À cet égard, en 1978, le fait nouveau n'est peut-être pas l'amélioration du climat conjoncturel, mais le libéralisme que professent officiellement les deux patrons de l'économie française, Raymond Barre et René Monory. Réalistes l'un et l'autre, ils ne peuvent prôner la liberté pour les entreprises dynamiques tout en acceptant de subventionner un secteur d'activité incapable de survivre par ses propres moyens. « Pas de pitié pour les canards boiteux », n'est-il pas l'un des slogans de la doctrine libérale ? Reste à savoir si, joignant le courage à la logique, le gouvernement ira jusqu'au bout de ses convictions. Voilà qui mécontenterait beaucoup de gens et contrarierait beaucoup d'intérêts. D'où la nécessité d'une troisième vertu : l'imagination. C'est finalement, peut-être, beaucoup demander.

Mécanique

Une grisaille persistante

Les industries françaises de la construction mécanique n'en finissent pas de sortir de leur léthargie : 1978 (après les trois exercices précédents) sera pour elles encore une année morose ; du moins les résultats qu'elles ont obtenus durant les premiers trimestres de cette année le laissent-ils craindre : seul le secteur de la mécanique de précision a des perspectives meilleures, au contraire de l'équipement et surtout de la transformation des métaux, où le ralentissement, voire la diminution d'activité sont toujours de mise.

Dans cette grisaille persistante, une remarque d'un des dirigeants de la mécanique nourrit toutefois un peu d'optimisme : « Voilà trois ou quatre ans, dit-il, que les entreprises mécaniciennes usent leurs machines jusqu'à la limite. Il va bien falloir qu'elles se décident à les renouveler... »

L'année 1977 a été fort médiocre. Si la production en valeur (109,50 milliards de F) a progressé de 8 %, en volume l'augmentation n'a été que de 0,4 % (3,3 % en 1976). Ainsi le niveau de la production reste encore inférieur de 0,80 % au niveau record de 1974.

Certes, les industries mécaniciennes des principaux pays de l'Europe occidentale connaissent aussi une longue passe difficile (RFA + 1 % ; stagnation en Italie et en Grande-Bretagne) ; en revanche, aux États-Unis (+ 8 %) et au Japon (+ 9 %), ces mêmes industries volent de victoire en victoire ; déjà, en 1976, elles avaient réussi respectivement + 7 % et + 17,9 %. Les firmes françaises pourront-elles demain facilement reprendre le terrain perdu ?

Secteurs

En France, les secteurs de la transformation des métaux (+ 2,90 %), de la précision (+ 3,90 %) ont progressé. En revanche, ceux de l'équipement (– 0,10 %), qui représentent la moitié du chiffre d'affaires de la profession, du machinisme agricole (– 3,40 %) et des industries connexes, matériels ferroviaires et construction métallique (– 5 %) sont en recul.

Le résultat, pour chacun de ces secteurs, aurait été beaucoup plus médiocre si, en dépit d'une concurrence internationale qui, bien sûr, ne désarme pas, il s'en faut, les firmes nationales ne pouvaient présenter un tableau satisfaisant de leurs échanges avec les pays étrangers.

Les exportations en effet ont atteint 49,40 milliards de F (+ 5,20 % à prix constants), tandis que les importations — 38,60 milliards de F — diminuaient de 0,60 %, en raison, notamment, de la faiblesse des investissements. Ceux-ci, depuis quatre ans, sont stagnants.

En 1977, le taux de couverture des ventes par rapport aux achats est de 137 %, l'excédent dégagé est supérieur à 11 milliards de F (moins de 8 milliards en 1976). La mécanique a vendu à l'étranger 45 % de sa production (30 % entre 1970 et 1973).

Régularité

Ainsi, pour la quatrième année consécutive, les entreprises mécaniciennes ont vendu à l'étranger plus de matériels et de machines qu'elles n'en ont acheté. Cette bonne performance et surtout sa régularité dans le temps sont à souligner d'autant que, jusqu'au début des années 70, ces firmes ne parvenaient guère à prendre pied durablement sur les marchés extérieurs. Cette nouveauté est un signe évident du redéploiement d'une des plus importantes industries françaises (plus de 10 000 entreprises ; 672 000 salariés en 1976, 683 000 en 1977).