'expression musicale contemporaine. une œuvre complexe et ardue mais à laquelle la critique a reconnu une force et une originalité certaines.

Danse

Une saison riche en manifestations, mais pauvre en création

« Il n'y a plus de saisons » ; cet adage populaire pourrait s'appliquer aujourd'hui à la danse. L'époque des balletomanes, jalonnée de quelques grands moments chorégraphiques, a fait place à un spectacle diffus et permanent. Le Festival d'automne, autrefois symbole de la rentrée parisienne, est noyé dans une activité à plein temps qui sollicite le public douze mois sur douze et condamne les compagnies à d'interminables migrations.