D'abord parce que le redressement constaté fin 1975 et début 1976 ainsi que l'augmentation continue des prix ne se sont pas traduits d'une façon évidente au niveau des résultats financiers. L'année 1975 aura été une année difficile pour la plupart des grandes firmes. Renault enregistrant ainsi le plus fort déficit de son histoire, tandis que Peugeot (ce modèle de gestion bourgeoise) rentrait à son tour dans le rouge et hésitait longuement avant de s'engager plus avant dans la reprise de Citroën. Pourtant, le 8 avril 1976, le constructeur de Sochaux décide de porter sa participation dans le capital de Citroën de 38 à 90 %.
Mais aussi parce que, sur un marché où la belle époque de la folle expansion n'est plus qu'un souvenir, la concurrence étrangère se fait plus âpre sur tous les fronts. Volkswagen, avec une gamme entièrement rajeunie, les Japonais, avec un mordant inlassable, et même les Américains, avec des petits modèles de style européen (comme la nouvelle mini Fiesta de Ford), font la vie dure aux constructeurs français.
L'auto, c'est certain, n'a pas complètement marqué le grand virage que la dureté des temps lui imposait. Il lui reste maintenant à disputer une redoutable course de fond où seuls les mieux armés seront à l'arrivée.
Le boom des exportations
12,2 % du total des exportations françaises (contre 10 % en 1974), un pactole de 27,3 milliards de F (en augmentation de 23,6 %), tels ont été les résultats inespérés de la branche automobile qui, en 1975, a battu tous ses records. Ces résultats, il faut le préciser, regroupent les ventes de voitures particulières et de poids lourds, ainsi que les éléments de voitures expédiés à l'étranger pour être montés sur place (petites-collections). Dans le même temps, les importations n'augmentaient que de 5,4 % (augmentation en nombre, mais l'augmentation en valeur atteignait 19,5 %, contre 16,4 % pour les voitures françaises) pour atteindre 11,3 milliards de F. Dès lors, le solde du commerce extérieur de la branche automobile atteignait 16 milliards de F. en accroissement de près de 5 milliards sur l'année précédente. À noter que ce succès a été obtenu grâce, pour l'essentiel, au secteur des poids lourds, où les importations reculaient de 14,3 % (1,8 milliard), tandis que les exportations s'élevaient de 51 % (4,3 milliards). Sur une plus longue période, le solde du commerce extérieur dépasse des deux tiers l'objectif fixé pour 1975, lors de la préparation du VIe Plan.
Mécanique
L'essor des exportations limite la chute de la production
Les industries françaises de la construction mécanique ont retrouvé, à partir des dernières semaines de 1975, un rythme de croissance satisfaisant. Cette amélioration s'est confirmée au cours du premier semestre de 1976 ; toutefois, la demande étrangère demeurait relativement faible.
Baisse
La mécanique (comme la plupart des industries) peut marquer l'année 1975 d'une pierre noire. Pour la première fois depuis trente ans, le volume de la production a diminué de 6 %. En valeur (chiffre d'affaires : 89 milliards de F), la production a progressé de 5,6 % par rapport à l'année précédente (en 1974, la production en volume s'était accrue de 2 % environ et de 20 % en valeur ; le chiffre d'affaires ayant atteint 84 milliards de F).
La mécanique fait relativement bon visage, si l'on rapproche ses résultats de ceux de la production industrielle nationale (diminution moyenne de 10 %) et de ceux qui ont été obtenus par la plupart de ses concurrentes étrangères (– 8 % en RFA ; – 12 % aux États-Unis ; – 15 % en Italie).
Les secteurs les plus touchés ont été ceux de la transformation des métaux (– 10 %), de la précision (– 7 %) et de l'équipement (– 6 %). Le secteur machinisme agricole a retrouvé une meilleure activité : dès l'été 1975, sa production a augmenté de 1 %.
Les succès obtenus à l'étranger ont permis à la mécanique de subir moins que d'autres industries les effets de la crise économique mondiale.
Le total des exportations a atteint 37,42 milliards de F, en progression de 24 % en valeur par rapport à 1974 et de 11 % en volume. Les ventes à l'étranger ont représenté 42 % du chiffre d'affaires total de la profession (36 % en 1974 et 30 % en 1973), résultats remarquables. Il y a quinze ans, la mécanique n'exportait que le cinquième de ses fabrications. Elle paraît être en mesure de parvenir à consolider ces performances.
Balance
La redistribution profonde des courants des échanges internationaux explique la forte progression des exportations de ce secteur. Cette nouvelle tendance lui a permis de s'adapter à une situation difficile et d'en parer les effets.