En fait, la dégradation des relations remonte bien avant l'affaire afghane. C'est d'abord en juillet 1979 le déclenchement d'une opération psychologique visant aussi bien le projet des États-Unis (lié à la crise du pétrole) de constituer une force mobile d'intervention que la politique américaine au Nicaragua, en Rhodésie, ou vis-à-vis des réfugiés vietnamiens. Ce sont ensuite, en septembre et en octobre, les remous nés autour de la présence dénoncée, puis plus ou moins démentie par Washington d'une brigade soviétique à Cuba.
Mise en garde
C'est encore la campagne lancée par Leonid Brejnev contre l'installation en Europe de fusées américaines Pershing 2 capables d'atteindre le territoire soviétique et destinées à faire pièce aux missiles SS 20. Se souvenant du combat (mené avec succès) contre la bombe à neutrons, le Kremlin multiplie déclarations, mises en garde et même contre-propositions. Ainsi, dans un discours qu'il prononce le 6 octobre à Berlin-Est, Brejnev, se présentant toujours comme le champion de la détente, annonce la décision « unilatérale » de l'URSS de retirer de RDA dans les douze mois à venir 20 000 hommes et 1 000 chars. C'est là une bien modeste concession quand on sait que, face aux 2,1 millions d'hommes que compte l'armée américaine, l'armée rouge en aligne plus de 4 millions et que les dépenses militaires de Moscou sont supérieures de 50 % à celles de Washington, si l'on en croit les services secrets américains.
Si, consciente de sa vulnérabilité, la Chine se refuse à considérer l'intervention soviétique comme un casus belli, elle n'en appelle pas moins tous les peuples « à soutenir au maximum les résistants afghans ». En mai, Hua Guofeng affirme : « Toute concession ne peut qu'encourager l'insolence de l'URSS qui représente la principale menace à la paix et à la stabilité dans le monde. » Le traité d'amitié, d'alliance et d'entraide, signé pour trente ans en 1950 par Staline et Mao Ze Dong, arrive à expiration le 11 avril 1980 et n'est évidemment pas prorogé.
Bons offices
Chez les non-alignés (et à l'exception d'alliés sûrs tels que Hanoi, Pnom Penh et La Havane), seule New Delhi adopte dans l'affaire afghane une attitude conciliante et nuancée. Cuba offre ses bons offices pour un « règlement politique » et l'Inde assure faire tous ses efforts pour obtenir un retrait rapide des troupes. Malgré le piètre résultat de ses interventions, New Delhi signe en mai avec Moscou un contrat d'achat d'armes portant sur 1,6 milliard de dollars.
C'est dans le monde arabo-islamique que la répercussion de son action en Afghanistan est la plus néfaste pour l'URSS. La Conférence extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays islamiques, réunie en janvier à Islamabad, condamne unanimement l'intervention et exige le retrait des forces soviétiques. Mais, tout en maintenant cette demande à laquelle refusent de s'associer les pays du Front de la fermeté (Algérie, Libye, Syrie, Yémen du Sud et OLP), la Conférence islamique atténue en mai sa condamnation, en ouvrant la voie à une solution basée sur la négociation.
La diplomatie soviétique de ces douze derniers mois vis-à-vis des pays frères est également affectée par l'opération Kaboul. Si la Bulgarie, l'Allemagne de l'Est, la Tchécoslovaquie et, pour une moindre part, la Pologne et la Hongrie s'alignent, il n'en est pas de même de la Yougoslavie et de la Roumanie. L'une et l'autre condamnent l'invasion, mais de façon relativement discrète. Suivant en cela l'exemple du PCI et du PCE, elles boycottent la rencontre des PC européens organisée en mai à Paris par Varsovie et le PCF, seul des grands partis communistes occidentaux à avoir appuyé l'invasion de l'Afghanistan. Moscou choisit le silence, mais ce n'en est pas moins un nouveau coup porté à la cohésion, autrefois sans faille, du bloc soviétique.
Il faut dire que le bloc occidental ne montre pas pour sa part une homogénéité parfaite. En dépit des appels de Jimmy Carter, Paris, Bonn, et Tokyo, tout en condamnant de façon formelle l'intervention militaire, n'en poursuivent pas moins le dialogue avec Moscou. Andreï Gromyko vient à Paris le 2 avril 1980 et Valéry Giscard d'Estaing, à la surprise de tous, rencontre Leonid Brejnev, le 19 mai à Varsovie. Helmut Schmidt se rend à Moscou fin juin. Quant au Japon, il accepte de soutenir les États-Unis, mais sans compromettre ses intérêts économiques.
Yougoslavie
Belgrade. 21 910 000. 86. 0,9 %.
Économie. Productions (76) : A 17 + I 50 + S 33. Énerg. (76) : 2 016.
Transports. (*77) : 10 459 M pass./km, 22 225 Mt/km. (*77) : 1 923 900 + 199 200. : 2 366 000 tjb. (77) : 1 732 M pass./km.
Information. (75) : 26 quotidiens ; tirage global : 1 896 000. (76) : 4 526 000. (76) : 3 463 000. (75) : 470 000 fauteuils ; fréquentation : 81,7 M. (77) : 1 556 000.
Santé. (76) : 27 150. Mté inf. (77) : 35,2.
Éducation. (76). Prim. : 1 461 191. Sec. et techn. : 2 311 746. Sup. (75) : 394 992.
Armée. : 259 000.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président à vie de la République et président à vie du Parti : Tzviétine Miatovitch, élu le 15 mai 1980 ; succède à Lazare Kolichevski, chef de l'État par intérim après la mort de Josip Broz Tito, le 4 mai 1980. Président du conseil exécutif fédéral : Veselin Djouranovitch.
Le souci de Belgrade après la mort de Tito, sauvegarder l'indépendance
La Yougoslavie, adepte d'un système économique original, socialiste et autogestionnaire, voit en 1979 son développement freiné par une carence énergétique qui pèse lourdement sur sa balance commerciale. Dans la vie quotidienne, le défaut de pétrole se traduit notamment par des restrictions de circulation, des limitations de distance imposées aux transports routiers, une diminution des vols de l'aviation civile, etc.