Comme dans beaucoup d'autres régions, l'orientation et la formation professionnelles prennent une place prépondérante.

Picardie

Sombre tableau dressé en octobre 1970 par le service régional de l'INSEE : la région est sous-scolarisée, sous-qualifiée et son parc immobilier est médiocre :
– dans le domaine scolaire, 46 % des garçons de 15 à 19 ans poursuivent leurs études, contre 56 % pour l'ensemble de la France, et 50 % des filles, contre 61 % ; dans la tranche d'âge de 20 à 24 ans, 8 garçons et 7 filles sur 100 sont étudiants, contre 15 pour la moyenne nationale ;
– le taux d'activité est de 39 %, alors qu'il atteint 42 % pour la France. Cadres supérieurs et professions libérales sont moins nombreux en pourcentage que dans le reste du pays. En revanche, les ouvriers représentent 44 % de la population (38 % sur le plan national), mais 7 sur 10 ne sont pas assez qualifiés ;
– l'urbanisation est de 55,4 % (70 % pour l'ensemble de la France) et l'accroissement du nombre de logements a été de 23 % entre 1949 et 1969, contre 30 % nationalement. Un logement sur trois seulement possède à la fois l'eau courante, cuisine, WC intérieur, baignoire ou douche.

Pourtant, la croissance de la Picardie (97 000 personnes de plus entre 1962 et 1968) et la densité de sa population (81 habitants au km2) la placent au deuxième rang parmi les régions du Bassin parisien. Ce résultat n'est pas dû au taux élevé de natalité (la mortalité infantile est très forte), mais à l'immigration de travailleurs étrangers et de rapatriés d'Afrique du Nord.

Poitou-Charentes

Le tracé de l'autoroute A 10 Paris-Bordeaux déclenche les hostilités au sein d'une région paisible entre toutes.

Les premiers documents établis prévoyaient, pour cette autoroute à péage, qui doit arriver à Poitiers en 1975 et être poursuivie ensuite jusqu'à Bordeaux, un itinéraire jouxtant l'actuelle Nationale 10 et desservant notamment Ruffec (4 500 hab.) et l'agglomération d'Angoulême (92 000).

Mais, le 12 décembre 1970, la Coder choisit un autre tracé, plus long, mais permettant de desservir le littoral touristique et de passer à proximité de Niort (55 000 hab.), de Saint-Jean-d'Angely (10 500) et de Saintes (29 000). Cet itinéraire a aussi pour avantage d'être plus proche de La Rochelle (75 000 hab.), qui ne serait plus qu'à 63 km, au lieu de 136, de l'autoroute. Accueillie avec enthousiasme par les conseils généraux des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime, la décision de la Coder a provoqué l'explosion de la Charente : le 12 janvier 1971, près de 300 parlementaires, conseillers généraux ou maires du département participaient à une marche sur Poitiers et protestaient énergiquement à la préfecture, menaçant de faire sécession et de demander le rattachement de la Charente à l'Aquitaine.

Prudent, le ministre de l'Équipement répondait : « Le choix du tracé de l'autoroute entre Poitiers et Bordeaux n'a fait l'objet jusqu'ici d'aucune décision. Et cette section ne sera réalisée qu'au cours du VIIe Plan ». Sous-entendu : d'ici là, les passions auront le temps de s'apaiser. Et, aussi, les responsables régionaux s'habitueront peut-être à prendre eux-mêmes des décisions qu'il était plus facile de contester quand Paris décidait seul.

Provence-Côte d'Azur

Sophia Antipolis : sur le plateau de Valbonne, près d'Antibes, c'est le nom de la future cité internationale de recherches scientifiques et techniques dont les premiers travaux ont été entrepris en mai 1971. Et c'est aussi l'amorce du tournant que les Pouvoirs publics et les responsables locaux ont décidé pour une région traditionnellement vouée au tourisme.

Il s'agit d'implanter une activité industrielle noble, qui ne nuise pas à l'environnement et qui permette de résoudre les difficiles problèmes de l'emploi. Et, aussi, de répondre au désir des cadres du nord de la France et de l'Europe, pour qui le littoral méditerranéen constitue un attrait grandissant. Nice et Marseille sont, d'après une enquête réalisée par l'Institut de recherches et d'intervention en sciences sociales, les deux villes où le plus grand nombre de personnes souhaitent s'installer. Tandis que, selon l'IFOP, 45 % des cadres parisiens voudraient déménager en Provence-Côte d'Azur.