Tchernobyl

en ukrainien Tchornobyl

Accident de Tchernobyl
Accident de Tchernobyl

Localité d'Ukraine, sur le Pripiat, à son entrée dans la retenue de Kiev.

La catastrophe nucléaire de Tchernobyl

L’accident nucléaire survenu à la centrale de Tchernobyl le 26 avril 1986, à la suite de l’explosion de l’un de ses réacteurs, est le plus grave de l’histoire de l’industrie électronucléaire civil. Il est de niveau 7, le plus haut niveau de l'échelle internationale INES (International nuclear event scale).

1. Les caractéristiques de la centrale nucléaire de Tchernobyl

La centrale nucléaire de Tchernobyl est située à 130 km au nord de Kiev, en Ukraine (qui faisait partie de l’URSS jusqu’en 1991). Mise en service en 1977, elle comprenait en 1986 quatre réacteurs de type RBMK (Reaktor Bolchoi Mochtchnosti Kanalni) de 1 000 mégawatts électriques (MWe) et deux autres réacteurs du même type étaient en construction.

Ces réacteurs, construits uniquement dans l'ex-URSS en raison de leur vocation à produire du plutonium militaire, présentent différents points faibles, notamment l’utilisation de graphite (matériau inflammable à haute température) comme modérateur (pour ralentir les neutrons), un système d’arrêt d’urgence du réacteur très lent (20 secondes contre 0,5 secondes dans un réacteur à eau pressurisée classique), et une très grande instabilité à basse puissance.

En dépit de la gravité de l’accident, les trois autres réacteurs de la centrale ont été remis en route en 1987. L’arrêt définitif de la centrale n’a eu lieu que le 15 décembre 2000, sous la pression internationale. Une dizaine de réacteurs RBMK sont encore en service en Russie et un en Lituanie.

2. L'accident nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986

Le 25 avril 1986 au soir, le réacteur n° 4 (1 000 MWe), à uranium enrichi, refroidi à l'eau ordinaire, fait l'objet d’un test de sûreté. Une série de dysfonctionnements techniques et d'erreurs humaines vont déclencher la catastrophe. Le désastre commence lorsque les ingénieurs perdent le contrôle du réacteur à la suite d'une série de grossières erreurs de manipulation. Peu après, le 26 avril, à 1 h 23 min heure locale, au moment de l'introduction des barres de contrôle dans le réacteur pour effectuer le test, se produit une violente explosion, due à ce que les experts appellent une « excursion de réactivité ». La puissance du réacteur s'accroît de plus de 100 fois en quelques fractions de seconde ; une très forte déflagration arrache la dalle supérieure en béton de 450 tonnes qui protège le réacteur, projetant des débris à des centaines de mètres.

Le nuage radioactif. L'explosion ayant gravement endommagé son système de refroidissement, le réacteur prend feu, rejetant dans l'atmosphère, en quelques jours, sous forme de poussières, d'aérosols et de gaz, une quantité de radioactivité équivalente au total à celle d’au moins 200 bombes de type Hiroshima.

Le nuage radioactif s'étend en se diluant vers l'ouest-nord-ouest et fait en quelques mois le tour de l'hémisphère Nord. Les retombées radioactives (notamment les radio-isotopes hautement toxiques d'iode 131 et de césium 137) sont particulièrement importantes en Ukraine, en Biélorussie et dans les pays scandinaves.

Les « liquidateurs » et les évacuations. Sur le site de la centrale, les pompiers et les « liquidateurs » (militaires et travailleurs civils) tentent en vain de contenir la radioactivité qui s’échappe de la centrale : 1 800 missions héliportées larguent près de 5 000 tonnes de matériaux divers (carbure de bore, dolomite, argile, sable, plomb) du 27 avril au 2 mai. Mais toutes ces actions n'empêchent pas le réacteur de fondre et de s’enfoncer dans le sous-sol.

Parallèlement, au lendemain de la catastrophe, les autorités décrètent l'évacuation des populations résidant dans une zone de 30 km autour de la centrale, transformant ainsi la ville ukrainienne de Pripiat, où résidaient près de 50 000 personnes, pour la plupart des employés de la centrale de Tchernobyl et leurs familles, en une ville fantôme.

Le sarcophage de Tchernobyl. Devant l'ampleur de la catastrophe, il est rapidement décidé de construire un « sarcophage » (enveloppe de béton de 300 000 tonnes) autour du réacteur endommagé pour confiner les 190 tonnes de combustibles toujours en place. Ce travail titanesque est mené dans des conditions extrêmes pour les travailleurs qui sont exposés aux rayonnements ionisants hautement nocifs. De plus, la structure réalisée dans l’urgence n’est pas suffisamment étanche et nécessite l’ajout d’un second sarcophage. Les travaux de ce second sarcophage géant (une cloche de confinement haute de 108 mètres, longue de 162 mètres et d'un poids de 36 000 tonnes), démarrés avec retard en 2010, s’achèvent fin 2016.

3. Les conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl

3.1. Conséquences médicales et sanitaires de Tchernobyl

Il est très difficile de dresser un bilan des conséquences médicales et sanitaires de l’accident de Tchernobyl, d’une part en raison des types de pathologies liées à un accident nucléaire (cancers, leucémies…) dont les effets surviennent des années après l’exposition ; d’autre part, du fait de l’étendue des populations concernées par la catastrophe et du manque de moyens des différents États à mener les études épidémiologiques nécessaires (voir aussi → irradiation).

En 2006, soit 20 ans après la catastrophe, de nombreuses organisations internationales et des ONG ont tenté d'évaluer son impact sanitaire, environnemental et socio-économique. Ces études font apparaître d’importantes divergences, notamment en ce qui concerne le nombre de décès imputables à la radioactivité. Il est évident que la réalité est bien différente des chiffres officiels donnés par les autorités soviétiques dans les jours qui suivirent la catastrophe : 56 morts, 240 personnes gravement irradiées et 18 000 personnes hospitalisées. Le rapport réalisé en 2006 par diverses agences de l’Organisation des Nations unies (ONU) sous la houlette de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) faisait état notamment de 9 000 morts directement imputables à la radioactivité (90 000 selon Greenpeace).

Les populations qui ont été le plus touchées par les retombées radioactives sont les pompiers et exploitants présents sur le site le jour de la catastrophe (environ 600 personnes), qui ont reçus des doses mortelles de radioactivité, ainsi que les 600 000 liquidateurs envoyés de toute l'Union soviétique pour neutraliser le réacteur et enterrer les déchets contaminés.

Par ailleurs, selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de nombreuses études signalent des pathologies non cancéreuses : maladies cardio-vasculaires, déficits du système immunitaire, anomalies chromosomiques, effets sur la reproduction, etc.

3.2. Conséquences environnementales de Tchernobyl

Les retombées radioactives ont fortement contaminé les végétaux cultivés et les pâturages sur une superficie d'environ 200 000 km² (principalement en Ukraine, Biélorussie et Russie). La consommation de légumes verts et de lait frais a dû être interdite pendant plusieurs semaines en Europe centrale, surtout en Pologne et en Allemagne, ainsi qu'en Suède. Dans les zones arctiques, il a également fallu abattre plusieurs milliers de rennes dont la viande était devenue inconsommable, contaminée par les retombées de césium 137 (isotope radioactif de césium) sur les végétaux de la toundra broutés par ces animaux.

Dans la zone d’exclusion de 30 km autour de la centrale, on a pu observer des malformations génétiques et des troubles de la reproduction chez les animaux. À l'intérieur de ce périmètre, dans lequel il est interdit de résider, toute activité agricole ou sylvicole est interdite en raison de la pollution radioactive des sols, et cela pour une durée indéfinie. Toutefois, on constate que la biodiversité a été restaurée depuis 1995.

Par ailleurs, les eaux de surface des régions situées autour du site de Tchernobyl ont été fortement contaminées rendant les poissons de certains lacs impropres à la consommation, y compris en Scandinavie et en Allemagne et ce, pour plusieurs décennies.

3.3. Conséquences socio-économiques de Tchernobyl

L'évaluation du coût de la catastrophe de Tchernobyl est très complexe (plusieurs centaines de milliards d'euros) car il faut prendre en compte les dégâts directs, les coûts de réparation et de réhabilitation, les pertes de production agricole, forestière et industrielle, les indemnités aux victimes... Il apparaît donc impossible d'évaluer dans leur globalité le coût véritable et les conséquences environnementales et sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl.

Pour en savoir plus, voir les articles environnement, pollution, risque.