En août 1975, un Conseil interministériel restreint, qui s'est tenu à l'Élysée, a approuvé la dernière mouture du plan de restructuration de l'industrie électronucléaire française.
Informatique
Les accords définissant les conditions de la fusion entre les activités grande informatique de la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) et le groupe Honeywell-Bull ont été définitivement conclus le 25 novembre 1975 (Journal de l'année 1971-72 ; 1972-73 ; 1974-75). Les intérêts français, soit 53 % (détenus par l'État, la Compagnie générale d'électricité et les anciens actionnaires des machines Bull), sont regroupés dans une nouvelle société, dénommée CII-Honeywell-Bull. Le groupe américain Honeywell possède le reste du capital, soit 47 %.
L'État versera à la nouvelle firme 1,20 milliard de F entre 1976 et 1980 pour racheter des actions de la firme américaine, pour subventionner la CII-H-B, apurer les comptes de l'ancienne CII, faciliter enfin les études des ordinateurs de grande capacité (X4). La fabrication de ceux-ci ne serait pas confiée à la nouvelle CII-H-B (car le groupe américain s'en désintéresse), mais à la partie de l'ex-CII qui n'a pas été apportée dans la nouvelle firme.
Conséquence de la création de l'entreprise franco-américaine, la résiliation de l'association UNIDATA, qui rassemblait les activités informatiques des groupes allemands Siemens et néerlandais Philips, outre ceux de la CII, bien sûr (Journal de l'année 1973-74).
Téléphone
Tandis qu'à l'automne de 1975 une nouvelle société est créée pour le financement du téléphone (Francetel, celle-là entièrement à capitaux publics), le gouvernement organise au printemps 1976 le développement accéléré de l'industrie des télécommunications.
Principaux bénéficiaires, les groupes Thomson et CGE. Cette nouvelle politique a été arrêtée le 13 mai 1976. Elle est basée, pour le principal, sur les choix techniques de méthodes de transmission de la parole.
Le gouvernement a profité des options qu'il avait à prendre pour franciser deux filiales de grandes sociétés étrangères produisant des matériels téléphoniques, la contrepartie étant pour les sociétés mères de pouvoir participer à un marché prometteur (de l'ordre de 50 milliards de F au cours du VIIe plan, 1976-1980), dont découleront aussi des royalties importantes.
Ainsi, dès la fin avril, a été annoncée la prise de contrôle par le groupe Thomson et sa filiale Thomson-CSF de la société Le Matériel téléphonique (filiale du groupe américain ITT) et de la Française des téléphones Ericsson (filiale de la firme suédoise portant le même nom).
Le nouvel essor donné aux télécommunications devrait permettre en principe de satisfaire les demandes de téléphone : 600 000 nouveaux abonnés avaient été raccordés en 1974 et 1 200 000 en 1975. Entre 1976 et 1980, au total, le nombre d'abonnés passerait de sept à quinze millions.
Bâtiment
Le logement social à la dérive
Alors que la France, peu à peu, s'habitue à l'idée qu'elle est enfin sortie de la crise du logement (en vingt ans, par exemple, le pourcentage de logements ne possédant pas l'eau courante est tombé de 33 % à 3 %), une maladie plus insidieuse est révélée tout à coup : son nom, savant comme il se doit (l'inadaptation de l'offre à la demande), est précisé par les nombreux experts qui, fin 1975 et début 1976, se succèdent au chevet de la malade, la construction française.
Critiques
Sur le diagnostic, tous les spécialistes s'accordent. Premier à passer l'habitat aux rayons X, Robert Lion, délégué général des HLM, le définit dans un livre blanc percutant :
– les aides publiques, considérables, sont distribuées « à l'inverse du sens commun ». Ainsi, en 1976, sur 26 milliards dépensés par l'État, 4 milliards seulement iront aux constructions les plus sociales, c'est-à-dire aux HLM locatives. En revanche, « 9 milliards seront saupoudrés, quel que soit le revenu du bénéficiaire, à des ménages aisés, voire fortunés » ;
– le logement « social » n'a plus de social que le nom. Les HLM (200 000 lancées en 1975) deviennent hors de portée des ménages modestes, auxquels ils étaient pourtant destinés. Exemple : le loyer d'un appartement HLM de 4 pièces, en région parisienne, atteint 750 F, plus 300 F de charges. Or, l'allocation logement (aide à la personne) ne sera, pour un ménage gagnant 2 500 F par mois, que de 150 F. C'est ce qui explique que, dans toute la France, des logements HLM restent vides. Comme à Grigny-la-Grande-Borne (Essonne), le programme « modèle » dû à l'architecte Émile Aillaud, où plusieurs centaines d'appartements demeuraient, au printemps 1976, désespérément inoccupés.
Anarchie
Ainsi se manifeste la faillite d'une politique qui, pourtant, avait prévu de répartir strictement un peu à la façon militaire, les différents types de logements en fonction des catégories sociales. « Selon la conception française du logement social, explique Robert Lion, plus le bénéficiaire est modeste, plus l'État subventionne son logement (c'est l'aide à la pierre). Pour les très pauvres, on crée donc un logement très aidé, dont on limite le coût, les surfaces et le confort. Pour les familles un peu moins démunies, on applique un autre financement, un peu moins subventionné, à un logement un peu moins étriqué. » Et ainsi de suite.