irradiation
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Exposition d'un organisme ou d'un matériau à des rayonnements ionisants, quelle qu'en soit la nature.
1. LES RAYONNEMENTS
Les rayonnements ionisants, ou radiations, sont les rayons X et les rayons gamma, semblables aux ondes radio, les rayons alpha constitués de deux protons et deux neutrons, les rayons bêta qui sont des électrons libres, mais ce peut être aussi des protons ou des neutrons, particules constitutives du noyau des atomes (→ radioactivité). Les doses de rayonnements reçues par les organismes vivants sont mesurées en sieverts (Sv) ou en millisieverts (mSv), bien que l’unité de mesure énergétique d’un rayonnement soit le gray.
Pour en savoir plus, voir l'article dosimétrie.
1.1. les expositions aux radiations
L’environnement présente une radioactivité naturelle due aux rayonnements cosmiques qui traversent l’atmosphère (un vol transatlantique aller-retour expose à 0,08 mSv), au rayonnement tellurique et surtout au radon, un gaz radioactif libéré par le sol. L’exposition moyenne est de 2 mSv par an sur la Terre (2,4 mSv en France), mais elle peut atteindre 200 fois cette dose dans certaines régions notamment quand le sol est granitique.
L’homme moderne est également exposé à des irradiations médicales (radiothérapie, radiographie, scintigraphie) ou industrielles qui représentent moins de 1 mSv par an. Les doses maximales admissibles chez les professionnels exposés sont fixées par la loi à 20 mSv par an et à 16 mSv par le Code du travail (article R231-76). L’irradiation accidentelle peut être externe (les rayonnements pénètrent par la peau) ou interne (ingestion ou inhalation de produits radioactifs, de poussières ou d’aliments contaminés).
1.2. les cas d'irradiations massives
Des irradiations massives de populations ont été provoquées par les explosions d’armes atomiques à Hiroshima et Nagasaki en août 1945, par celle de Bikini (un essai plus dangereux que prévu) en 1954, et par l’explosion du réacteur de la centrale de Tchernobyl en 1986. Depuis 1945, plus de 600 accidents aigus individuels en milieu industriel (centrales nucléaires, laboratoires) ou médical (surdosages de radiothérapie, incidents de manipulation) ont également été recensés. Ils ont provoqué 180 décès.
1.3. exposition lors de nuages radioactifs
Lors des accidents nucléaires de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima, suite au tsunami de 2011, des nuages contenant des particules radioactives se sont répandus dans l’atmosphère et ont diffusé sur l’ensemble de la planète. La dispersion de la radioactivité et les risques d’exposition qui en ont résulté en France sont les suivants :
Tchernobyl. Aux alentours de la centrale, les doses étaient de 100 Sv/kg sur des salades récoltées à 20 km du lieu. En France, dans la région du Mercantour, la plus touchée, les doses étaient de 4 mSv/an (soit, 1 millionième de sievert par semaine).
Fukushima. Les doses mesurées autour du réacteur 3 sont de 400 mSv. Les doses liées au nuage radioactif parvenu en France sont à peine détectables par les appareils actuels (elles sont de l’ordre du nanosievert, soit moins de 1 millionième de sievert).
1. 4. en temps normal
Pour mémoire, en temps normal l’homme s’expose à :
• 0,001 mSv par kilo de salade produite en France.
• 0,001 mSv par cigarette fumée.
• 0,002 mSv par an en vivant près d’une centrale nucléaire.
2. L'IRRADIATION AIGUË
2.1. selon la dose reçue
Les effets d’une irradiation aiguë dépendent de la dose reçue.
• Pour moins de 0,1 Sv aucun risque particulier n’a été noté, notamment chez les survivants des explosions de 1945. Le risque de cancer augmente peu à peu à partir de ce seuil.
• Autour de 0,5 Sv on n’observe pas d’effets immédiats, mais il existe un risque ultérieur de déficit immunitaire, de cancers ou de leucémies qui se déclarent parfois plus de 10 ans après l’irradiation, de stérilité, de cataracte, de malformations congénitales sur la descendance.
• À partir de 1 SV, la personne irradiée présente les premiers jours un « mal des rayons » : fatigue, maux de tête, nausées, rougeurs de la peau. Ces signes semblent s’amender dans les 2 semaines qui suivent, puis apparaissent – en plus de la fatigue persistante et de la perte d’appétit – des troubles sanguins (anémie, déficit en globules blancs), digestifs (vomissements, saignements multiples, ulcérations digestives), cutanés (rougeurs, chute des poils et des cheveux, ulcérations, plaies atones), pulmonaires (douleurs, insuffisance respiratoire), immunitaires (infections multiples). Cette phase dure de un mois à deux ans, pendant lesquels la moitié des victimes ayant reçu au moins 5 Sv décède malgré les soins.
• Au dessus de 8 Sv, les saignements digestifs mènent en quelques jours à une mort presque certaine.
• Au dessus de 20 Sv, l’irradié présente dès les premières heures des nausées, des vomissements, une diarrhée et des troubles nerveux (délire, convulsions, coma) qui conduisent rapidement à un décès inévitable.
• Au dessus de 40 Sv, la mort est presque instantanée.
2.2. les victimes de tchernobyl
En quelques jours, l’accident de Tchernobyl a fait 28 victimes d’irradiation aiguë. Les conséquences à long terme sont contestées : aux plus de 4 000 cancers mortels recensés parmi les 600 000 « liquidateurs » qui ont nettoyé et neutralisé le site, certaines associations évaluent à 60 000 le nombre de victimes dans les régions voisines (Ukraine, Biélorussie) et estiment qu’il pourrait à terme atteindre 200 000 alors que les experts prévoient à long terme environ 10 000 cancers liés à l’accident nucléaire.
En France, aucun décès n’a pu être rapporté directement au nuage radioactif qui a suivi l’explosion de la centrale.
3. IRRADIATION, THYROÏDE ET IODE
Les poussières et les fumées émises par un accident nucléaire contiennent divers éléments dont l’iode radioactif qui vient se fixer rapidement sur la thyroïde et peut y provoquer un cancer des années plus tard. Le risque est plus élevé chez les enfants et les jeunes adultes.
Pour éviter cette fixation, la méthode consiste à saturer la thyroïde en absorbant de fortes doses d’iode en comprimés dans les heures qui précèdent ou qui suivent une exposition avérée ou hautement probable. L’iode radioactif sera alors éliminé en quelques jours par les voies naturelles.
Il est inutile et dangereux de prendre de l’iode à titre préventif systématique. Le plus simple est de suivre les recommandations des pouvoirs publics, afin de prendre la bonne dose au bon moment.
4. ALIMENTS CONTAMINÉS
Dans les zones touchées par des retombées de poussières radioactives, toutes les plantes et les animaux sont contaminés pour une longue durée (il faut 30 ans pour que la moitié du césium 137 soit éliminée). Les aliments les plus touchés sont les légumes à feuilles (salades, épinards), le lait des vaches, brebis et chèvres qui ont brouté une herbe contaminée, et les champignons. Les eaux de ruissellement et les retombées en mer peuvent contaminer l’eau et les produits de la pêche le long des bandes côtières : poissons, fruits de mer.
Les mesures de radioactivité permettent de repérer et de retirer du marché agroalimentaire les aliments dangereux, mais il convient d’éviter les produits de cueillette, de ramassage ou issus de potagers dans les zones irradiées.
5. LA PROTECTION INDIVIDUELLE EN CAS D'ACCIDENT NUCLÉAIRE
Lorsqu’on est exposé aux radiations lors d’un accident nucléaire, il est conseillé :
• d’écouter la radio ou de suivre sur Internet les recommandations des autorités locales.
• d’enlever tous ses vêtements et chaussures si l’on a été exposé aux rayonnements à l’extérieur, de les déposer dans un sac fermé et stocké à distance avant d'entrer dans un local confiné, puis de prendre une douche savonneuse abondante afin d’éliminer un maximum de poussières radioactives.
• de rester confiné chez soi, au travail ou dans un abri clos, fenêtres et portes calfeutrées, ventilation et climatisation coupées, en attendant une évacuation organisée par les autorités.
Voir aussi :décontamination, ondes électromagnétiques [santé].