Les variétés, toujours appréciées du public, auraient besoin d'être renouvelées. On assiste, à la radio comme à la télévision, à un matraquage qui rejoint souvent la publicité clandestine. Le Syndicat français des artistes-interprètes s'était d'ailleurs ému de ce phénomène en juin 1975 ; il constatait, d'après une statistique portant sur les quatre premiers mois de l'année, que, « sur cent jours de programmes, apparaissaient mille passages de chansons, employant au maximum quatre cent cinquante artistes, soit environ dix titres par jour, trente minutes de chansons et cinq artistes différents par jour ».

Ce qui fait cruellement défaut à la télévision française, ce sont les dramatiques de création. La consultation régulière du plan des tournages de la SFP montre que le complexe technique des Buttes-Chaumont est de plus en plus utilisé pour le tournage de films du cinéma. Les accords cinéma-télévision ont si bien abouti que l'on a tourné, grâce à la SFP, une vingtaine de films de long métrage en 1975 et qu'une trentaine sont prévus pour 1976. Selon un accord de coproduction, intervenu en juillet, la SFP, FR3 et l'INA, devenus producteurs de cinéma, doivent destiner leurs films en priorité au cinéma. Ces films ne seront libres à la diffusion télévisée qu'après un délai de dix-huit mois. Selon cet accord, les techniciens des Buttes-Chaumont peuvent recevoir une carte professionnelle de technicien du cinéma. Mais on peut également se demander si la voie choisie ne comporte pas de gros risques pour la télévision nationale, réduite de plus en plus à un rôle de transmission, envahie trop souvent par des productions étrangères ou pseudoradiophoniques, tandis que ses propres moyens de production servent le cinéma.

La violence en question

La télévision favorise-t-elle le développement de l'agressivité ? Psychologues et sociologues, nombreux à étudier le problème, sont en désaccord. Les scènes de violence, pensent certains, peuvent conduire de jeunes spectateurs à la délinquance, d'autres considèrent qu'elles peuvent les libérer. Le débat est relancé lors de la diffusion aux Dossiers de l'écran, de L'étrangleur de Boston. Un groupe de travail, chargé d'étudier les problèmes de l'information et de la violence, est constitué, au début du mois de février, à la demande du Premier ministre. La direction en est confiée à Christian Chavanon, administrateur général de RTL. Parallèlement, la création d'un comité d'études sur les problèmes de la délinquance et de la criminalité est confiée à Alain Peyrefitte, le 20 avril 1976. Que se passe-t-il à l'étranger ? Les responsables des programmes de télévision, en Grande-Bretagne, évitent les scènes violentes avant 21 heures. Aux États-Unis, on a calculé qu'un adolescent qui termine ses études secondaires a passé 11 000 heures en classe et 15 000 devant un téléviseur. Les programmes lui auront permis d'assister à 18 000 scènes de meurtres et à d'innombrables méfaits. Depuis octobre 1975, la Commission fédérale des Télécommunications impose un horaire strict (de 20 h à 21 h) pendant lequel les programmes peuvent être vus par tous ; le dimanche, l'horaire est avancé d'une heure.

Radio

Une position renforcée

La preuve est maintenant faite : télévision et radio peuvent cohabiter sans se détruire l'une l'autre. Si l'écoute générale de la radio a légèrement baissé au cours du deuxième semestre 1975 (64,5 % contre 68,1 % au premier semestre), rien ne prouve que cette différence ait profité à la télévision. Il ne faut donc pas voir là un élément de relance de la guerre radio-télévision.

En revanche, la concurrence entre les stations de radio, elle, subsiste. Le sondage réalisé en novembre 1 975 par le Centre d'étude des supports de publicité (CESP) précise que RTL demeure la station la plus écoutée, avec 27,1 % de l'auditoire, devant Europe I (20,7 %), France-Inter (20,4 %) et Radio Monte-Carlo (7,9 %). Il est intéressant de constater que, pour la même période, les sondages établis par le Centre d'étude d'opinion conduisent à des résultats différents : du 3 au 17 novembre RTL aurait obtenu 22,6 % de l'audience générale, Europe I 21,9 %, France-Inter 21,7 % et RMC 10,2 %. Du 18 novembre au 2 décembre, RTL serait passé à 21,5 %, Europe I à 24 %, France-Inter à 23,1 % et RMC à 9,8 %.

Dynamisme

Quelles que soient les oscillations des courbes d'audience, une certitude est acquise : les radios sortent gagnantes de la crise. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les recettes publicitaires. Dans ce domaine, la radio a vaincu la télévision. Sur TF1 et A2, les recettes publicitaires n'ont progressé que de 14 % en 1975. Pendant ce temps, les radios commerciales se sont partagé un budget publicitaire de 600 millions de F, soit 17 % de plus qu'en 1974. RTL et Europe 1, les deux plus gros clients, auraient fait respectivement 230 et 210 millions de F de recettes, soit environ cent mille messages sur chaque antenne. RMC, qui partait avec un sérieux handicap, aurait fait une recette de 100 millions de F. On a calculé que les radios monopolisent, en 1975, 25 % des recettes publicitaires (ensemble des budgets destinés à la presse, à la télévision et à la radio), alors que ce chiffre était de 17 % en 1970.