En fait, aucun progrès n'a été réalisé ; les relations sont tendues par l'intention du Japon, encouragé par les Américains, de signer un traité de paix avec la Chine, ce que les Soviétiques interprètent comme une menace à leur encontre. Cette intention freine la conclusion du traité de paix avec l'URSS elle-même. Moscou dispose de divers moyens de pression, comme par exemple la restitution au Japon des Kouriles du Sud. L'Union soviétique veut éviter que le Japon ne renforce une coalition sino-américaine contrebalançant son influence en Asie.
Scandale
L'affaire Lockheed paralyse la vie politique intérieure au cours du deuxième trimestre 1976. Moins de deux ans après le Watergate japonais qui a provoqué la chute de Kakuei Tanaka (Journal de l'année 1974-75), son successeur Takéo Miki est en danger. Mais la menace vient de son propre parti, le PLD (parti libéral démocrate) au pouvoir.
Voulant faire toute la lumière sur l'affaire Lockheed, T. Miki risque d'y voir impliquées, de près ou de loin, d'importantes personnalités du PLD ; un proche collaborateur de K. Tanaka (qui s'est lui-même déclaré totalement étranger au scandale) y est déjà mêlé. Certaines factions du PLD veulent étouffer l'enquête de la commission parlementaire ; elles pensent que la démission de T. Miki, fidèle à son image d'homme probe, pourrait y contribuer.
Les remous de l'affaire Lockheed ne doivent pas faire oublier la ratification le 28 avril 1976, par la Chambre basse, du traité de non-prolifération nucléaire et surtout un jugement de la Cour suprême, le 14 avril, qui risque d'avoir d'importantes répercussions à terme.
Ce jugement porte sur un nouveau découpage des circonscriptions électorales, ou, plus exactement, sur une redistribution géographique des sièges des députés et des sénateurs. Ce découpage vise à adapter la représentation parlementaire à la nouvelle répartition de la population, conséquence des migrations intérieures. Il conduira à augmenter la représentativité des villes et à diminuer celle des campagnes, ce qui risque de favoriser l'opposition, prépondérante dans les grandes cités, alors que la campagne demeure conservatrice.
La date de l'entrée en vigueur de cette réforme n'est pas fixée, son application, par contre, ne fait aucun doute. Peut-être davantage encore que les scandales actuels, cette réforme constitue une menace contre le règne exclusif d'une droite au pouvoir depuis une trentaine d'années.
Kamikaze
Une quarantaine de personnalités auraient reçu des pots-devin et parmi elles Yoshio Kodama, homme d'affaires lié au milieu et surtout éminence grise de l'extrême droite. Y. Kodama, interrogé au début de mars 1976, est inculpé le 10 mai, soupçonné d'avoir reçu la bagatelle de plusieurs millions de dollars. La révélation du scandale a surtout irrité ses amis politiques, au point que, renouant avec la tradition des kamikazes, un jeune acteur de cinéma a voulu punir le traître à la cause nationaliste. Le front ceint d'une bande de coton blanc frappé du cercle rouge du soleil levant, il a précipité son avion, le 22 mars 1976, sur le domicile de Y. Kodama, en criant le traditionnel « Vive l'empereur ! » Le pilote est mort, Yoshio Kodama est toujours vivant.
Relance
Le nouveau ralentissement de l'activité en juillet 1975 amène le gouvernement à instituer en septembre un plan de relance, rendu possible par une baisse sensible de l'inflation (la hausse des prix de détail est cependant de 11,7 %). Cette relance s'est concrétisée par un accroissement des dépenses budgétaires en faveur des travaux publics, des branches industrielles franchissant plus ou moins bien le cap de la crise. Celle-ci frappe encore la construction navale (le Japon occupe le premier rang mondial), touchée par la réduction du commerce maritime international (affectant le transport du pétrole, notamment).
L'industrie automobile se porte bien, et, fait exceptionnel dans le monde des pays constructeurs, la production a encore progressé en 1975. Le Japon demeure le deuxième constructeur et le premier exportateur mondial, bien que les ventes à l'étranger représentent encore une part de la production bien inférieure à celle de la France ou de l'Allemagne fédérale, ce qui explique les efforts japonais sur le marché international.