Bordeaux célèbre ses deux mille ans d'histoire par une exposition monumentale qui rend sensible l'évolution d'un site privilégié à travers l'extension topographique d'une cité, l'évolution historique et politique d'une région, la production plastique d'un groupe humain. Zone industrielle dès le bronze moyen (Hallebarde d'Eysine), la Burdigala gallo-romaine se veut une « petite Rome », tandis que la prospérité de l'Aquitaine anglaise (Sculptures de la cathédrale Saint-André) préfigure les ambitions de l'urbanisme moderne.

Lille ouvre son musée des Beaux-Arts aux bronzes de Bavai, la Bagacum augustéenne, capitale des Nerviens. Depuis vingt-cinq ans que se poursuivent les fouilles sur ce site abandonné depuis le Ve s., le catalogue des bronzes ne cesse de s'enrichir et de poser le problème du départ entre les œuvres des ateliers de Gaule et les importations italiennes. Copies savantes ou imitations maladroites révèlent la variété des influences, de la préciosité des figures hellénistiques au baroque des divinités isiaques.

Besançon fait exploser son vieux musée pour accueillir la donation de Georges Besson. L'architecte Louis Miquel a remarquablement tiré parti de l'espace qui lui était imparti (27 m × 27 m × 13 m) et a conçu une rampe douce de béton brut coupée de paliers discrets où l'étonnante collection moderne de l'amateur passionné rejoint les Fragonard, les Clouet, les Courbet, les Zurbaran pour faire du musée de Besançon l'un des plus riches de France.

À l'étranger

Alors que le Musée royal de Copenhague accueille la grande exposition Matisse, le Musée municipal de La Haye offre, avec trente-huit sculptures et quatorze dessins, un panorama exhaustif de l'œuvre de Brâncusi. Londres et le Royal Academy s'interrogent sur la Sécession de Vienne, illustrée par l'imagerie symbolique de Klimt, l'énergie rythmique de Schiele, l'habileté décorative des Wiener Werkstätte. Rome présente un bilan des années 60 en découvrant la Vitalité du négatif dans l'art italien : les espaces arborescents de Marotta, les programmateurs cinétiques du groupe T, les environnements de Castelli dénoncent l'aspect commercial et fabriqué d'un art qui se réfugie dans un univers non euclidien ou clans les marges du livre d'Agnetti, dont toute la partie imprimée a été évidée. Turin a présenté, grâce à son active association des Amis de l'Art contemporain (musée d'Art moderne, mars-mai 71), les manifestations essentielles du Cavalier bleu de sa vigueur originelle à son héritage affadi.

De l'Allemagne, plus que les rétrospectives Dali à Baden-Baden et Jacques Lipchitz à la Nationalgalerie de Berlin, on retiendra l'hommage que rend à Schwitters la Kunsthalle de Düsseldorf : ses collages et ses constructions « Merz » annoncent toutes les tentatives contemporaines pour faire jaillir l'art de la vie quotidienne. Hambourg a procédé à une présentation curieuse de l'Art dédalique et la Crète du VIIe s. av. J.-C. Brême accueille l'exposition itinérante de l'œuvre graphique d'Edward Munch et le musée des Beaux-Arts de Munich apporte à Klee une réhabilitation tardive. Mais l'événement essentiel reste la célébration de l'année Dürer, où les expositions en plein air de Nuremberg évoquent le souvenir de la femme de l'artiste vendant les dessins de son mari sur le marché.

Si les États-Unis se passionnent pour la sculpture « à grande échelle » et la beauté de l'acier « cor-ten », dont l'Étoile du Maryland de Lardera et l'Obélisque brisé de Barnett Newman s'affirment comme les chefs-d'œuvre les plus marquants, New York hésite entre la nostalgie de l'art monumental américain du XIXe s., que le National Trust for Historié Préservation propose, au Metropolitan, à la sauvegarde d'un public passionné de lampes Tiffany et d'entrées de métro parisiennes, et la vision futuriste de Paolo Soleri présentée par le Whitney Museum : la cité expérimentale d'Arcosanti dans l'Arizona n'est qu'une préface à la Babel moderne qui, sur 1 200 mètres de haut, rassemblera un demi-million d'habitants. L'Amérique semble osciller perpétuellement entre la reconstitution sensible d'un climat historique, comme dans la présentation des collections Stein au Muséum of Modem Art, et le rapprochement esthète d'œuvres aseptisées comme dans Cinquante Siècles de chefs-d'œuvre au Metropolitan Museum. La manifestation la plus réussie, pour commémorer le centenaire de ce musée, reste la magistrale présentation d'art pré-colombien, Avant Cortès, sculptures de l'Amérique centrale : plus de 300 pièces réparties en onze sections, des céramiques de Las Cebollas au serpent à plumes en porphyre vert du musée de l'Homme de Paris, témoignent de la richesse et de la complexité de cet ensemble culturel.

Ventes

Les collections Jean Pozzi, Georges Heine et D. David Weill, œuvres de qualité exceptionnelle, marquent, à Drouot et à Galliera, la saison des ventes aux enchères parisiennes, qui ont totalisé la somme de 240 000 000 F. Ce chiffre établi pour la période du 1er juillet 1970 au 30 juin 1971 est identique à celui de l'année précédente.

Tableaux anciens

La peinture ancienne de qualité devient de plus en plus rare dans le circuit commercial. Les dessins atteignent des prix élevés. Les amateurs se tournent aujourd'hui vers les compositions hiératiques des Primitifs et le dépouillement propre aux artistes du XVIIe siècle : l'Empire de Flore, de Simon Vouet, atteint 237 000 F à Drouot. Les peintures de fleurs sont toujours très recherchées pour leur caractère décoratif, d'où des cours parfois surcotés.