Architecture

Tout le monde est d'accord pour tourner le dos au gigantisme

On pourrait parler d'architecture comme de la mode vestimentaire : longueur sous le genou, retour du boléro ou du blazer... La seule différence est que des traces encombrantes des fantaisies passées restent inscrites dans le sol pour longtemps, que des familles habitent le rêve qui traversa un jour l'esprit d'architectes mégalomanes et que le génie ne souffle pas également partout.

Cette fois, c'est dit. Les barres et les tours, personne n'en veut plus. Aucun architecte n'ose plus en proposer. En attendant qu'on leur trouve un charme rétro.

Soutenu par une critique populaire parfois exagérée et injuste (Sarcelles commence à vivre, dit-on, comme une ville), le rejet de l'urbanisme issu d'une interprétation simpliste de la charte d'Athènes et des thèses de Le Corbusier est confirmé.

Et les architectes et les théoriciens qui préparaient dans l'ombre le renouveau de formes urbaines plus familières sortent leurs plans au grand jour. Déja quelques opérations isolées n'avaient pas craint qu'on leur colle l'étiquette péjorative de pastiche : dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, l'architecte Ducharme a bâti un ensemble d'immeubles groupés le long de ruelles vaguement méditerranéennes. Les couleurs ocre des façades ajoutent à l'illusion. L'urbanisme touristique, avec Port-Grimaud, dû à François Spoerry, et les copies plus discrètes du Languedoc avaient ouvert la voie.

Mais cette année est marquée par deux événements beaucoup plus significatifs : le concours des immeubles de ville à Cergy-Pontoise et la construction à Paris d'un miniquartier, la rue des Hautes-Formes, dans le 13e arrondissement.

Construction assurée

Les architectes, depuis le 1er janvier, ne sont plus seuls à supporter la fameuse garantie décennale des constructions. Les maîtres d'œuvre, les bureaux d'étude, les ingénieurs, les promoteurs, les entreprises de bâtiment et même les particuliers sont tenus par la loi du 4 janvier 1979 d'assurer leur édifice contre les malfaçons. L'assurance-dommages ou assurance-construction permet de garantir, en cas de malfaçons, un préfinancement par la compagnie de la remise en état des éléments défectueux dans un délai de cinq mois après la constatation du sinistre. La compagnie recherche les responsables et peut se retourner contre eux. C'est pourquoi les partenaires de l'autorisation de construire sont tenus de souscrire une assurance-responsabilité. Cette loi généralise une pratique qui était assez peu répandue : 50 % des bureaux d'ingénierie, 40 % des entreprises de bâtiment, 90 % des fournisseurs de matériaux n'étaient pas assurés. Mais cette situation concernait généralement les petites opérations et seulement le quart du chiffre d'affaires du bâtiment. L'application de cette loi aura pour effet d'éviter à l'avenir les mésaventures des habitants de chalandonnettes qui attendent toujours des réparations qui seront coûteuses. Mais elle a pour inconvénient de renchérir, pour l'utilisateur final, le coût de la construction de 1,2 à 3 % selon les prévisions officielles.

Retour de l'îlot

Après le concours des maisons de ville, les responsables de la ville nouvelle ont mis au point l'aménagement d'un quartier qui bordera une boucle de l'Oise. Au lieu de partager l'espace au hasard des échangeurs autoroutiers et des passerelles piétonnes, comme ils l'ont fait pour les premiers quartiers de la ville nouvelle, ils ont tracé un plan à l'ancienne : rues, boulevards, places, parcs et perspectives, points de vue sur Paris au loin. Tout a été pensé pour l'agrément du citadin futur et d'un promeneur imaginaire.

Des règles précises ont été proposées aux concurrents (136 équipes), afin que chacun retrouve sa vraie place dans la réalisation de la ville : les urbanistes dessinent le plan, définissent les règles de l'harmonie commune ; les architectes proposent leur solution, leur interprétation pour une petite opération. La diversité dans l'unité. L'ensemble comportera 3 700 logements qui seront réalisés par les 13 équipes lauréates.