La dernière décennie et les premières années de la décennie actuelle ont été, par voie de conséquence, celles d'un déclin relatif. Privée du moteur de la croissance mondiale, le textile français a révélé son faible degré de compétitivité, dû en bonne partie à un sous-investissement notoire ainsi qu'au coût élevé de sa main-d'œuvre, non pas tellement en salaires qu'en charges salariales. Cette situation s'est traduite par des licenciements massifs, des fermetures d'usines, des faillites retentissantes, comme celle de Boussac-Saint-Frères, et, plus généralement, par la très faible profitabilité de ce qui reste du secteur. Sa modernisation, voulue et stimulée par les pouvoirs publics depuis deux ans, arrive un peu tard, car elle intervient dans une phase de ralentissement durable de l'économie mondiale et de regain des tendances protectionnistes.

Distribution

Une profession sous haute surveillance

L'annonce, au mois de juin, du blocage des prix, et les difficiles tractations qu'il a fallu mener pour en sortir : voilà les deux échéances qui ont marqué la vie du commerce pendant les six derniers mois de 1982. Autant dire que, au regard de ces événements, les autres péripéties vécues dans ce secteur perdent singulièrement du relief.

Certes, les professionnels ont assisté, en septembre, à la prise de contrôle de la Maison de la Redoute par Habitat France, et ils ont observé, un mois plus tard, l'association formée par Codec-Una et le groupe Novotel pour prendre en main les destinées de Jacques Borel International, un grand de l'hôtellerie et de la restauration. Ils ont également suivi avec intérêt les discussions menées entre partenaires du commerce et de la distribution au sein du CNPF, aboutissant au mois de septembre à un accord sur le délicat problème du crédit aux fournisseurs.

Enfin, les professionnels se sont réjoui d'apprendre que, d'après les premières estimations de l'INSEE, le cru 1982 ne se présentait pas si mal pour la distribution dans son ensemble : du 1er janvier au 1er octobre 1982, on comptait déjà un solde positif de plus de 3 000 établissements commerciaux (gros et détail) par rapport à la même période de 1981.

Bouc émissaire

Reste que la préoccupation majeure des distributeurs est demeurée centrée autour du problème des prix. L'annonce du blocage, le 13 juin, n'était pas pour les surprendre outre mesure, puisqu'ils s'inquiétaient depuis quelque temps déjà d'un insidieux retour au dirigisme de la part des pouvoirs publics (Journal de l'année 1981-82). Mais la pilule fut d'autant plus dure à avaler que le blocage des prix et des marges, à tous les stades de la distribution, s'accompagnait d'une hausse de la TVA (17,6 à 18,6 %), que les commerçants ne pouvaient répercuter. Les vives protestations de diverses instances professionnelles n'ont rien pu faire pour fléchir la détermination du gouvernement. Pis, alors que les services officiels relevaient un taux d'infractions somme toute mineur (de l'ordre de 4,7 %), le commerce eut le sentiment de jouer le rôle de bouc émissaire vis-à-vis de l'opinion, notamment lorsque certaines hausses illicites furent dénoncées avec force publicité par des associations de consommateurs.

Rien ne s'arrangeait à la fin octobre, lorsque l'on entreprit une laborieuse sortie du blocage. Le commerce se voyait infliger un traitement qu'il estimait particulièrement sévère : stabilisation des marges hors taxes en valeur relative, sans la possibilité de répercuter intégralement les hausses de prix des produits. « Le commerce est mortellement touché », commentait alors — un peu dramatiquement — le Conseil national du commerce, qui estimait que « ces mesures coûteront au seul commerce 6 à 8 milliards de F en 1983 ». Pourtant, les pouvoirs publics semblent décidés à poursuivre dans cette voie d'une distribution placée sous haute surveillance réglementaire. Preuve en est que le ministre du Commerce et de l'Artisanat, André Delelis, a officiellement annoncé, en fin d'année, le report — sine die ? — de la fameuse réforme de fond des circuits de distribution, qui aurait dû, en principe, être entreprise au cours de l'automne 1982.

Chimie

Fin d'une épopée

Peu de découvertes industrielles ont été aussi révolutionnaires que celle de l'utilisation des dérivés du pétrole, les plastiques et les fibres synthétiques notamment. Or l'explosion de la pétrochimie ne remonte qu'à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Elle paraissait éternelle. De fait, jusqu'en 1973, la chimie organique s'est développée à un rythme deux fois et demi plus rapide que l'industrie mondiale. Elle a eu, certes, ses hauts et ses bas. Chaque fois qu'une nouvelle unité, toujours plus grosse que la précédente, était mise en service, elle créait en effet une surcapacité mais la croissance ultérieure rétablissait providentiellement l'équilibre provisoirement rompu.