L'harmonisation de la fiscalité constitue l'une des tâches les plus délicates. Le 8 février, la Commission avait proposé une retenue à la source de 15 % sur les revenus de l'épargne. Déjà critiqué par le Luxembourg et par le Royaume-Uni, ce projet a été complètement remis en cause le 27 avril. Ce jour-là, afin de donner satisfaction à son nouveau ministre des Finances, le chrétien-social Theo Waigel, Helmut Kohl a suspendu, à partir du 1er juillet, la retenue à la source de 10 % sur les revenus des obligations, qui avait été instituée le 1er janvier. Depuis, les ministres des Finances de la Communauté ont renoncé à établir un taux commun d'imposition sur l'épargne et ont laborieusement progressé vers un compromis sur la TVA. L'indiscipline des États, dont les mesures nationales ignorent souvent la loi européenne, menace même la constitution communautaire.

Dans leurs relations avec les États-Unis, les Douze ont marqué un point : le 7 avril, lors de la réunion du GATT, le gouvernement américain a renoncé à leur imposer une suppression totale des subventions aux exportations agricoles.

Au-delà de ces durs marchandages, les événements survenus en Europe de l'Est ont incité les pays de la CEE à soutenir « le processus de réforme en cours » en Pologne et en Hongrie. Le 16 juillet, les sept pays les plus industrialisés ont donc confié à la Commission la mission de coordonner l'aide occidentale à ces deux pays ; l'un des buts de cette aide étant « de transformer et d'ouvrir durablement leurs économies ».

Adopté en juillet par les Douze, un programme de secours alimentaire à la Pologne de l'ordre de 130 millions d'écus a été appliqué à partir de la fin août. Le 19 septembre, la CEE a signé avec Varsovie un accord commercial qui prévoit l'élimination avant 1994 de presque toutes les restrictions quantitatives aux exportations polonaises vers la Communauté. Le 5 octobre, les Douze ont décidé d'affecter en 1990 une somme de 200 millions d'écus à l'aide en faveur de la Pologne et de la Hongrie. Ces deux États recevront en outre 100 millions d'écus, prélevés sur les budgets nationaux des pays de la CEE.

Laurent Leblond

Finances internationales

Après le mini krach du vendredi 13 octobre (guère comparable à celui du 19 octobre 1987), le système financier international ne semble pas avoir perdu de sa fragilité, héritée des années passées. Plusieurs facteurs liés au contexte général de l'économie mondiale et surtout à la situation de l'économie américaine ont mis à rude épreuve la stabilité des grandes places boursières.

En premier lieu, depuis le krach du 19 octobre 1987, rien n'a vraiment changé en ce qui concerne la gravité des déficits jumeaux (twin déficits) américains ; ils se sont réduits, mais restent préoccupants. D'un côté, malgré le couperet aveugle de la loi Gramm Rudman (qui réduit arbitrairement la progression des dépenses publiques), le déficit budgétaire se maintient encore à un niveau élevé (221 milliards de dollars en 1986, 149, 155 et 161 milliards les trois années suivantes) ; on pense même qu'il atteindra encore ou dépassera 116 milliards de dollars au début de 1990. Son financement (émission de bons du Trésor) contribue à maintenir les taux d'intérêt à un niveau élevé.

D'un autre côté, si le déficit commercial tend à diminuer, il n'en subsiste pas moins, et continue d'accroître l'endettement extérieur qui atteint plus d'un demi-milliard de dollars. En effet, malgré la baisse du dollar, les exportations plafonnent (en raison du déclin du secteur industriel) alors que les importations progressent (à cause de l'expansion de l'économie américaine et du relèvement de la consommation intérieure sous l'action des crédits de trésorerie).

Dans ces conditions, il est peu vraisemblable que le déficit puisse baisser davantage. Pour le financer, les États-Unis devront donc continuer à émettre des obligations auprès des pays étrangers, ce qui devrait impliquer la montée du dollar et le maintien des taux d'intérêt à un niveau suffisamment élevé pour qu'il soit possible d'attirer les capitaux extérieurs (surtout européens et plus récemment japonais).