Quoi qu'il en soit, le revenu brut agricole 1975 s'établit à 56 954 millions de F, en progression de 9,2 % sur celui de 1974. Si l'on prend en compte l'évolution des prix de la production intérieure brute, le revenu brut agricole a baissé, en termes réels, de 3 %. La diminution du nombre d'agriculteurs étant évaluée à 2,7 %, le revenu a donc diminué de 0,3 %. Mais, sur la période 1970-1975, ce revenu brut agricole a progressé, en valeur réelle, de 3,6 % par an.

Les prix agricoles

Les ministres de l'Agriculture des Neuf fixent, le 6 mars 1976, les prix de la campagne 1976-1977. Ceux-ci augmentent, en unités de compte, de 7,5 % en moyenne. Mais cette augmentation est modulée selon les pays, puisque les Neuf décident de rapprocher leurs prix, exprimés en monnaies nationales respectives, en réduisant les montants compensatoires.

La France, dont la monnaie avait rejoint le serpent communautaire en mai 1975 et s'était revalorisée, aurait dû amputer de 1,4 % les augmentations décidées. Mais quinze jours après la fixation des nouveaux prix, le franc sort à nouveau du serpent. Conséquence : aux augmentations des prix agricoles français s'ajoute 1,4 %. Les hausses s'établissent ainsi : blé tendre, 9 % (prix indicatif) ; maïs, 9 % (prix indicatif), – 8,5 % (prix d'intervention) ; orge, 8,5 % (prix indicatif), – 4,5 % (prix d'intervention) ; lait, 4,5 % (prix indicatif) le 25 mars, et 3 % (prix indicatif) le 16 septembre ; viande bovine, 8 % (prix d'orientation), – 7,5 % (prix d'intervention) ; vins de table, 6,5 % (prix d'orientation) ; viande de porc, 8 % (prix de base) ; sucre, oléagineux, fruits et légumes (sauf pommes et poires, 4 %), 8 % (tous prix).

Les augmentations les plus fortes concernent les prix souhaités par la Communauté. En fait, c'est la loi de l'offre et de la demande qui fixe les prix réels de marché. Seuls les prix d'intervention peuvent s'assimiler à des prix garantis.

Les conférences annuelles

La concertation gouvernement-organisations agricoles se couronne tous les ans par une conférence à Matignon. Ses résultats devenant en quelque sorte un budget agricole-bis, la grogne des parlementaires a conduit le Premier ministre à y associer les présidents des commissions intéressées.

Priorités

La conférence annuelle de 1975, quelque peu retardée, se tient le 16 octobre. Son bilan s'élève à 600 millions de F. Le gouvernement donne la priorité au rajeunissement de l'agriculture, en généralisant l'octroi d'une prime de 25 000 F (30 000 en zones défavorisées et 45 000 en montagne) aux jeunes qui s'installent sur des exploitations inférieures à 80 ha. Parallèlement, l'indemnité viagère de départ versée aux agriculteurs âgés de 60 à 65 ans augmente de 20 %.

Les taux du remboursement forfaitaire passent de 2,4 % à 3,1 %, et ceux de 3,5 % passent à 4,2 %. L'augmentation atteint 1 % pour les groupements de producteurs. Afin d'atténuer les disparités régionales, le transfert des charges des départements favorisés vers ceux qui ne le sont pas passe de 14 à 80 millions. Pour les cotisations sociales, le calcul se fonde non seulement sur le revenu cadastral, mais également sur le revenu brut d'exploitation dans une proportion respective de 80/20 qui devient, en 1976, 75/25. Les conditions d'ouverture aux pensions d'invalidité passent de 100 à 66 %.

Pour les mesures économiques, les crédits d'orientation du Forma (Fonds d'orientation et de régularisation des marchés agricoles) augmentent de 57 millions. Pour 1976, les crédits d'investissements du ministère doivent être accrus de 100 millions et ceux de fonctionnement, pour l'enseignement, revus. Un crédit de 60 millions est ouvert en faveur des arboriculteurs et des stations fruitières sinistrés.

Sécheresse

Comme convenu lors de la conférence annuelle 1975, celle de 1976 se tient en juin. Son ordre du jour est quelque peu bouleversé par les problèmes soulevés par la sécheresse. D'un commun accord, gouvernement et représentants professionnels décident que les conséquences de cette catastrophe sur le revenu agricole seront étudiées lorsque le bilan pourra en être fait. Rendez-vous est pris pour le 29 septembre 1976, date déjà retenue en mars pour examiner l'état du revenu agricole, qui dépend des mesures de Bruxelles.