Dans le même temps, les auctioneers britanniques ont réussi une progression supérieure à 30 % dans des circonstances économiques tout aussi difficiles.
C'est surtout dans le domaine des tableaux modernes que la suprématie de Londres sur Paris est le plus manifeste. Chez Sotheby et Christie's, plusieurs ventes de tableaux impressionnistes et contemporains d'un haut niveau ont provoqué des rivalités d'enchères entre acheteurs de tous pays. Cette internationalisation du marché de l'art a malgré tout des retombées bénéfiques pour Paris, à condition que les œuvres présentées soient de grande qualité.
À Versailles et en province, les commissaires-priseurs ont augmenté dans l'ensemble leur chiffre d'affaires d'une façon satisfaisante, en s'efforçant d'attirer un public d'amateurs qui souvent se détournent des antiquaires dans l'espoir — souvent illusoire — de faire une bonne affaire à moindre prix. Ce qui n'empêche pas les meubles et objets de qualité — quand on en trouve — d'augmenter régulièrement leurs prix de 15 à 20 % par an.
Autres records de la saison
Bijoux plaque de collier de Lalique : 202 000 F (18/XII/78). Paire de vases aubergine, Chine XVIIe : 410 000 F (28/III/79). Estampe de J.-E. Laboureur, burin 1923 : 13 500 F (9/V/79). Table de style Louis XVI (d'époque Napoléon III) : 105 000 F (16/V/79). Lit soleil par Ruhlmann : 165 000 F (28/II/79). Caillebote, Nature morte aux fruits (75 × 100) : 430 000 F (22/III/79). Utrillo, Vue de l'église de Puteaux, (92 × 65) : 351 000 F (20/III/79). Valloton, Nature morte (80 × 64) : 170 000 F (26/III/79). L'objet le plus cher de l'année a été vendu à Londres (Sotheby 4/IV/79) : une coupe romaine Diatrète (IIIe siècle) sertie d'un grillage de verre : 520 000 L, plus de 5 000 000 F. Un autre record a été battu à Genève (Christie's, 9/V/79) pour un objet moderne : une pendulette Arts Déco de Van Clef, mouvement Vacheron, en cristal de roche et diamants : 1 650 000 F. Coupe en forme de coquillage par Gallée : 925 000 F, Christie's, Genève, 20/VI/79 (précédent record 210 000 F à Drouot). Monet, Les nymphéas (102 × 200) : 2 300 000 F, palais Orsay, 26/VI/79.
Tendances
Si la hausse sensible de la peinture contemporaine est un phénomène qui semble annoncer la fin de la crise sur le marché de l'art, d'autres tendances significatives sont à retenir. L'écart se creuse entre les marchandises ordinaires (commodes et sièges du XVIIIe sans particularités intéressantes) et les pièces de grande qualité que les amateurs disputent aux professionnels par des rivalités d'enchères de plus en plus élevées. Les grandes collections qui présentent un ensemble homogène de pièces choisies avec goût obtiennent toujours d'importantes plus-values (Netsuke de Lichtenberger, bibliothèque de R. Castaing, cadres d'André Trampitsch, bilboquets de Jacques Lehmann, meubles et tableaux de la collection Beurdeley). Le domaine de la curiosité s'élargit sans cesse vers des spécialités jusqu'alors ignorées ou méprisées : cartes postales, curiosités photographiques, affiches, vieux papiers, lingeries anciennes, outils, etc. L'art du Moyen-Orient maintient ses cours pour les objets classiques (manuscrits, miniatures, bronzes du Louristan, tapis), mais, brutalement privé de ses principaux acheteurs iraniens, l'art kadjar du XIXe (laques, peintures) est en chute libre. L'évolution du goût s'oriente, dans le domaine du mobilier, davantage vers les styles sobres et dépouillés (Haute Époque, Louis XVI, Arts Déco) que vers les grâces chantournées du Louis XV qui semble lasser. Les meubles régionaux en bois massif (chêne, noyer, acajou) confirment leur ascension rapide par rapport à la marqueterie, notamment pour les commodes, bahuts, armoires, cabinets et bonnetières qui trouvent naturellement leur place dans les résidences secondaires.
Tableaux et dessins anciens
Les prix donnés pour les tableaux hollandais et flamands restent très soutenus, avec une tendance à la hausse encore plus marquée pour les compositions de fleurs et fruits.