Cette tragédie apparaît lourde de conséquences. D'une part, elle rompt le pacte qui avait été noué sous le président Barrientos entre militaires et paysans. Ces paysans indiens (Quechuas et Aymaras), qui constituent 60 % de la population, se voient rejetés dans l'opposition et s'affirment décidés à prendre leur revanche. D'autre part, en s'en prenant violemment à une région considérée comme sûre, le général Banzer renforce les divergences au sein de l'armée ; par contre, il favorise le regroupement de ses adversaires en exil.

Au début de juin, un soulèvement militaire est déjoué à La Paz ; il est suivi de nombreuses arrestations et de destitutions d'officiers.

Pour tenter à la fois de détourner l'attention des problèmes internes et de mobiliser le pays sur un projet commun, le gouvernement lance alors la vieille idée du « retour à la mer ».

Brésil

Brasilia. 98 850 000. 12. 2,8 %.
Économie. PNB (70) 402. Production : G (70) 152 + A (*71) 136 + I (70) 167. Énerg. (*71) : 500. C.E. (70) : 8 %.
Transports. (*71) : 11 232 M pass./km, 17 358 M t/km. (70) : 2 324 300 + 696 200.  : 1 885 000 tjb. (*71) : 2 356 M pass./km.
Information. (69) : 257 quotidiens ; tirage global : 3 393 000. (71) : *5 800 000. (71) : *6 500 000. (67) : 1 911 200 fauteuils ; fréquentation : 234,7 M. (71) : 2 145 000.
Santé. (69) : 47 250.
Éducation. (69). Prim. : 12 294 343. Sec. et techn. : 3 629 375. Sup. : 346 824.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général Ernesto Geisel, élu le 15 janvier 1974 ; succède au président Garrastazu Medici.

La « continuité révolutionnaire » et l'ouverture

Le général Ernesto Geisel, désigné le 18 juin 1973 par le président Medici comme son successeur, doit attendre plus de six mois avant de voir son élection officialisée. Tandis que le Parlement et la classe politique en général sont pratiquement ignorés par le gouvernement, l'opposition tolérée du Mouvement démocratique brésilien (MDB) décide, en septembre, de présenter son président, Ulisses Guimaraes, comme anticandidat à la présidence de la République. Sans illusion sur ses chances de succès, mais avec pour objectif de faire connaître ses positions et d'ouvrir un débat public.

Succession

Le 15 janvier 1974, le général Geisel est proclamé pour cinq ans le quatrième président de la « révolution de 1964 », mais son entrée en fonctions devient effective le 15 mars.

Luthérien d'origine allemande, président de la compagnie pétrolière d'État Petrobas de 1969 à 1973, il est considéré comme un nationaliste modéré, un grand commis rigoriste et efficace. Héritier de la « continuité révolutionnaire », il déclare : « Une riposte exemplaire et rapide à toute velléité subversive ou à toute trace de corruption... contribuera à maintenir le climat de tranquillité, de stabilité sociale et d'ordre qui est une nécessité pour la marche en avant de notre pays. »

Quelques jours après son entrée en fonctions, de nombreuses arrestations ont lieu dans les milieux universitaires et catholiques de São Paulo et de Belo Horizonte. Un député de l'opposition, Francisco Pinto, est poursuivi pour offense au général Pinochet, chef de la junte chilienne.

Malgré des concessions aux pressions de la tendance dure des militaires, le président Geisel amorce une ouverture discrète en direction, notamment, du Parlement. La composition du nouveau gouvernement (du moins pour certains postes clefs) témoigne d'une volonté de rénovation. Le ministre des Finances, Delfim Neto (sa candidature au poste de gouverneur de São Paulo est écartée par le gouvernement) est remplacé par Mario Henrique Simonsen, 38 ans, professeur, banquier et animateur principal du Mouvement brésilien d'alphabétisation (Mobral). Le nouveau ministre de la Justice, Armand Falcao, annonce une réforme de la police, dont la corruption est illustrée par l'affaire de l'Escadron de la mort et de son chef, le commissaire Sergio Fleury, emprisonné en octobre et libéré trois mois plus tard. Les ministres de l'Éducation nationale et des Affaires étrangères, Ney Braga et Azevedo Da Silverra, passent eux aussi pour des hommes d'ouverture.

Dialogue

Le général Golbery Do Couto E Silva, « coordinateur du gouvernement », principal collaborateur du président, sorte de Premier ministre, ne passe guère pour être un libéral ; son influence, pourtant, pourrait être déterminante sur l'orientation du gouvernement.