Productions

Énergie

Le marché échappe à la tutelle de l'OPEP

1973-1983 : dix ans qui ont changé la face du monde de l'énergie.

Le premier choc pétrolier (à la suite de la guerre d'octobre 1973) avait fait quadrupler le prix du brut, déclenché la crise économique mondiale de 1974-75 et provoqué, pour la première fois dans l'histoire, une baisse de la consommation de pétrole.

À peine avait-on digéré cette crise que la révolution iranienne (février 1979) puis la guerre Iran-Iraq provoquaient un nouveau bond des prix. Mais, cette fois, les pays consommateurs ont réussi — en raison à la fois du progrès technique et de la stagnation économique — à contenir leurs besoins de pétrole : en 1982, le monde a consommé 2 756 millions de t de brut, soit moins qu'en 1973.

L'offre, même réduite, suffit à la demande, et la tendance n'est plus à la hausse des prix. L'effondrement de l'OPEP, le cartel des producteurs de pétrole qui avait orchestré les deux chocs pétroliers, est désormais probable.

Cet effondrement est préfiguré par la contraction des tonnages produits par l'OPEP : ceux-ci sont tombés de 55 % de la production mondiale en 1973 à 40 % en 1981, et moins encore en 1982. Les pays consommateurs commencent d'échapper à la dépendance dans laquelle les tenait le cartel, grâce notamment au développement de la production dans des pays qui n'en font pas partie, tels la Grande-Bretagne, le Canada, le Mexique, l'Égypte, la Norvège.

La France, pour sa part, a mené une politique efficace pour alléger sa dépendance vis-à-vis du pétrole. Par des économies — on estime à 27,5 millions de TEP la consommation évitée grâce aux progrès effectués dans l'utilisation de l'énergie — et le recours à d'autres sources d'énergie, gaz naturel et par énergie nucléaire.

Électronique

Restructuration des grands groupes français

Deux événements marquent, en 1982, l'industrie française de l'électronique. Le premier, c'est l'accord négocié entre Thomson et Grundig pour le rachat de l'entreprise allemande par le groupe français. Le second, c'est l'annonce par la CII-Honeywell Bull d'un énième plan de restructuration destiné à remettre à flot le champion français de l'informatique.

D'abord l'affaire Thomson-Grundig. À l'origine, il y a la constatation que la France occupe une position relativement modeste en matière d'électronique grand public. Du fait, à la fois, de l'insuffisance de ses efforts dans ce domaine et de la vivacité de la concurrence internationale, elle n'exporte que le cinquième de sa production et importe, en revanche, près de la moitié de sa consommation.

Pour certains produits, comme les magnétophones, les magnétoscopes ou les chaînes hi-fi, la France est même complètement dépendante de l'étranger, du Japon, notamment. D'où le mot d'ordre de reconquête du marché intérieur lancé par le gouvernement et, dans une même optique, la décision prise en novembre 1982 par Michel Jobert, ministre du Commerce extérieur, de limiter les importations de magnétoscopes en concentrant à Poitiers les opérations de dédouanement.

C'est Thomson qui est chargé de relever le défi, avec pour objectif de figurer — avec le Hollandais Philips — parmi les deux ou trois groupes européens capables de résister aux Japonais. Dans le passé, Thomson a déjà essayé de développer ses moyens en reprenant deux firmes allemandes d'électronique : Nordmende et Dual. Mais ce n'est pas suffisant, car il lui faut encore doubler sa taille pour espérer conserver ses atouts industriels et renouveler sa technologie. C'est dire que le souhait manifesté par Max Grundig — 74 ans — de vendre sa firme constitue pour Thomson une opportunité miraculeuse.

De fait, le 18 novembre, un accord est conclu aux termes duquel la famille Grundig céderait à Thomson 75 % de son capital, le quart restant continuant d'appartenir à Philips qui, consulté, ne s'est pas opposé au projet. Comme Grundig détient environ 25 % du marché allemand de l'électronique grand public (et 7 % du marché français de la télévision) et que Thomson détient le tiers du marché français (et 17 % du marché allemand de la télévision), l'ensemble Grundig-Thomson représenterait une force considérable.