Il est chargé de renouer le dialogue avec l'Église, dont les relations avec le régime se sont sensiblement détériorées sous la présidence Medici. La condamnation du P. François Jentel à dix ans de réclusion (mais libéré le 23 mai), la mise en résidence surveillée de Mgr Casaldaliga, évêque de São Felix, les arrestations de militants chrétiens à São Paulo, l'arrêt de la concession de Radio 9 juillet (la deuxième en puissance des 119 radios catholiques), le veto du président de la République aux articles du nouveau Statut de l'Indien reconnaissant aux missionnaires le droit d'évangélisation (interprétés par l'Église comme des mesures vexatoires) aggravent un climat déjà très tendu.

Aussi, le long entretien, en février, du général Golbery avec Dom Paulo Evaristo Arns, archevêque de São Paulo, suscite-t-il quelque espoir du côté des catholiques.

Essoufflement

Sur le plan économique, le taux d'expansion s'est maintenu à un niveau record pour l'année 1973 (+ 11,4 %). L'essor de l'industrie automobile, en particulier, est patent, comme le développement sidérurgique, grâce à l'aide du Japon. Un effort spectaculaire est lancé en faveur du développement technologique ; on intensifie la recherche pétrolière, en mer et en Amazonie, où se poursuit la construction de la Périmétrique Nord qui doit relier l'Atlantique à la frontière colombienne. L'offensive politico-économique vers l'Afrique est facilitée par l'attitude du nouveau gouvernement portugais.

Mais l'inflation reste très élevée (+ 20 % en 1973) et le déficit de la balance commerciale s'accentue. Enfin, la crise du secteur agricole entraîne une baisse du niveau de vie et dans certaines régions une menace de disette.

Chili

Santiago. 8 990 000. 12. 1,4 %.
Économie. PNB (71) 632. Production : G (70) 131 + A (*71) 115. Énerg. (*71) : 1 516. C.E. (70) : 18 %.
Transports. (*71) : 2 481 M pass./km, 2 718 M t/km. (70) : 176 100 + 149 700.  : 382 000 tjb. (*71) : 590 M pass./km.
Information. (71) : 122 quotidiens ; tirage global : 803 000. (70) : *1 400 000. (70) : *500 000. (71) : 258 100 fauteuils ; fréquentation : 47,3 M. (71) : 393 000.
Santé. (69) : 3 917. Mté inf. (69) : 87.
Éducation. (69). Prim. : 1 980 815. Sec. et techn. : 267 769. Sup. : 73 025.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1925. Coup d'État militaire du 11 septembre 1973, au cours duquel le président Salvador Allende trouve la mort. Une junte composée des représentants des trois armes et des carabiniers gouverne par décrets. Chef de la junte : Augusto Pinochet, qui prend le titre de Chef suprême de la nation, le 26 juin 1974. Une nouvelle Constitution est en préparation.

Les militaires s'installent dans la dictature

Trois ans et une semaine après l'arrivée au pouvoir de Salvador Allende, un coup d'État militaire met fin au régime d'unité populaire qui tentait d'instaurer « le socialisme par les voies légales ».

Au matin du 11 septembre, vers 8 heures, l'entourage du président Allende apprend l'entrée en action, à Valparaiso, de l'infanterie de marine, fer de lance des putschistes. La veille, le conseil des ministres a duré fort tard ; il a été longuement question des rumeurs qui circulent au sujet d'un soulèvement dans la marine.

Depuis plusieurs semaines le spectre d'une guerre civile hante à la fois les milieux politiques et la population. Le 29 juin 1973, une tentative de coup d'État a été mise en échec par le général Carlos Prats, ministre de la Défense et légaliste convaincu, après trois heures de combats. Et pourtant, ce 11 septembre, l'entrée en scène des militaires surprend d'une certaine manière tout le monde.

Le président gagne immédiatement son bureau. Il lance aussitôt un appel à la « mobilisation de la classe ouvrière ». Il ignore que les militaires contrôlent les principales villes de province et commencent à se déployer en cordons concentriques autour du palais de la Moneda.

Ultimatum

Des chars sont en position devant le palais présidentiel et des avions à réaction survolent la capitale. Les chefs de la junte adressent un ultimatum au président Allende ; ils lui intiment l'ordre de démissionner sans délai.