Si Renault est parvenu à tirer son épingle du jeu, il n'en va pas de même du groupe PSA (Peugeot, Talbot, Citroën), qui a encore reculé. Les deux groupes privés français ont cependant au moins un point commun en 1982 : ils perdent tous deux beaucoup d'argent, pour éviter le pire. Au cours des deux derniers mois de 1982, le redressement semble amorcé. Mais la chute a été telle que la pente sera, de toute évidence, longue à remonter.

Avec 2 056 428 voitures particulières vendues en 1982, le marché français progresse de 12,1 % par rapport à 1981 et dépasse de 4,1 % son record de 1979. Ces résultats sont d'autant plus remarquables que la France est le seul marché important où les ventes d'automobiles ont progressé. Partout ailleurs en Europe, aux États-Unis et même au Japon, les marchés ont chuté. Ce qui témoigne du goût toujours aussi vif des Français pour l'automobile.

Mais cet intérêt s'est porté soudainement de façon beaucoup plus accentuée vers les modèles étrangers, principalement d'origine allemande. Les importateurs, qui végétaient jusqu'en 1980 autour de 20 % de pénétration, franchissent en 1982 le cap des 30 %. Les constructeurs nationaux immatriculent 1 426 954 voitures (69,4 %) en 1982, soit 8,1 % de plus qu'en 1981, alors que les importateurs, avec 629 474 voitures vendues (30,6 %), font un bond de 22,2 %. Parmi eux, Ford réussi la plus belle performance et reprend la première place à VAG (marques Volkswagen et Audi), tandis que Fiat, grâce à une politique de prix agressive, réussit un retour fracassant.

Redressement

La France a produit 2 777 125 voitures en 1982, soit 6,3 % de plus qu'en 1981, ce qui traduit, compte tenu des grèves, qui ont fait perdre environ 100 000 voitures à l'industrie française, un redressement certain. En ajoutant les 308 056 voitures de marque française sortant des usines étrangères, la production globale (3 085 181) n'est plus supérieure que de 4 % à celle de 1981.

Mais la France a produit aussi 327 719 utilitaires légers de moins de 5 t de poids maximum autorisé (– 8,8 %) et 98 480 à l'étranger (+ 4,04 %), ainsi que 43 963 poids lourds de plus de 6 t (– 8,7 %), soit un total général de 3 555 343 véhicules en augmentation de 2,5 % sur 1981.

Le redressement modeste de la production a été obtenu grâce à un effort à l'exportation d'autant plus méritoire que les principaux marchés clients de la France étaient très déprimés et que les conditions monétaires étaient défavorables. L'augmentation de 5 % des exportations est donc un résultat remarquable, car la concurrence a été particulièrement rude sur des marchés européens.

Protectionnisme

Cette année très sombre pour l'automobile dans le monde a été marquée par un regain des protectionnismes. C'est ainsi qu'aux États-Unis une loi a été votée par la Chambre des représentants — contre l'avis du gouvernement — visant à obliger les importateurs étrangers à fabriquer aux États-Unis une part des voitures proportionnelle à l'importance de leurs ventes : de 10 % de la valeur pour 100 000 voitures à 90 % pour 900 000 voitures vendues. Loi exclusivement antijaponaise puisque aucun importateur direct européen ne franchit la barre des 100 000 voitures. Bloqués sur la plupart des marchés européens, les Japonais s'en inquiètent et proposent des offres de coopération à tout le monde.

Renault n'est pas concerné par ce regain de protectionnisme aux États-Unis. Les ventes de l'Alliance — version américaine de la R9, construite à Kenosha par American Motors — ont démarré le 26 septembre, et cette voiture reçoit le prix américain de la meilleure voiture de l'année. En trois mois, 30 000 Alliance sont vendues, chiffre supérieur aux prévisions. Au terme de cette année difficile, la France garde de bons atouts.

Bâtiment

Une pénurie durable de logements

La décennie écoulée révèle une croissance de la construction, avec des mises en chantier annuelles qui culminent en 1973 à 550 000 pour retomber ensuite à moins de 350 000 en 1982 et, probablement, pas davantage en 1983.

Réduction

L'importante activité du bâtiment au cours des années 1970-1973 prolonge en fait la courbe de la décennie précédente, témoignant de l'important effort des pouvoirs publics pour satisfaire des besoins démographiques croissants : jeunes ménages issus du baby-boom de l'après-guerre, rapatriés des anciennes colonies, flux de travailleurs immigrés, exode rural.