Si ce panorama semble rassurant pour les producteurs de céréales et d'oléagineux, il n'en a pas été de même pour les produits tropicaux. En particulier, les perspectives pour les boissons (café, cacao, thé) demeurent sombres en raison des excédents d'offre difficiles à résorber.

En ce qui concerne les relations entre les États-Unis et l'Europe, elles apparaissent toujours aussi conflictuelles et tendues que par le passé. L'affrontement concerne l'écoulement des produits sur le marché mondial. Fin octobre, les États-Unis ont présenté dans le cadre du GATT un plan de libéralisation des échanges et de suppression des subventions aux exportateurs ainsi que des aides intérieures à l'agriculture. Pour l'Europe, ce plan remet en cause, à long terme, sa position exportatrice sur les marchés mondiaux.

Gilbert Rullière

Distribution

L'internationalisation de la distribution amorcée les années précédentes s'est poursuivie et même accélérée en 1989. Sur le marché européen, la grande distribution s'est montrée plus agressive. En outre, des chaînes comme Benetton, Laura Ashley, Ikea, Vendex International, Casino, Promodes, Auchan, Carrefour, Continent, Docks de France, Le Printemps ont essayé de prendre pied de l'autre côté de l'Atlantique. En revanche, des firmes américaines comme Sears, Safoway, Woolworth, J.C. Penney n'ont pas bien réussi leur implantation européenne.

Cette internationalisation s'explique d'abord par la saturation des marchés nationaux (même si, en France, les grandes enseignes continuent d'ouvrir des hypermarchés), ensuite par la meilleure connaissance des comportements et des attentes des clientèles étrangères (avec comme conséquence l'homogénéisation de la consommation d'un pays à l'autre), par le développement du commerce international et l'ouverture des marchés sur l'extérieur (ce qui encourage l'exportation des capitaux et du savoir-faire commercial), et enfin par les progrès technologiques dans les systèmes de transport et de communication.

Par ailleurs, les grandes surfaces de vente distribuent de plus en plus de produits en dehors de l'épicerie : textile, outillage, électroménager, informatique, produits parapharmaceutiques. Carrefour France s'essaie à la vente d'automobiles, à l'assurance et même aux placements financiers. De leur côté, les grandes surfaces spécialisées n'hésitent pas à se lancer à l'assaut de l'audiovisuel, de l'électronique, du meuble et du textile. Souvent intégrées dans la nébuleuse d'un grand groupe (alliance Carrefour-Castorama ou Auchan-Boulanger), elles renforcent ainsi le pouvoir de négociation des grandes centrales d'achat afin d'obtenir des fournisseurs des prix avantageux.

Gilbert Rullière

Épargne

Les Français ne consacrent plus que 12 % de leur revenu disponible à l'épargne (contre 20,5 % en 1978). Ils les répartissent entre le logement (9,6 % contre 12,5 % en 1978) et l'épargne financière (2,4 % contre 8 % en 1978). La politique de rigueur salariale et la montée des prélèvements obligatoires (épargne forcée), comme l'endettement croissant (épargne négative) des ménages expliquent cette régression. Celle des placements liquides (en particulier, du livret A, dont les retraits dépassent les dépôts), comme le développement de l'assurance vie et des valeurs mobilières se confirment, même si la tendance au rééquilibrage, amorcée en 1988, se poursuit avec l'investissement en logement qui repart, le goût plus prononcé pour l'épargne liquide (épargne logement) et le comportement plus prudent à la Bourse (obligations).

Les OPCVM (Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières), qui rassemblent les SICAV et les FCP, sont particulièrement dynamiques : d'abord, parce que l'État assouplit leur réglementation ; ensuite, parce que les petits porteurs sont encouragés ou contraints par la libération des courtages le 1er juillet à passer par de tels organismes ; enfin, parce que la commercialisation des SICAV et des FCP est entièrement libre dans la CEE depuis le 1er octobre.

Les revenus de l'épargne sont particulièrement favorisés tant pour redonner le goût du « bas de laine » que pour éviter les fuites de capitaux lors de la libéralisation des marchés prévue en Europe pour le 1er juillet 1990. Les deux mesures les plus importantes concernent la baisse de l'impôt sur les revenus d'obligation jusqu'à 15 % (au lieu de 25 % à 32 %) et la présentation, le 19 juillet, du Plan d'épargne populaire (PEP) – défiscalisé –, qui remplacera le PER à partir de janvier 1990 et dont l'objectif est de favoriser l'épargne longue nécessaire à l'investissement et disponible lors de la retraite.